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jeudi 25 avril 2013

La Chine, dossier délicat pour Hollande

La Chine, dossier délicat pour Hollande


Tout indique que le prochain voyage à Pékin du président de la République a été préparé avec la lucidité et le pragmatisme qui conviennent. Mais le moins que l’on puisse dire est que la rencontre avec les autorités chinoises sera plus difficile encore qu’elle ne l’a jamais été. 

Le problème vient d’abord, bien sûr, de la différence croissante des situations : la Chine est devenue la deuxième puissance économique du monde et s’engage de plus en plus dans une rivalité mondiale avec les États- Unis, alors que l’économie française stagne et que la politique de Paris se concentre autour de l’Europe et de l’Afrique. Là n’est pas, pourtant, le plus grave : en effet, son influence en Europe fait de la France l’un des principaux propriétaires d’un marché européen dont l’économie chinoise a un besoin décisif, au moment où son dynamisme exportateur s’affaiblit. En bonne logique, cette réalité pourrait inspirer un de ces « donnant-donnant » qui sont de règle dans la diplomatie.

La difficulté est que les trois dernières décennies des relations franco-chinoises ont dessiné une tout autre habitude. Alors que le général de Gaulle avait d’emblée placé la relation Paris-Pékin sous le signe d’un réalisme parfois brutal, les gouvernements français se sont satisfaits, ensuite, de l’excellence supposée des relations bilatérales qui satisfaisait leur vanité, tandis que l’offensive commerciale de Pékin déboulait librement en Europe. Le résultat est qu’à coups de discours rituels et de contrats subventionnés, le commerce franco-chinois n’a cessé de se déséquilibrer, que la France ne figure plus depuis des années dans les dix premiers partenaires commerciaux de la Chine et que sa langue n’y est plus guère enseignée. En outre, dans le même temps où l’économie française baissait de rythme, la diplomatie inconstante de Nicolas Sarkozy a suscité des sarcasmes à Pékin. Quand un Premier ministre chinois se rend en Europe, il s’arrête toujours à Berlin, parfois à Londres, bien moins souvent à Paris. Les diplomates de Pékin daubent sur le « déclin » de la France et les journaux chinois font la chronique impitoyable des faux pas commis par les socialistes français. 

À quelque chose malheur est bon : il est temps, et il est possible de relancer la relation franco-chinoise en s’inspirant des rares, mais brillantes exceptions qu’elle abrite. Dans l’économie, par exemple, les industries du luxe ont brillamment relayé le nucléaire et tiennent le premier rang. Dans certains secteurs de haute technologie, des entreprises se sont taillé une place brillante. Il faut analyser et diffuser ces succès et, bien sûr, les protéger contre l’espionnage industriel dont la Chine abuse. Enfin, il est temps de militer sérieusement pour une politique européenne qui négocierait plus sévèrement l’entrée des produits chinois. 

Mais l’essentiel est de changer d’état d’esprit. En Chine comme en France, l’époque des grands discours est passée, ce sont les performances économiques et la fermeté politique qui comptent. Il est encore temps de négocier en nous appuyant sur nos zones de force : là est, avec ce pays comme tant d’autres, la condition du développement de l’amitié.

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