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mercredi 20 février 2013

Mali : une guerre juste ?

Mali : une guerre juste ?


Alors que la France vient de connaître son 2e soldat tué au Mali, cette intervention militaire nous ramène à une question qui se pose depuis l'Antiquité : qu'est-ce qu'une guerre juste ? Au XIIIe siècle, Saint-Thomas-d'Aquin pensait qu'une guerre pouvait être qualifiée de juste à trois conditions : relever de la puissance publique, être guidée par une cause juste (causa justa) et viser le triomphe du bien commun (intentio recta). Pour le penseur catholique, la légitimité passait donc avant la légalité de la guerre, cette deuxième notion s'imposant plus tard avec l'invention de l'État moderne et du droit international.

L'intervention militaire au Mali réunit sans nul doute de forts éléments de légitimité. Le principal était d'empêcher que les groupes armés contrôlant le nord investissent la capitale, Bamako, et imposent une loi islamique refusée par la majorité des Maliens. Le repli des groupes islamistes a été aussi le moyen de stopper l'exil des populations locales et de protéger les sanctuaires musulmans menacés de destruction par les salafistes. Enfin, la protection de 6 000 ressortissants français, résidant pour la plupart à Bamako, est également un objectif légitime de la part d'un État.
La légalité de l'intervention militaire française, au regard du droit international public, est plus contestable. Malgré le soutien quasi unanime que la France a reçu des grands pays de ce monde, la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l'Onu autorisait l'intervention « d'une force internationale, sous conduite africaine, afin de rétablir la souveraineté malienne sur l'ensemble du territoire ». De même, la Charte des Nations Unies ne prévoit aucun dispositif déployé par un État contre l'agression des groupes rebelles dans un autre État. Enfin, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, qui a fait appel à Paris, est arrivé au pouvoir en 2012 à la suite d'un coup d'État.
Définir une véritable stratégie de long terme
Dès lors, l'intervention française permet de souligner plusieurs caractéristiques des relations internationales contemporaines. D'une part, la légitimité est devenue le critère essentiel de jugement des guerres. Les partisans de la suprématie du droit international objecteront que cette situation n'est pas satisfaisante, car tout État peut donc se prévaloir de la légitimité (critère politique subjectif) pour user de la force. Deuxième remarque : le droit international ne sait toujours pas comment encadrer la réaction aux agressions de groupes armés qui ne sont pas des États. La Charte des Nations Unies est l'héritage d'une histoire où la guerre se faisait quasi exclusivement entre États. Or, la réalité de 2013 est tout autre : de plus en plus de guerres sont menées soit par des groupes armés à l'intérieur même des États, soit par des acteurs transnationaux, comme les groupes terroristes.
Reste à espérer que l'intervention française au Mali n'ait pas été simplement un acte chirurgical visant à éviter que les djihadistes s'emparent de Bamako. La France n'a guère d'autre choix que d'inscrire son action dans un scénario d'établissement d'une paix durable. Pour ce faire, elle doit définir une véritable stratégie de long terme destinée à sécuriser la région sahélienne. Il serait préférable que les autres Européens y travaillent avec elle.

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