TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 10 janvier 2013

La déchirure

La déchirure


Un sondage IFOP le Pelerin du 8 janvier révèle que pour une majorité considérable de Français, 75%, le mariage homosexuel est un sujet « secondaire » au sens ou il n’est pas prioritaire au regard de leurs préoccupations du moment : désindustrialisation, dette publique, immigration. Pourtant, il se présente, en ce début d’année, par la volonté du gouvernement, comme une question politique fondamentale. A la veille de la manifestation du 13 janvier, on sait qu’il risque de susciter une intense querelle, un profond traumatisme et de déchirer un pays déja exsangue, qui traverse une crise morale, sociale et économique sans précédent. Les passions et les nerfs sont à vif et les positions crispées comme rarement dans l’histoire récente. Jamais, depuis 1984 et la crise de l’école libre, les églises n’avaient ainsi appelé à descendre dans la rue. Alors, pourquoi persévérer dans la voie de la discorde et d’une polémique qui ne vise aucunement à répondre aux grands sujets de préoccupation des Français? Il faut dire qu’un profond malaise règne dans toutes les formations politiques. En 1998, lors des débats sur le pacs, Mme E.Guigou, Garde des Sceaux, exprimant le point de vue des leaders socialistes, déclarait : « Il n’est pas question (…) que deux personnes physiques du même sexe (…) puissent se marier » En 2012, reflétant l’évolution de son parti, elle annonçait avoir changé d’avis. Le conformisme et le suivisme ne sont pas le propre de la gauche. Un chef important de l’UMP, ministre à l’époque, déclarait fin 2011 : « J’étais très opposé au mariage homosexuel. Je pense que mon avis évolue sans doute avec la société française… On parlait tout à l’heure du doute : il faut savoir évoluer dans ses convictions.» Même la droite de la droite ne sait absolument pas sur quel pied danser : « Le front national n’appelle pas à manifester. Certains membres du front national veulent exprimer leur opposition à ce projet en participant à cette manifestation. Ils ont totalement la liberté de le faire ». Partout, une logique utilitaire l’emporte sur les convictions. Les petits calculs règnent en maître, faute d’idée claire. La guerre des postures bat son plein. Le pouvoir socialiste, en difficulté sur le front économique, a décidé de donner un signe de volontarisme et de détermination à ses militants sur cette promesse de campagne. Une partie de l’opposition se cherche toujours et se positionne sur des critères d’image personnelle. « Ne menez pas une campagne de retard ! » a lancé à l’adresse de ses amis politiques une autre ancienne ministre, Mme R.Bachelot, comme si le souci d’être à la page suffisait à fonder un discours. Sur un dossier aussi capital, engageant de manière irrémédiable les piliers de la civilisation que sont les notions de père, de mère, appelées à disparaître dans les documents officiels,  la place de l’enfant et l’image de  la famille, la réflexion, la prospective et le débat de société font cruellement défaut, laissant la place à la polémique, aux coups de menton, à l’invective. Tout cela risque de mal se terminer et quoi qu’il advienne, de laisser de profondes et irréparables cicatrices.
Maxime TANDONNET

0 commentaires: