TOUT EST DIT

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dimanche 1 avril 2012

Mélenchon ou le retour de flamme


Il porte un prénom de baby-boomeur. Il puise dans la rhétorique des années soixante-dix, la décennie militante, celle de sa jeunesse. Les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix l'auront vu s'apaiser au creux de la République, au Sénat, et dans l'exercice d'un pouvoir bien tempéré. La soixantaine venue, Jean-Luc Mélenchon con-naît un retour de flamme, démon de midi de la politique.
Se reconnaissent en lui ceux de sa génération. Ils sont cadres moyens, enseignants, fonctionnaires. Ils ont toujours cru en l'État, en sa providentielle protection, en sa toute-puissance législative et réglementaire, en son génie industriel. L'ont toujours perçu comme l'arbitre suprême, le début et la fin de la politique. N'ont d'autre religion que celle de l'État.
Se reconnaissent en lui des jeunes qui n'osaient même plus espérer. Ils veulent retrouver dans ce tribun cravaté de rouge un peu de l'image romantique du révolutionnaire. On leur répète qu'ils sont la génération de la crise, qu'ils vivront moins bien que leurs parents. Ils ne savent pas quand ils entreront dans le monde du travail, ni dans quel état ils en sortiront. Ils ne veulent pas, en plus, être privés de rêve politique.
Se reconnaissent en lui des ouvriers et des employés se percevant comme les damnés de la terre à l'heure de la mondialisation. Ces gens de gauche retrouvent avec lui des accents que le socialisme de gouvernement avait perdus à force de parler la langue du pouvoir. Ils n'ont rien de commun avec le populisme de Marine Le Pen et sa phobie des immigrés mais ils ont besoin d'un discours fort, même s'il doit être simplifié.
Jean-Luc Mélenchon, c'est le retour des seventies. Il en appelle à une insurrection civique qui fasse tomber les vieux murs et remeuble la maison. Les obstacles seront surmontés parce que rien ne résiste à la volonté du peuple souverain, ni la réalité économique, ni le monde tel qu'il est, ni la société telle qu'elle va. Ceux qui n'adhèrent pas à ce dessein collectif ne risqueront rien. Mais ils auront le droit de partir.
Le candidat du Front de gauche se situe quelque part entre Georges Marchais et Jean Jaurès. Enfant de la télé pétri d'histoire. Il a plus de culture que Marchais, mais moins que Jaurès moins de culot que Marchais mais plus que Jaurès il rêve mieux que Marchais, mais moins bien que Jaurès.
Quand il était à moins de 5 % dans les sondages et qu'il fallait tirer au canon pour se faire entendre, le leader du Front de gauche se déclarait le candidat du bruit et de la fureur. Ce « bruit et cette fureur » qu'on doit à Shakespeare : « La vie (...). C'est un récit plein de bruit, de fureur, qu'un idiot raconte et qui n'a pas de sens. » Étonnante référence à l'absurde de la part d'un homme qui veut croire au sens de l'histoire.

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