TOUT EST DIT

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dimanche 5 août 2012

La pièce syrienne

La mission de Kofi Annan était impossible. Sans surprise, l’ancien secrétaire général de l’Onu a reconnu son échec. Pour une fois, ce diplomate chevronné, unanimement décrit comme quelqu’un de pondéré, a laissé pointer son amertume. Évoquant le « manque de soutien » et « les divisions de la communauté internationale » qui ont provoqué son échec, Kofi Annan a mis en évidence la responsabilité des grandes puissances dans la tragédie syrienne.
Moscou et Washington ont choisi leur camp, qui n’est pas forcément celui du peuple syrien. Barack Obama engage de plus en plus son pays dans la fourniture d’armes aux rebelles, alors que Vladimir Poutine aide Assad à s’accrocher au pouvoir.
Plus que jamais, la Syrie est un pion sur l’échiquier compliqué du Proche-Orient. Kofi Annan risquait de renverser les pièces savamment manipulées par les puissances qui jouent à la guerre froide. La Syrie est devenue un de ces conflits périphériques qui renvoient au temps de Brejnev et de Nixon.
Et, comme au pire moment des relations URSS-USA, l’Onu se contente de jouer le rôle de dernier salon où l’on cause de la guerre ou de la paix. Les résolutions se suivent, se ressemblent, et sont superbement ignorées par les belligérants.
Cela, évidemment, est plus ou moins habilement camouflé dans les ors des conférences régionales, ou sous les lambris du bâtiment des Nations unies. Sans rire, Vladimir Poutine déclare que la démission de Kofi Annan est « très regrettable ». Assad la regrette aussi. Si l’hypocrisie était une épreuve olympique, les deux hommes mériteraient une médaille, comme la prudente Chine, et les Américains ne termineraient pas loin du podium, sous les encouragements des pays arabes qui veulent contrôler ce nouvel épisode d’un printemps aux bourgeons explosifs et aux fleurs si fragiles.
Le président américain engage de plus en plus la CIA dans ce conflit, en toute discrétion, histoire de ne pas gêner le candidat Obama.
Et les Syriens ? Ils souffrent, meurent et s’enfuient, car ils ne peuvent pas démissionner.

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