Car on vient de découvrir avec effroi que les Grecs retirent 800 millions d’euros par jour de leur compte en banque, après avoir calculé qu’une sortie de la zone euro coûterait 55 milliards d’euros à la France. La Grèce retourne aux urnes au mois de juin dans l’espoir de dégager une majorité pour diriger le pays. Cette incertitude politique accentue l’incertitude économique. Face au risque de quitter la zone euro, les Grecs adaptent leur comportement et retirent l’argent des banques.
La
Grèce poursuit donc sa descente aux enfers, et franchit un nouveau
palier dans la crise : le retrait massif des capitaux hors des banques
du pays. Les habitants retirent leurs avoirs des banques grecques. A
première vue, on pourrait y voir de la défiance par rapport aux banques
du pays : les habitants n’ont plus confiance dans les banques et donc
ils préfèrent retirer leurs économies, ceci est un phénomène classique
de défiance bancaire et nous pourrions trouver nombre d’illustrations au
cours de l’Histoire. Toutefois, la Banque centrale européenne et son
président Mario Draghi ont montré une détermination sans faille à éviter
la défiance vis-à-vis des banques ainsi que risque systémique. Il fait
peu de doute qu’il interviendrait pour assurer la liquidité des banques,
comme il l’a déjà fait à travers les deux LTRO. La vraie crainte des Grecs est plutôt liée à une sortie de la zone euro et un retour à une monnaie nationale. En effet, l’expérience argentine de 2001 offre un bon exemple de ce qui peut se passer quand un État décide de modifier sa politique monétaire (en Argentine le Peso était arrimé au dollar américain). Une sortie de la Grèce signifierait que l’Euro deviendrait une monnaie étrangère pour les Grecs. Dès lors, les avoirs en euros dans les banques grecs seraient convertis en monnaie locale à un taux de conversion déterminé par le gouvernement. Et là, en général, l’État choisit un taux de conversion qui l’arrange et qui lui permet de récupérer des euros à pas cher.
Car dans ce type de situation on assiste à une augmentation de l’inflation liée à la dévaluation de la monnaie, faisant que même si le pays fait de la croissance dans dix ans, au niveau individuel vous avez perdu vos économies et vous ne les reverrez jamais à cause du taux de conversion désavantageux et de l’inflation. Un second risque pour l’épargnant est ce que les économistes nomment « la répression financière », c'est-à-dire que l’État décide que vous ne pouvez plus disposer comme vous l’entendez de votre argent en devise (ce qui serait sans doute le cas si la Grèce sortait de l’euro et même peut-être si elle y restait, les ménages et les entreprises ne pourraient plus utiliser leurs euros comme ils l’entendent).
Ainsi, l’État peut utiliser ces réserves de devise à sa guise en les transformant en monnaie locale à un taux de change qui lui convient. Tous ces phénomènes mènent à la réduction du pouvoir d’achat des habitants et des entreprises. Face à ce risque que peuvent faire les administrés ? Et bien pas grand-chose… Une fois la machine lancée pas moyen de l’arrêter. Alors, les gens anticipent et préfèrent retirer leur argent des banques pour éviter cette capture. Ce comportement rationnel à l’échelle individuelle s’avère entrainer des effets négatifs d’un point de vue collectif. Cette situation déstabilise encore plus le système économique et financier du pays en provoquant ainsi un comportement de défiance vis-à-vis des banques au niveau national, mais aussi au niveau international à travers le risque de contrepartie (les banques grecques perdraient la confiance de leurs partenaires (autres banques et entreprises).













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