TOUT EST DIT

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vendredi 4 mai 2012

Le débat qui n’a pas eu lieu


La lippe arrogante, le regard creux, les traits sévères et impassibles, chaque geste si manifestement étudié à l’avance qu’il lui a fallu à maintes reprises quelques microsecondes pour l’ajuster, François Hollande était, mercredi soir, tout sauf avenant. Tendu, haineux, plein de colère rentrée, il laissait exploser sa hargne à travers les incessantes interruptions dont il a mitraillé les propos de Nicolas Sarkozy, mollement reprises par David Pujadas. Au point de rendre le candidat-président (presque) sympathique.
Jean Madiran nous avait prévenus – je me souviens du temps de notre « petite classe » à la rédaction de Présent : face à un adversaire de gauche, celui qui tient un discours plus à droite, moins loin de nous, fût-il aussi notre adversaire, en paraîtrait persuasif.
Froid comme un accusateur public de 1793, François Hollande minimisa tour à tour certains éléments et conséquences de son programme, tout en niant certaines de ses déclarations passées les plus sectaires. Rien de très précis pour les Verts ni pour les Rouges de Mélenchon à se mettre sous la dent, du coup : auront-ils été convaincus ? La question est finalement inutile : chacun sait que le débat est un exercice de style. Mais le style du candidat socialiste, décidément, n’est pas possible. Comme l’a dit une amie venue passer une « soirée copains » pour regarder le débat : mettez une blouse blanche à François Hollande et il vous ferait irrésistiblement penser au vendeur du rayon crémerie du Monoprix du coin, tendance sous-payée et revêche.
L’essentiel n’est pas là, direz-vous. Et Nicolas Sarkozy, plus spontané, plus combatif mais moins agressif, plus direct, plus rompu aussi au dialogue et à la négociation, a contre lui son bilan (il n’a d’ailleurs pas assez mis en évidence les lourdeurs socialistes qui entravent tant de réformes nécessaires, notamment dans l’Education nationale). Ce qui était à l’avantage de Hollande.
Mais on a eu affaire à deux expressions d’un même système. Deux hommes politiques qui, avec leurs différences mais aussi leur accord profond sur l’européisation de la France, n’ont pas fait entendre les arguments ni proposé les solutions dont elle a si cruellement besoin.
Ils ont parlé de la crise, sur le plan technique, et de ses conséquences qui sont terribles pour l’ensemble de l’Europe, sans remettre en cause la construction européenne qui la renforce et en rend les conséquences, pour certains, beaucoup plus dramatiques.
Ils ont évoqué le chômage, les retraites, le poids de la protection sociale, sans mentionner la réalité du suicide européen par le refus d’enfanter, ni le drame que constitue la poursuite d’une immigration légale – à 90 000 par an comme la rêve Sarkozy ou à 180 000 comme l’accepte son adversaire, mais c’est le niveau où elle est arrivée sous sa présidence – qui fait venir une majorité de miséreux mal formés alors que les Bac+5 fuient le niveau des prélèvements obligatoires et les lourdeurs administratives de leur propre pays.
Ils ont parlé de l’école et de ses problèmes, Hollande voulant y engouffrer plus de moyens et Sarkozy osant prôner plus de rigueur et d’exigence… Mais aucun ne dénonce le désastre intellectuel et moral où ont mené des décennies de confiscation de l’éducation de la jeunesse aux parents, sous la houlette de pédagogistes aux commandes de la rue de Grenelle dont droite et gauche ont été les complices volontaires ou impuissants.
Ils sont passés à côté du nécessaire redressement intellectuel et moral, même si l’un – Sarkozy – met avec justesse l’accent sur la responsabilité de chacun, le droit des familles de transmettre un patrimoine et un héritage, la nécessité de libérer le travail. Mais quelle liberté, quelle responsabilité dans une France engloutie dans l’Europe ?
Ces problèmes, ils sont là, ils s’aggraveront vite avec Hollande, moins rapidement avec Sarkozy qui a tout de même à son actif, sous sa présidence, l’ouverture d’espaces de liberté pour ceux qui prennent en main leur travail, pour ceux qui veulent échapper au Mammouth scolaire sclérosé par la gauche.
Ce débat-là n’a pas eu lieu. Mais il est essentiel, celui des libertés menacées…

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