TOUT EST DIT

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vendredi 1 juin 2012

La rigueur, c'est maintenant 
 
Quel que soit l'élu, le prochain quinquennat sera celui de la rupture avec l'ère de la croissance à crédit.
Le déclin de la France n'a jamais été aussi marqué depuis les années 1930
 La croissance potentielle se situe désormais au-dessous de 1 % compte tenu de l'euthanasie de la production privée, du retard de l'investissement et de l'innovation provoqué par la chute des profits, de l'effondrement de la compétitivité dont témoignent la diminution des parts de marché mondial de 4,7 à 3,4 % depuis 2000 et un déficit commercial record de 70 milliards d'euros en 2011. La dette atteindra 90 % du PIB en 2012, seuil à partir duquel elle détruit l'activité et l'emploi. Le chômage touche 10 % de la population active depuis trois décennies. Le blocage de la croissance et le chômage permanent entraînent la paupérisation des Français, dont le revenu par tête est désormais inférieur à celui de l'Union européenne. La nation se désintègre et ne parvient plus à intégrer ni les jeunes - 20 % d'une classe d'âge étant rejetée chaque année du système éducatif sans formation aucune - ni les immigrés et leurs descendants. La dégradation financière de la France, loin d'être anecdotique, acte la perte de la maîtrise de son destin par un pays qui se trouve désormais placé sous la tutelle des marchés financiers et de l'Allemagne.
La préférence pour la dépense publique est au fondement du modèle de croissance à crédit qui a ruiné la France et en fait l'homme malade de l'Europe. 
Cinq ans après le choc de 2007, notre pays n'a pas retrouvé son niveau de production d'alors. Contrairement aux autres pays développés, son décrochage a été accéléré, mais non provoqué, par la crise. Il résulte d'un modèle de croissance par la dette publique où le seul moteur de l'activité réside dans la consommation, tirée par des transferts sociaux qui atteignent 33 % du PIB. L'Etat providence a phagocyté l'Etat régalien et la redistribution évincé la production. La montée parallèle des dépenses et des recettes publiques, qui culminent à 56,6 % et 49 % du PIB, minent la production et l'emploi marchands.
La France sera l'épicentre du prochain choc sur la zone euro. 
  En dépit du faux calme qui a prévalu depuis la dégradation de sa notation financière, le télescopage du mur de la dette se rapproche. La France doit lever 180 milliards d'euros en 2012 et 240 milliards en 2013 sur les marchés, dont 70 % auprès des investisseurs internationaux. Le ciseau entre l'ascension de la dette publique et la chute de la croissance se poursuit, tandis que le chômage frappe plus de 10 % des actifs. Notre pays est par ailleurs pris en étau entre l'Allemagne d'Angela Merkel, leader de l'Europe du Nord compétitive, et l'Italie de Mario Monti, symbole de l'Europe du Sud qui se réforme. Les investisseurs, y compris les banques françaises, ont déjà commencé à vendre massivement les titres de la dette française, avec pour conséquence une tension sur les taux d'intérêt et un écart de 125 points de base avec le Bund allemand. L'Espagne de Mariano Rajoy préfigure la situation de la France au lendemain de l'élection présidentielle. En dépit d'un effort d'économies de 27 milliards d'euros et de 12 milliards de hausses d'impôts, en dépit de la libéralisation du marché du travail au prix d'une grève générale, le dérapage du déficit budgétaire de 4,4 à 5,3 % du PIB a été violemment sanctionné par les marchés. Les taux d'intérêt sont remontés à 5,7 %, soit un niveau insoutenable pour une économie en récession où le taux de chômage atteint 23 %. La dette publique française constitue la prochaine cible. Avec à la clé un nouveau choc sur le système bancaire, dont les bilans sont intimement liés aux risques souverains, et la relance de la crise de l'euro, dont les mécanismes de secours, limités à 800 milliards, sont insuffisants pour garantir la dette française (1 700 milliards d'euros).
Volontaire ou subie, la rigueur s'imposera au prochain président de la République. 
 La rigueur passe par la baisse des dépenses publiques et non par la hausse des impôts, qui n'est jamais que la préférence pour la dépense poursuivie par d'autres moyens. Elle s'impose autant pour sauver l'euro que pour rétablir la souveraineté de la France, casser le cycle de son déclin, refonder la nation autour de perspectives d'avenir crédibles. Elle constitue la face cachée de la campagne électorale. Les programmes de retour à l'équilibre pour 2016 ou 2017 sont biaisés par des hypothèses de croissance exagérément optimistes (2 à 2,5 %, contre 1,2 % en moyenne depuis 2000), des hausses d'impôts massives (de 14 à 50 milliards d'euros) qui porteront les recettes publiques au-delà de 50 % du PIB, des promesses de dépenses nouvelles et un flou persistant sur d'éventuelles coupes budgétaires. Quel que soit l'élu, le prochain quinquennat sera celui de la rupture avec l'ère de la croissance à crédit. Le temps des déficits et de l'argent public abondant et bon marché est révolu. Voilà pourquoi le prochain président, de gré ou de force, devra s'inspirer de Gerhard Schröder et de Mario Monti. Voilà pourquoi il ne suffit pas de dire que l'on va baisser les dépenses, mais lesquelles et comment. Voilà pourquoi il faut assumer politiquement la rigueur. Dès maintenant.

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