TOUT EST DIT

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lundi 3 juin 2013

François Hollande tiendra-t-il jusqu’en 2017 ?


Chômage et récession s'installent durablement. Quand la fumée se dissipera, on verra le monarque républicain nu. François Hollande a autrefois transformé le Parti socialiste en une sorte de nouvelle SFIO ; il fabrique désormais une quatrième République avec ce qu'il reste de la cinquième. En sera-t-il le dernier président avant la chute finale ? Extrait de "L'enfumeur".
Lui-Président court le risque, trop longtemps évoqué avec des haussements d’épaule à gauche, en cas d’aggravation de la récession et de troubles incontrôlés, d’être emporté par une crise politique majeure. Ce n’est bien sûr qu’une hypothèse. Peu y croyaient en mai 2012. Mais elle ne peut désormais être écartée au regard de la rapidité de la dégradation de la situation française mais également d’un contexte européen totalement volatil.
La tache française

Si le pire n’est jamais sûr, le président va au moins vers de très grosses difficultés. Le principal allié de Hollande a pour nom Charles de Gaulle. Il a légué à la Ve République les institutions aptes à faire face aux crises les plus graves. Le président élu en 2012 a en théorie encore quatre ans devant lui, sachant toutefois que ses préoccupations politiciennes lui feront craindre au plus haut point les échéances électorales intermédiaires, notamment les municipales de mars 2014.
Un grave revers à ces élections serait un facteur de fragilité important pour Hollande car le parti socialiste est une sorte de syndicat d’élus locaux et que son impopularité parmi les troupes serait vive. D’ores et déjà, le sort de Jean-Marc Ayrault paraît scellé, la seule question étant de savoir s’il sera sacrifié avant ou après la future débâcle municipale.
Les aubrystes, hamonistes et, hors du PS, mélenchoniens et autres communistes, l’attendent au tournant. Une crise économique grave et durable aurait inéluctablement pour conséquence une défection parmi ses députés. Pas de quoi forcément perdre la majorité à l’Assemblée, mais on ne sait jamais si une sorte de « front du refus » se forme entre la droite et l’extrême-gauche.
Cette hypothèse peut paraître farfelue, jusqu’au jour où elle ne l’est plus. Dès mars 2013, certains députés de l’aile gauche du PS, Lienemann ou Guedj par exemple, ont défilé avec la CGT et FO contre la loi dite de modernisation sociale présentée par les fumigateurs. Pascal Cherki, député de Paris, a surenchéri peu après en déclarant que Hollande se comportait plus en conseiller général qu’en chef de l’État. Quelques jours plus tard, il déclarait que Mélenchon avait sa place au gouvernement36. Et l’ectoplasmique Harlem Désir, mis à la tête du parti pour ne gêner personne, est incapable de faire régner le moindre début de discipline.
La gêne des députés et des sénateurs a viré à la fronde quand l’Enfumeur, pour dévier les tirs qui fusaient sur lui en raison du scandale Cahuzac, a lancé une vaste entreprise de diversion sous forme de grand déballage national des patrimoines des uns et des autres.
Si même votre voisin sait ce que vous avez en dépôt sur le moindre compte bancaire ou la valeur à laquelle vous déclarez votre appartement, il ne fera plus bon être parlementaire en France ! Les socialistes détiennent 313 sièges à l’Assemblée. Le Front de gauche et Europe Écologie les Verts respectivement 10 et 19. La droite dispose de 214 députés, le front national 3, tout comme le Modem de François Bayrou. Bref, le PS a 313 sièges et les autres, tous confondus, 249. Le basculement de 33 députés socialistes aboutirait à un renversement possible du gouvernement. On comprend mieux pourquoi Hollande a voulu éviter de compliquer la donne avec les législatives partielles qu’aurait pu provoquer l’adoption immédiate du non-cumul des mandats. Dites 33 et l’on saura si vous êtes malade. François Hollande n’est en réalité vraiment protégé que par le legs gaulliste. Mais, si malgré lui il sombre, cet héritage aussi sera dilapidé. D’un tempérament et d’habitudes politiques qui fleurent bon la IVe République, il aura réussi à la réintroduire dans les institutions pourtant apparemment inébranlables de la Ve.
Bien que Bayrou soit certainement très tenté par un scénario d’ouverture et d’union nationale, ses troupes sont de toute façon trop clairsemées pour pouvoir jouer les supplétifs utiles. Et l’hypothèse d’un scénario « noir » avec des émeutes en banlieue, des manifestations qui tournent mal et un pouvoir qui panique n’est pas non plus à écarter. Après tout, c’est une grande tradition de la social-démocratie que de faire tirer sur la foule. Elle s’y résigne avec plus de facilité que la droite.
La présidence de Hollande entraînerait alors la Ve République vers le fond, le pédalo coulant à pic.
 Extrait de "L'enfumeur" (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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