TOUT EST DIT

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jeudi 20 juin 2013

Les Français ont les élus qu'ils méritent !


Dix députés - de gauche et de droite - lancent un appel dansLe Nouvel Observateur pour abolir leurs propres privilèges. Cette démarche vous laisse sceptique. Votre parti pris : les Français ont les élus qu'ils méritent ! Qu'est-ce que vous entendez par là ?
Depuis l'affaire Cahuzac, on assiste à une surenchère de puritanisme politique. C'est à qui sera le plus vertueux, le plus irréprochable - et cela accrédite l'idée que le Parlement serait le lieu de tous les trafics, prébendes et influences. Disons-le : oui, les parlementaires ont des avantages, en partie abusifs, mais non, leurs mandats ne sont pas des sinécures et ils ne font pas fortune. Surtout, ne laissons pas croire que les retards de la France seraient le fait des élus : ils ne sont ni plus ni moins honnêtes que leurs électeurs. Ils ne sont pas des prix de vertu ? Les Français non plus.
Vous ne pensez pas qu'il nous faudrait une classe politique exemplaire, des élus qui soient justement plus irréprochables que les citoyens qui les élisent ?
Peut-être que ce serait un idéal - je n'en suis même pas sûr. On parle souvent d'une crise de la représentativité ; en fait, nos élus nous ressemblent plus qu'on ne le dit. Les Français sont des champions de la fraude fiscale, de l'incivilité routière et du travail au noir : nos représentants ne sont pas tous des saints. On ne leur demande pas d'être parfaits, mais de respecter les lois (c'est le minimum) et de servir l'intérêt général. Selon ce critère, il y a, dans les propositions de ces 10 députés, celles qui vont dans le bon sens (sur les retraites, la réserve parlementaire), et d'autres, moins.
Est-ce que vous diriez, comme Claude Bartolone, président de l'Assemblée, que ces députés veulent "se faire une réputation sur le dos des autres" ?
Ce qui est transparent, c'est qu'ils ont voulu faire un coup. Beaucoup de leurs propositions ont déjà été soumises au Parlement et repoussées - les 10 députés sont 10 dépités... Olivier Faure a publié son patrimoine, il voudrait que ce soit obligatoire - c'est idiot, car la transparence n'est pas un gage de vérité ; le patrimoine des élus ne pas doit être divulgué mais contrôlé. Bruno Le Maire veut obliger les fonctionnaires élus à quitter la fonction publique, mais alors il faut interdire l'exercice de tous les métiers (et c'est la marche forcée vers la professionnalisation de la politique, dont les Français ont raison de se méfier). Et Jérôme Guedj veut fiscaliser les frais de mandat pour éviter les abus, mais ça revient à augmenter le traitement des députés et sans plus de contrôle puisque chacun dépense son argent comme il veut... Ce sont de nobles causes, mais qui auraient des conséquences discutables...
Est-ce qu'on peut dire que le projet de loi sur la transparence de la vie politique, qui est examiné en ce moment à l'Assemblée, va assez loin ?
Il marque des progrès : la création d'un organe de contrôle, dont il faudra surveiller qu'il a les moyens suffisants, et la déclaration d'intérêts, qui, elle, sera publiée pour s'assurer que les élus ne sont pas liés à des groupes privés qui pourraient les influencer. Mais par rapport à l'ambition de départ, le texte sera forcément décevant : François Hollande l'avait voulu maximaliste (pour effacer l'affaire Cahuzac) et les députés l'ont préféré minimaliste (pour éviter le "tous pourris"). Donc c'était une loi de diversion qui aura connu... deux versions.

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