TOUT EST DIT

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vendredi 25 janvier 2013

« Manif pour tous » : ça continue

« Manif pour tous » : ça continue


François Hollande recevra donc les porte-parole de la « Manif pour tous » vendredi en fin d’après-midi – « Les Français parlent au François », tweetait mercredi Frigide Barjot – mais du bout des lèvres et en ayant déjà prévenu qu’il ne bougerait pas d’un pouce. Najat Vallaud-Belkacem a également annoncé, à la sortie du conseil des ministres, que la « détermination » du Président « à faire voter le mariage pour tous est évidemment sans faille ». Le mariage, et l’adoption, mais pas la procréation médicalement assistée que l’on gardera pour un peu plus tard : la refonte du droit de la famille, c’est pour le mois de mars ou du moins pour bientôt et les idéologues qui nous gouvernent, en saucissonnant les choses, peuvent espérer que l’indignation populaire se sera, à ce moment-là, calmée.
L’entretien de vendredi constituera « une marque de respect et de considération » à l’égard de ceux qui se sont manifestés le 13 janvier (et qu’il devenait de plus en plus difficile d’ignorer) : « pour les écouter, certes, mais surtout pour leur réaffirmer ses positions ».
On ne peut pas dire que le mépris du pays réel ait quitté François Hollande ; la porte-parole du gouvernement, elle, a renchéri : « La loi s’écrit au Parlement et pas dans la rue… » Rupture, donc, avec une longue tradition de manifs, voire d’émeutes, qui ont eu raison d’une masse de projets législatifs ? Pas si vite ! La gauche a tout loisir de bloquer une réforme indispensable de l’Education nationale en faisant voter des lycéens mineurs avec leurs pieds, et ça, ça ne change pas. Non : on est ici dans une question de principe pour l’équipe au pouvoir, et qui transcende les partis et les « clivages traditionnels droite-gauche ». Témoin, ce qui se passe au Royaume-Uni, où le projet de « mariage » des homosexuels est porté par le Premier ministre conservateur David Cameron et devrait être soumis au Parlement avant la fin du mois… comme en France.
Les noms des participants à la réunion avec François Hollande ont été divulgués. Il s’agit de Frigide Barjot, de Laurence Tcheng qui se présente comme militante socialiste, et d’un représentant de la petite association « Plus gay sans mariage » mais pas de Xavier Bongibault, son, président, qui avait comparé Hollande à Hitler. Frigide Barjot souhaite en effet que l’entretien « se déroule sans polémique ». Il n’y a plus maintenant qu’à espérer un compte rendu complet.
Révision ? Non, retrait !
On sait cependant ce qu’a annoncé Frigide Barjot : « Nous allons demander la suspension des travaux parlementaires et la révision du texte. Si le projet n’est pas suspendu, nous demanderons sa soumission au référendum. »
Révision ? Cela suppose une volonté de changer le statut des unions homosexuelles, et certainement pas pour révoquer le pacs ! Je veux bien que la manœuvre soit tactique – Hollande ayant annoncé sa volonté de ne pas bouger – pour mieux réclamer un référendum. Mais si c’est un jeu, il est dangereux. Et s’il s’agit réellement de représenter ce que réclamaient les centaines de milliers de manifestants du 13, c’est le retrait du texte qu’il faut exiger. Pourquoi dévaluer une telle force de frappe ?
Vendredi sera aussi – providentiellement – le jour de jeûne et de prière « pour la famille et pour la France » lancé à l’appel de jeunes catholiques qui ont reçu le soutien appuyé et magnifique du cardinal Barbarin. Il est toujours possible de s’inscrire sur www.tousenpriere.com.
En attendant, des députés se mobilisent de manière visible contre le « mariage » des homosexuels. Plusieurs dizaines d’entre eux, membres de l’Entente parlementaire qui réunit 137 députés et 82 sénateurs, ont manifesté mercredi devant l’Elysée en demandant à être reçus par François Hollande pour lui présenter une demande de référendum. Philippe Gosselin, le porte-parole du groupe, mais aussi Henri Guaino, Henri Mariton, Philippe Goujon, Charles de Courson, Laurent Wauquiez, Jacques Myard… avaient fait le chemin à pied depuis l’Assemblée nationale. Frigide Barjot était là aussi. Les uns et les autres se sont « étonnés » d’avoir été froidement reçus à la loge de l’Elysée, puis renvoyés. Une réponse plus formelle leur était promise pour jeudi soir.
L’Académie des sciences morales et politiques vient de dénoncer le projet de loi qui « procède à un bouleversement du droit qui ne touche pas seulement les couples homosexuels », qui fait prendre la place de la maternité et de la paternité par la « parentalité », qui « tend à promouvoir un droit à l’enfant qui fait passer celui-ci de sujet à objet de droit » ; qui « conduit à nier la différence biologique entre les sexes ».
C’est une révolution, une déstructuration profonde de la société qui se prépare. Elle passera néanmoins mieux qu’une lettre à la poste du côté du Conseil constitutionnel, a laissé entendre Jean-Louis Debré, qui le préside. Il a rappelé la décision du 28 janvier 2011 par laquelle les « sages » avaient décidé : « Le contour du mariage, c’est au Parlement de le définir. » Il en sera de même que pour « l’IVG en 1979 », a-t-il prévenu : « C’est aux élus de la nation de dire quelle forme ils veulent donner au mariage (…), c’est de leur responsabilité. »
Avec de tels raisonnements, on peut en effet voter n’importe quoi.

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