lundi 22 avril 2013
La fracture du mariage
La fracture du mariage
On savait la France difficile à réformer. La longue bataille du
mariage pour tous en a apporté une nouvelle preuve. Il est vrai que la
question du mariage homosexuel est un sujet sensible. François Hollande
et sa majorité le savaient, mais ils n’avaient sûrement pas idée de
l’opposition qu’ils allaient rencontrer.
À cette occasion, la
France a renoué avec les polémiques qu’elle avait connues à propos des
projets de loi sur la légalisation de la pilule ou de l’avortement. La
gauche ne pensait pas que dans un pays où les églises se vident,
l’opposition serait aussi dure. Erreur. Une grande partie de la société
française reste fidèle à l’image traditionnelle de la famille. De là à
faire de ces opposants une foule d’homophobes déchaînés, il y a une
marge. À l’opposé, faire des homosexuels désireux de se marier ou
d’avoir des enfants de dangereux pervers est tout aussi excessif.
De
petites phrases en provocations, le débat démocratique a dégénéré pour
tourner à la foire d’empoigne. Les manifestations de ces derniers jours
reflètent un inquiétant malaise. Les opposants sont désormais débordés
par de petits groupes extrémistes. Ceux-ci ne défendent qu’une cause :
l’affaiblissement de la République – « la gueuse », comme l’avaient
surnommée leurs ancêtres fascistes.
Il n’est pas sûr non plus que
certains députés de l’opposition se soient conduits de manière parfaite
l’autre nuit à l’Assemblée. Le sourire imbécile d’un collaborateur
ministériel ne méritait pas un tel abaissement de l’image du Parlement.
La
longueur de ce débat n’aura pas été un gage de sérénité. Les Français
ont bien d’autres soucis en tête que de voir l’attention des élus
focalisée sur une réforme sociétale, certes importante, mais pas au
point de faire passer au second plan les problèmes économiques qui
touchent au cœur de la vie quotidienne.
Au final, la France sort
de cette affaire plus divisée que jamais et la République n’est pas
franchement apaisée. La droite a paru débordée par sa base, et
quelquefois obligée de donner des gages dans la surenchère. La gauche a
remporté une victoire à la Pyrrhus. La réforme est votée, mais au prix
d’une fracture profonde de la société.
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