TOUT EST DIT

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jeudi 4 octobre 2012

"La fanfaronnade qui ridiculise Hollande"


Contre le traité budgétaire européen négocié par Sarkozy, le chef de l'État invite finalement sa majorité à le voter.
On est pour ou contre l'Europe. À chacun ses convictions. Les souverainistes - il y en a à droite, il y en a à gauche - ont leurs arguments, ils ont le droit de refuser le mouvement de l'histoire et de penser que la France peut encore espérer dominer le monde. De même, le Front de gauche a-t-il le droit de croire encore à la dictature du prolétariat. Et les Verts celui de continuer à caresser leur utopie.
Mais si l'on est pour l'Europe, il faut saisir toutes les occasions qui se présentent en faveur de son avancée, ce qui n'exclut pas, bien au contraire, le débat autour des modalités de cette avancée. Ce débat, la crise l'a interrompu. L'Europe piétine depuis quatre ans. La montée en puissance de l'Allemagne et les problèmes rencontrés au cours de cette période par les pays de l'Europe du Sud ont modifié la donne européenne et menacé un équilibre que Merkel et Sarkozy ont tenté de restaurer, à la fois dans l'intérêt commun de l'Europe et chacun dans son propre intérêt.
Hollande n'est pas très franc du collier 
Le traité budgétaire européen est le fruit de cette initiative. Mais ce texte n'est que le premier jalon d'un processus ambitieux qui va dans le sens de l'unification politique de l'Europe, dont le terme est prévu en 2014 et qui répond aux voeux de tous les Européens convaincus. Rejeter ce traité, c'est agir contre l'Europe. Parmi les Européens convaincus, on croyait naguère que figurait François Hollande. Tout dans son passé donnait à le croire. Et d'ailleurs on le croit encore. Mais pour des raisons électorales, il a fait des manières à propos de ce traité, tout simplement parce que celui-ci était l'oeuvre de Sarkozy. Au fond, il n'a jamais cessé d'y être favorable, et d'ailleurs il invite aujourd'hui sa majorité à le voter, bien qu'il ait posé dans le passé des conditions qui n'ont jamais été remplies. Passons sur cette inconséquence.
La morale de l'histoire, c'est que François Hollande n'est pas très franc du collier. Et finalement pas très malin. Il aurait pu se dispenser durant sa campagne d'une fanfaronnade qui le ridiculise aux yeux de ses partenaires européens, et surtout d'Angela Merkel, et qui l'affaiblit vis-à-vis de sa majorité. Il aurait de toute façon été élu. Il lui suffisait d'insulter Sarkozy, ce dont il ne s'est pas privé.
Quoi qu'il en soit, le voilà qui aujourd'hui défend et avalise un texte dont Sarkozy est l'auteur, dont il avait dit qu'il était inacceptable, qu'il n'est pas parvenu à faire amender, et qu'une partie de sa majorité va rejeter. Que d'affronts ! Félicitons-nous cependant de ce ralliement puisque nous sommes européens. Et prenons acte de la fragilité de la majorité, en nous en réjouissant puisque nous ne sommes pas socialistes.
Hollande n'est pas au bout de ses peines
Le traité va donc être ratifié la semaine prochaine. Les voix de l'opposition ne seront sans doute pas nécessaires au gouvernement pour obtenir la majorité. Si elles l'étaient, ce serait savoureux. Dans tous les cas, ce le sera, car nul n'ignore que la gauche est divisée sur le sujet et que pour rassembler une majorité elle devra compter sur quelques-uns des siens aux convictions élastiques.
François Hollande n'en est pas pour autant au bout de ses peines. Ce traité en effet et sa ratification engagent la France dans la voie de l'intégration européenne. Les étapes en sont fixées. Cela signifie qu'à chacune d'entre elles, la même comédie risque de se reproduire, qui provoquera les mêmes palinodies au sein de la famille de gauche s'agissant d'un sujet majeur, voire déterminant : l'Europe. On peut très bien imaginer qu'à la faveur d'un débat interne imparfaitement géré sa majorité échappe à François Hollande. Certes, la droite pourra toujours venir à son secours puisqu'elle vote selon ses convictions.
Mais il sera alors non pas avéré, car cela est déjà avéré, il sera officialisé que François Hollande aura été élu sur un malentendu, voire sur un mensonge. Il est peu probable que son autorité en sorte renforcée, de même que son crédit, national et international. Le président sera condamné à gouverner par louvoiements. Mais n'est-ce pas ce qu'il fait déjà en d'autres domaines ? En matière de sécurité intérieure, par exemple. Un cap répressif, un cap permissif, ou les deux à la fois. Un coup Valls, un coup Taubira. Il n'y a de volontarisme chez Hollande qu'en matière de politique fiscale.

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