TOUT EST DIT

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samedi 9 février 2013

Les dirigeants des moyennes entreprises jugent sévèrement François Hollande

Yann Le Galès
auteur de ces lignes.
Thierry Denjean, président du cabinet d'audit et d'expertise comptable Denjean & Associés commente les résultats d'une étude sur la manière dont les dirigeants des moyennes et grandes entreprises perçoivent les mesures Hollande. Les entrepreneurs jugent très sévèrement la politique fiscale du gouvernement. Cette étude a été réalisée durant les mois de novembre, décembre 2012 et janvier 2013 par la société d’études EPSY. 200 responsables d'entreprises employant de 50 à 2 000 salariés et plus ont été interrogés par téléphone sur rendez-vous. 
Fiscalité des entreprises: 58.1% des dirigeants estiment que ces mesures ne sont pas justifiées. 69.1% les jugent inquiétantes. L'inquiétude croit en fonction de la taille et du chiffre d'affaires réalisé. 71.5% des dirigeants estiment que ces mesures sont de nature à décourager l'entrepreneuriat 

La grande majorité juge la politique conduite est éloignée des intérêts de l'entreprise, voire de l'entrepreneuriat. Au lieu d'inciter les dirigeants à se mobiliser sur des objectifs positifs, elle les conduit à se polariser sur les moyens leur permettant d'éviter la rigueur de ces mesures. 

Parmi ces moyens d'évitement, les délocalisations deviennent un outil. « L’incidence sur l’entrepreneuriat est important : nous observons dans notre clientèle de fonds d’investissement, de jeunes sociétés localisées à Londres, Pékin, Dublin qui autrefois auraient démarré à Paris chez un incubateur et que nous ne découvrons que plus tard, lors de leur levée de fonds », explique Thierry Denjean. 

Les dirigeants d'entreprise estiment que continuer à produire en France est un acte patriotique (89.6%) qu'il est impératif de ne pas pénaliser. 

Les mesures Hollande vont avoir pour conséquence de pénaliser les rémunérations des employés et celle des cadres dirigeants, de modifier les intentions d'embauche, d'amplifier les restructurations envisagées.  

La suppression des heures supplémentaires concerne 68.4% des dirigeants interrogés. Les conséquences directes de cette décision sont la modification des politiques de rémunération (28.1%), la révision des accords d'intéressements (12.3%) et la compensation par une augmentation des avantages en nature (5.2%) Il y aura toutefois des embauches pour compenser  la baisse des heures supplémentaires (18.4%).  
Ces résultats traduisent une tendance à la baisse de la rémunération.  

L'alourdissement de la fiscalité sur le travail concerne 51% des dirigeants interrogés. Cette mesure va limiter l'embauche de cadres étrangers (7.8%), entraîner une répartition des rémunérations sur plusieurs pays (13.6%), inciter les cadres dirigeants à s'expatrier (9.5%). 9,7% ,des dirigeants réfléchissent à une délocalisation.  
L'alourdissement de la fiscalité du travail va conduire environ 10% des entreprises à modifier la gestion de leurs cadres de direction.  

La taxation du capital au même niveau que le coût du travail va inciter environ 25% des entrepreneurs à modifier leur politique de rémunération et à faire évoluer leur structure capitalistique et de management. A la recherche de compétitivité est substituée la recherche d'une fiscalité moindre ! 

L'emploi devrait être la grande victime du niveau actuel du coût du travail (38.4%). Le niveau de taxation conduirait à la délocalisation (externalisation) de certains départements (38.4%), au changement de positionnement produit (20.4%) qui peut avoir également des effets en matière d'emploi et de localisation de production, voire d'abandon de l'activité en France (17.7%). 8.% des dirigeants entameraient une démarche de cession de leur outil de production.

 La délocalisation: 91.5% des entreprises n'ont encore rien délocalisé. 7.% ont délocalisé une partie de leur activité et 1.5% une partie de leur management de direction. Le processus de délocalisation demande pour un dirigeant sur deux au maximum un an. 
Pour les autres, c'est plus long. 4% des dirigeants ont sollicité des spécialistes en vue d'un accompagnement à la délocalisation et 6.1% l'ont été de la part de ces spécialistes. 

Les cas Depardieu ou Arnault ne sont que la face émergée d'une tendance qui touche désormais une frange significative d'entrepreneurs. « L’externalisation d’une partie de l’activité et surtout du management n’est pas une donnée récente : nombre de nos interlocuteurs grands comptes opèrent déjà de Londres ou des Etats-Unis. Cette situation s’intensifie. Dans notre département d’expertise comptable spécialisé en immobilier qui regroupe une grande majorité d’actifs appartenant à des grands groupes, il est fréquent que l’on nous demande de domicilier les entités à notre adresse sociale » commente Thierry Denjean. 

La réduction du coût du travail passe principalement par un transfert sur la TVA (53.8%). 34.9% des dirigeants préféreraient un mix TVA/CSG. Les partisans de la CSG seuls sont très minoritaires (11.3%). Le pays modèle en la matière est incontestablement l'Allemagne (56.1%). Avec la Grande Bretagne et la Belgique, le pourcentage dépasse les 75%. 

La mise en place du crédit d'impôt pour la compétitivité et l’emploi est approuvée par 66.7% des dirigeants. 70.4% estiment que c'est une bonne mesure. Les autres regrettent que le gouvernement restitue d'une main, une partie moins importante de ce qu'il a prélevé de l'autre ! « Sur le terrain, force est de constater un relatif désintérêt pour cette mesure : très peu de directeurs financiers ont recalé leurs budgets à l’appui de cette économie fiscale, analyse ommente Thierry Denjean. Beaucoup la considère encore que comme un aléa et aucun chiffrage n’a été réalisé par notre département social pour l’un de nos clients ». 

Les niches fiscales: 90.5% estiment que l'exonération de l'outil de travail est justifiée. Il en est de même en ce qui concerne les forêts (59.1%), et dans une moindre mesure les monuments historiques (45.5%). Les investissements dans les DOM/TOM (29.2%) comme les œuvres d'art (12.%) bénéficient d'un moindre intérêt.

 Le rôle des organisations représentatives : les dirigeants apparaissent désabusés face à l'action de ces représentants. Seuls 7 dirigeants sur 10 estiment qu'elles sont en phase avec leurs préoccupations. Les nouvelles formes de protestations comme le mouvement des "Pigeons" les séduisent davantage (53.5%), mais séduction ne veut pas dire adhésion : 20.% des dirigeants seraient prêts à rejoindre ce mouvement. 

Les nouvelles règles en matière d'ISF vont entraîner une délocalisation de certains actionnaires (30.5%), contraindre certains entrepreneurs à s'expatrier lors de la cession de leur entreprise (14.0%) et dans une moindre mesure les obliger à demander une naturalisation dans un autre pays (6.3%). 5% environ des dirigeants ont déjà un projet d'investissement dans un autre pays.

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