TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 3 juin 2013

Jeunes : va-t-on me couper les ailes ?

Jeunes : va-t-on me couper les ailes ?


La France fait rêver. La preuve : elle est la première destination du tourisme mondial. Mais la France fait-elle toujours rêver les Français ? La plupart d'entre eux l'admirent mais, ainsi que de nombreux touristes, peut-être la voient-ils d'abord comme un musée. Un musée qui ne suffit pas à susciter l'enthousiasme des Français. Ceux-ci seraient plus déprimés que jamais et beaucoup de jeunes s'en vont à l'étranger. Ces départs inquiètent car ce sont les plus audacieux qui s'en vont. Cependant, cette émigration a aussi du bon car elle contribue à diffuser l'image de la France qui ne connaît pratiquement pas de diaspora.
Mais pourquoi ce pessimisme s'est-il répandu ainsi ces derniers temps ? Peut-être parce qu'on se pose des questions et que l'on fait des constats : pourrais-je réaliser des choses extraordinaires en France ? Va-t-on me couper les ailes ? Réussir est mal perçu dans ce pays ! S'enrichir, plus mal encore ! Plus que de prôner le dynamisme, on y vante la prudence. Le principe de précaution étend le soupçon sur les innovations et les freine, voire les suspend. Alors, elles s'asphyxient et meurent. On ne parle que de protection. Quant à l'avenir, si l'on y pense, c'est pour savoir si l'on aura une retraite acceptable.
Tout cela est plutôt décourageant pour un jeune de vingt ans « qui en veut », comme on dit. Alors plutôt que de se comporter comme un vieillard avant l'âge, beaucoup de ces jeunes qui « osent » vont chercher à appliquer leurs talents ailleurs : bonjour le Canada, l'Australie, Hong Kong et tant de ces villes et de ces pays fascinants. Ces jeunes qui partent ont raison de vouloir aller de l'avant, alors que notre pays ne sait pas les accueillir comme ils le sont ailleurs.
Des idées, du dynamisme, de l'audace
Le mathématicien Cédric Villani, auteur du Théorème vivant, s'interrogeait récemment sur la question de savoir comment naissent les idées, ces petites graines qui germent et se développent par un travail solitaire mais grâce aussi à de multiples interactions. Il signalait plusieurs ingrédients nécessaires à l'éclosion des idées et à leur concrétisation : la documentation qui a pris un rythme et une ampleur nouvelle grâce à l'électronique ; la motivation qui sort de l'immobilisme ; l'environnement propice qui fait partager, donner et recevoir ; la communication qui relie les cerveaux ; les contraintes qui suscitent effort et imagination ; le travail et l'intuition, la persévérance, et la chance si l'on sait rebondir sur elle. Voilà ce qu'on ne devrait cesser de se dire et d'enseigner plutôt que de recommander constamment la précaution. Reconnaissons, hélas, que nous en sommes loin.
Un exemple : il est, paraît-il, question de limiter dans le temps le régime (récemment mis en place) de l'auto-entrepreneur qui gênerait les artisans au lieu de faire bénéficier ces derniers des facilités qu'il offre. Ce régime, selon un point de vue publié dans le journal Les Échos, des 24 et 25 mai 2013, représente 56 % de la création des entreprises en France. Il crée 5 milliards d'euros de PIB par an, rapporte plus de 1 milliard dans les caisses de l'État
75 % de ceux qui ont choisi ce régime déclarent qu'ils n'auraient jamais créé d'activité sans son existence. Et voici que l'on va de nouveau, en supprimant le régime en question, ligoter ceux qui commençaient à être délivrés de multiples entraves réglementaires. Voilà comment on tue les idées en France. Voilà comment on fait partir les jeunes. Voilà comment on sclérose un pays car ainsi on décourage, on développe le pessimisme et la passivité. On assassine l'esprit d'entreprise.

0 commentaires: