TOUT EST DIT

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lundi 18 février 2013

Tesson, en attendant Nicolas Sarkozy...

Il ne parle pas, et pourtant, on n'entend que lui ! Philippe Tesson explique les conditions de l'éventuel retour de l'ancien président.

Toute la semaine dernière, la rumeur Sarkozy a enflé. La rumeur Sarkozy, appelons-la ainsi, c'est-a-dire le bruit confus répandu par certains proches de l'ancien président autour de ses dispositions d'esprit concernant son retour au pouvoir, de ses intentions vraies ou fausses, de ses tentations. Et puis le soufflé retombe, et le silence se fera, et à intervalles réguliers le feu reprendra, et ainsi de suite. Le moment est encore loin d'être venu pour Nicolas Sarkozyde se déclarer, mais il est important pour ses amis d'entretenir sans relâche sa mémoire, comme il est important pour lui de feindre la distance avec les vanités de ce monde. Cette indifférence dont il lui faut donner l'image doit lui être insupportable, lui pour qui le silence est une torture.
Alain Juppé évoquait récemment à propos de l'ancien président son "envie" de se représenter en 2017. Qui en doute un instant ? Mais l'envie est à l'acte ce que la coupe est aux lèvres. Il y a trop de vigueur chez Sarkozy pour qu'il ne soit jamais blasé, trop d'orgueil pour qu'il ignore la revanche, trop d'assurance de soi pour qu'il se résigne. Cependant, les traverses qui jalonnent le chemin du pouvoir dans les quatre années à venir sont trop nombreuses pour qu'il affiche aujourd'hui son ambition. Le bon sens élémentaire le condamne à l'effacement et la tactique élémentaire à laisser planer le doute le plus longtemps possible. La question n'est pas celle de son envie, elle est celle des obstacles qui contrarient son envie.

Il ne suffit pas qu'une politique soit médiocre

Le premier de ces obstacles échappe, à l'évidence, à sa volonté : c'est la sanction que les faits apporteront à la politique de François Hollande. Mis en perspective, le bilan de la première année du mandat de l'actuel président ouvre tous les espoirs à Nicolas Sarkozy. Mais toute perspective est aléatoire, surtout à l'échéance de quatre années. Et il ne suffit pas qu'une politique soit médiocre, il faut en démocratie qu'à cette médiocrité soit opposée une alternative, celle-ci devant être alimentée par une lecture critique continue de l'action gouvernementale, assortie de contre-propositions constantes et publiques. Tel n'est pas le cas aujourd'hui.
La faiblesse de Nicolas Sarkozy est à cet égard dans sa solitude. Sauf à penser que le jour venu il apparaîtrait comme un recours, comparable à ce que fut de Gaulle en 1958, hypothèse incertaine, l'avenir de Sarkozy repose sur une réaccréditation de sa légitimité. Cette condition dépend d'une assise populaire et des moyens de la développer. L'assise est là, s'il est vrai que 67 % des électeurs de droite souhaitent son retour. Encore faut-il renforcer ce pourcentage et convertir une partie des 62 % des Français qui ne le souhaitent pas.

Il faudra que Sarkozy sorte de son silence

Ce sont les moyens qui font défaut à Sarkozy, les relais, et au premier chef un soutien structurel. Cela pose le problème de l'UMP, second obstacle et non le moindre qu'il a à affronter. Paradoxalement, il a besoin de l'UMP et il ne trouvera pas dans l'UMP l'appui souhaitable. Non seulement, en effet, l'UMP a perdu de sa crédibilité, mais ses leaders sont en concurrence avec lui. Se soumettront-ils jamais au leadership que son passé légitime ? Et le voit-on, lui, accepter un jour la procédure des primaires ?
Pour toutes ces raisons, il semble nécessaire qu'à moyen terme Sarkozy sorte du silence auquel l'oblige pour l'instant son statut de président sortant en rupture de fait avec le parti politique qui lui assurait la majorité durant son mandat. On comprend qu'il attende l'échéance électorale municipale pour se tenir à l'écart du jeu. Mais c'est dès cette échéance survenue qu'il devra pour le moins faire entendre sa voix. Celle-ci fait défaut en effet au sein d'une opposition discréditée dont il est le leader légitime et qui, lorsqu'elle était majorité, ne l'a pas soutenu comme elle le devait lors de l'élection présidentielle de 2012. La revanche de Nicolas Sarkozy, ce n'est pas seulement sur la gauche qu'il devra la prendre en 2017, mais également sur la droite. 

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