mercredi 3 octobre 2012
Pourquoi il n'y aura pas d'élection présidentielle en 2017
L’année 2012, baignée de la peur
inconsciente de l’apocalypse du calendrier maya, a le parfum des
terreurs de l’an mil, avec son cortège de catastrophes naturelles,
d’émeutes et de dislocations géopolitiques. Dans cette ambiance
millénariste, les guerres de position des leaders de la droite en vue de
l'élection présidentielle de 2017 ont quelque chose de surréaliste, en
miroir des gesticulations gouvernementales, aussi spectaculaires
qu’impuissantes face au chaos des évènements.
Car
il faut bien se rendre à l’évidence : il est hautement probable que ces
élections n’aient tout simplement pas lieu. Point n’est besoin de faire
montre d’un catastrophisme dramatisé pour se rendre compte que nous
approchons à grands pas du dénouement final de la crise, celle qui a
commencé en 1973 avec le premier choc pétrolier, et qui ne touche pas
seulement notre économie mais la plupart des piliers de notre
civilisation.
Pourquoi 1973 ? Parce que, depuis 1974, aucun budget n’a été voté en équilibre par le Parlement. Autrement
dit, c’est depuis 1974 que la génération 68, toujours au pouvoir, non
seulement s’est endettée sur ses enfants et petits-enfants pour
maintenir le capricieux niveau de vie auquel elle a exigé avoir droit,
mais a prolongé la fausse abondance de la société de consommation grâce
aux importations de produits à bas coût venus d’Asie. Quitte à
fermer les usines européennes qui produisaient ces mêmes produits, pour
rester compétitifs sur les marchés des émergents qui nous vendent
aujourd’hui des produits concurrents, et pas seulement sur le créneau
manufacturier, mais aussi sur celui des produits et services à haute
valeur ajoutée. Quitte à allonger la durée des études pour masquer la
hausse du chômage et le tarissement de nombreuses filières, sans parler
de l’embauche massive de fonctionnaires. Quitte à continuer d’accueillir
à bras ouverts une immigration majoritairement sous-qualifiée, bien
au-delà de nos capacités d’accueil et d’intégration, prolétariat de
substitution pour la gauche et nouvelle armée industrielle de réserve
pour le capital, selon la formule marxiste, juste en l’espèce. Et
quitte, enfin, à encourager la destruction écologique planétaire
engendrée par nos modes de vie.
Tout a un prix, et celui du consumérisme européen, qui nous appauvrit, se paye par un déclassement durable : selon un rapport[1],
les pays membres de l’OCDE, qui réunit une trentaine d’Etats parmi les
plus riches de la planète et qui représentaient seulement 51% du PIB
mondial en 2010 (contre 60% en 2000), devraient devenir minoritaire, à
43%, à l’horizon 2030. En fait, nous transférons notre appareil
productif vers le reste du monde, sous les chaleureux applaudissements
d’une Union européenne obsédée par le dogme libre-échangiste et le
sauvetage de l’euro, dont on ne voit pas en quoi il pourrait nous
préserver de la déroute économique.
La question qui se pose aujourd’hui est pourtant simple : lorsque nous n’aurons même plus de quoi acheter les produits de nos « partenaires commerciaux », que feront-ils de nous ?
Ils commenceront par acheter ce qui reste, comme le font déjà le Qatar
et la Chine, qui nous traitent comme un pays du tiers-monde, avant
probablement de nous brader au plus offrant. Et nous, Européens,
retournerons à l’usine pour confectionner les petits jouets des enfants
chinois. Pendant ce temps-là, dans nos banlieues, les policiers se font
tirer dessus avec des « mortiers »[2],
des fusils de chasse et des kalachnikovs… tandis que nos dirigeants
semblent n’avoir pour seul programme que d’accélérer la destruction de
la seule institution qui tenait encore bon : la famille.
Bref,
en 2017, il serait extraordinaire qu’un effondrement de notre société,
doublé d’une crise politique majeure, ne se soient pas produits. « Ca va
péter », entend-on un peu partout. Et cette fois-ci peut-être, pour de
bon.
[1] Le basculement de la richesse, rapport de l’OCDE du 16 juin 2010.
[2] « La guerre d’Amiens a bien eu lieu », Gilles Gaetner, Valeurs actuelles du 20/09/2012.
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