TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 10 janvier 2013

L'école au bon rythme

L'école au bon rythme


C’était la réforme que tout le monde attendait, celle dite des rythmes scolaires. Chacun en convient : à l’école primaire, non seulement le cartable de l’élève est surchargé, mais ses horaires de classe bien plus encore. Six heures de travail par jour, pendant quatre jours. Aucun pays au monde ne pratique un tel bourrage de petits crânes. On en mesure les résultats : de plus en plus d’élèves en difficultés, et déclassement de la France dans les tests internationaux.
D’où l’impérieuse nécessité de revenir à la semaine de quatre jours et demi. Priorité aux enfants. Réforme facile a priori ? Pas du tout. Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, qui avait démarré en trombe, a dû déchanter. Aucun enthousiasme chez ses partenaires impliqués dans la vie de l’école. Qui fait le premier pas ? Les enseignants, les maires, l’État, les parents ?
L’archi-consensuelle réforme a viré aigre : négociations à n’en plus finir. Et, cette semaine, devant le Conseil supérieur de l’éducation, où tous les partenaires de l’école sont consultés, elle n’a obtenu aucun plébiscite. Elle a glané un maximum d’abstentions. L’attentisme prévaut.
Le ministre prend donc son bâton de pèlerin. Il lui faut désormais « vendre » sa réforme pour qu’une majorité d’écoles changent de rythme dès la rentrée 2013. Il part prêcher la bonne parole. En donnant en exemple les bons élèves. Ces municipalités qui ont déjà réinstallé, à la satisfaction générale, cette semaine de quatre jours et demi. Il est aujourd’hui à Brest, ville pionnière, avec Angers, Toulouse, La Roche-sur-Yon et quelques autres. L’État par ailleurs met la main à la poche, crée un fonds d’incitation. 250 millions d’euros. Cela suffira-t-il ?
Si le bien-apprendre et le bienêtre des élèves doivent, dans l’idéal, passer avant toute autre considération, la disette budgétaire qui frappe l’État et les municipalités, complique tout. Car c’est une réforme qui exige des moyens financiers et humains que certaines municipalités sont dans l’impossibilité de mobiliser. Les enseignants regardent également leur porte-monnaie. Leur temps de présence à l’école n’augmente pas, mais les temps de déplacement, oui.
Péripéties ? Sans doute. Le pays n’est pas si mal en point qu’il ne puisse enfin réformer son école. Car il y a urgence. D’autres réformes sont sur le feu. La formation des maîtres, la réorganisation des classes, la prise en charge des enfants en difficulté… L’ambitieuse refondation de l’école, engagement de François Hollande, a bien du mal à se concrétiser.
Vincent Peillon aime à rappeler sa grande conviction républicaine nourrie par l’Histoire : « Quand l’école avance, la France avance. » Si l’on regarde les résultats de l’Éducation nationale depuis vingt ans, l’école est plutôt dans la reculade. Sans doute parce qu’elle a trop négligé les petites classes, là où se font les apprentissages fondamentaux. En taux d’encadrement des élèves, c’est incroyable, nous sommes le dernier des pays de l’OCDE. Et l’on s’étonne ensuite que de plus en plus d’élèves soient « largués », déboussolés, abandonnés sans diplômes, sans formation !
L’école doit donc se remettre en marche. Au bon rythme. Un ministre disait jadis « qu’une révolution dans l’Éducation nationale, c’est une réforme qui s’applique. »Celle des rythmes scolaires sert de test.
Bernard LE SOLLEU.

0 commentaires: