TOUT EST DIT

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lundi 25 février 2013

Municipales à Paris: la guerre des bobos?

La campagne municipale débute, et je ne résiste pas à la question: Paris a-t-il changé depuis 30 ans que j'y vis? Réponse: énormément. Le visage de la rue parisienne n'est pas ce qu'il était en 1983. Voyez alors les rues de New York sur 30 ans: peu de changement. Les avenues de Manhattan ont certes des allées pour autobus, mais l'on n'y verra qu'une poignée de bicyclettes, et ce à toute heure hors week-end.

À Paris le Vélib, il faut le rappeler, a quasiment doublé le nombre de vélos dans la rue. En quelques semaines, la place du cycliste fut acquise. Sans être parfaite, cette place est à mille lieues de celle de 1983, lorsque le cycliste solitaire passait pour un téméraire absolu, un adepte du risque! Fouillez vos souvenirs, ou regardez un film de cette époque. Le deux-roues anthromobiles (mot que j'invente pour l'occasion) sont rarissimes, excentriques, surannés, et parfaitement dangereux. Seuls les vélos de course se frayaient un chemin respectable sur la voirie. Cette situation reste encore le cas à Manhattan.
Si c'est bien Bertrand Delanoë qui a osé le Vélib, introduit massivement et du jour au lendemain, le 15 juillet 2007, n'oublions pas que Jean Tiberi avant lui avait introduit les premières pistes cyclables sur le boulevard Richard-Lenoir notamment. Ces pistes partiellement délimitées par des plots en plastique blanc, qui se faisaient arracher régulièrement par les voitures, au point de vite disparaître. Il fallut les réinstaller. Les piétons stationnaient souvent dans ces pistes avant de traverser, et les cyclistes, plus nombreux déjà en ces années 1990, sonnaient frénétiquement pour obtenir le passage. Toujours est-il que Tiberi ouvrit la danse du vélo, que Delanoë la paracheva massivement en multipliant pistes, contresens cyclables, et voies sur le trottoir en partage avec les piétons. Je passe par-dessus Autolib, trop jeune pour être jugé, mais qui n'est même pas imaginé dans le New York qui constitue LA RÉFÉRENCE obsessionnelle de trop de Parisiens, trop de Français. Mais pas de votre serviteur ex-new-yorkais.
Oui, et il y a le tramway. On aime, on n'aime pas, c'est quand même une nouveauté radicale dans Paris, la capitale mondiale avec, ne l'oublions pas, une densité de stations de métro record au km2! Là aussi, Delanoë. Au fait, le maire sortant a créé la culture bobo, "bourgeois-bohême", expression utilisée par Balzac en son temps. Je suis bobo, je crois, et pourquoi en avoir honte? Vélib, tram, métro, café en terrasse, expos, nouilles japonaises, raviolis chinois, plats du terroir réel ou imaginaire de France, voilà quelques marqueurs de la bobo-itude, que le maire lui-même n'aime pas trop assumer. Une légère hostilité envers l'automobile -- disont auto-sceptique. Nuit blanche, Paris Plage, jardins écologiques, culture homo, logement social (qui ne s'applique pas principalement aux gros des troupes boboes, mais qui suscite l'admiration), Nouvel An chinois (la droite en son temps avait commencé à s'y intéresser, et Tiberi s'y est pointé et je l'y ai attrappé avec mon microphone de journaliste), citoyennetés d'honneur au Dalaï Lama et à une foule de dissidents à l'autre bout du monde...
Bref, qui d'Anne Hidalgo ou de NKM sera la parisienne la plus tendance? La grande bataille de l'image commence. Et aucune des candidates n'ira dire qu'elle est bobo, boboe, bobette, et ira probablement nier cette évidence qui n'a rien, au fond, d'infamant. Un bon quart des Parisiens, indéniablement bobos, devront méditer cette frayeur de leurs candidates.

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