TOUT EST DIT

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mercredi 20 février 2013

Hollande en Grèce : marqué par l'austérité, le président tente de se refaire une image


François Hollande est-il encore le symbole de la relance économique, de l'Europe de la croissance, de l’opposition à la rigueur allemande? Affecté parl'adoption d'un budget européen marqué du sceau de l'austérité, ainsi que par desprévisions de croissance française à la baisse, le président tente ce mardi 19 février de se refaire une santé et une image loin de ses bases. Et quelle meilleure destination que la Grèce pour soigner une réputation de défenseur des plus faibles...
Le chef de l'Etat s'est rendu ce mardi à Athènes pour adresser "un message de confiance et de soutien" à ce pays aujourd'hui convalescent après avoir échappé à une sortie de la zone euro, au prix d'une cure d'austérité budgétaire sans précédent. C'est surtout une façon pour lui de mesurer sa popularité, après les manifestations anti-Merkel organisées lors de la venue de la chancelière allemande, en octobre dernier (voir diaporama plus bas). Mais certainement pas de venir concrètement en aide aux Grecs, qui bien que soutenus par la France, ont assisté impuissants à l'adoption d'un budget européen en baisse pour la première fois de son histoire. Un accord pas vraiment à l'avantage des pro-européens...
Il faut de la croissance, sinon je me fâche tout vert.
Et voilà qu'on reprend les accents de la campagne présidentielle
Que reste-il en effet de l'Europe de la croissance dont le candidat Hollande s'était fait le porte-étendard lors des premiers mois de son quinquennat? Pas grand chose malgré ce que veut faire croire Hollande à ses amis grecs. Le président français a tenté de tordre le cou à ce fait en reprenant ses vieux thèmes de campagne dans la presse locale: "Des mesures de soutien à la croissance sont indispensables (ndlr: à la Grèce) Je refuse une Europe qui condamnerait les pays à une austérité sans fin", a-t-il insisté dans les colonnes d'un journal.
Un discours qui peine à passer, tant les arguments pro-austérité d'Angela Merkel et David Cameron ont trouvé des échos dans la négociation du budget de l'UE.
De nombreuses personnalités partisanes d'une Europe plus ambitieuse avaient déjà fustigé le "compromis" que la France avait elle-même jugé "bon". Selon Daniel Cohn-Bendit, coprésident du groupe écologiste au Parlement européen, "ce budget est rétrograde, conservateur, et perpétue les erreurs des budgets européens sans vision de l'Europe. Il ne correspond pas à la nécessité de relancer l'économie par l'Europe".
Athènes est un partenaire de choix pour se faire bien voir
La visite diplomatique en Grèce tombe donc à pic, histoire de redonner du corps à la posture européenne du nouveau président français. Côté grec, cette visite doit réaffirmer l'alignement des deux capitales en faveur de la relance, après "l'aide importante" apportée par François Hollande "dans le combat difficile de la Grèce pour rester dans le noyau de l'Europe", a indiqué une source gouvernementale. Hollande s'était toujours positionné en faveur d'un maintien de la Grèce dans la zone euro, ce qu'il avait réaffirmé en août dernier, lors de la visite à Paris du Premier ministre, Antonis Samaras.
Le porte-parole du gouvernement grec, Simos Kedikoglou, a du coup exprimé sa colère contre un appel à la grève mardi de la centrale syndicale des journalistes, y voyant une "tentative de faire disparaître" la visite de François Hollande. Il s'agira désormais d'observer l'accueil que les Grecs réserveront au chef d'Etat français... Un Hollande applaudi n'aura pas les mêmes effets qu'un président hué, notamment dans le débat franco-français.
Car le gouvernement a résolument pris le virage de la rigueur, rendu obligatoire par une révision de croissance à la baisse qui semble s'engager pour 2013. "On va être obligés de la revoir en baisse", a confirmé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius mardi matin sur RTL. La prévision gouvernementale de croissance du PIB français pour 2013, actuellement de +0,8%, devrait être abaissée, sans doute aux alentours de +0,2% ou +0,3%.
Les Français se préparent à de nouvelles coupes
Le gouvernement avait déjà laissé entendre la semaine dernière que l'objectif affiché d'arriver à une croissance de 0,8% en 2013 était inatteignable, de même que celui de ramener le déficit de la France à 3% du PIB dès la fin de cette année. "Nous ne serons pas exactement, je pense, aux 3% en 2013, pour une raison simple, c’est que la croissance en France, en Europe et dans le monde, est plus faible que prévu", a déclaré Jean-Marc Ayrault le 13 février sur France 3.
La France devrait se préparer à de nouveaux moments difficiles. D'où l'intérêt d'aller se refaire une santé en Grèce et de redonner une tonalité pleine d'espérance à ses discours.
En France, plusieurs pistes sont d'ores et déjà envisagées, comme la fiscalisation des allocations familiales, afin d'augmenter les recettes de l'Etat, ou une désindexation des retraites par rapport à l'inflation. Les retraités pourraient ainsi mettre la main à la poche, comme le laisse entendre Le Monde, qui a annoncé une nouvelle réforme du système des pensions dès cette année.
Selon le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, un demi-point de moins de croissance représenterait "neuf à dix milliards" d'euros en moins. Il faudra donc, d'une façon ou d'une autre, compenser ce manque à gagner...

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