TOUT EST DIT

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vendredi 27 avril 2012

L’effet Le Pen rend les « invisibles » beaucoup plus visibles…


Un éditorialiste écrivait cette semaine dans un hebdomadaire de gauche, à propos de Marine Le Pen : « Elle a fait une campagne de proximité. Entendez par là que ceux-là même qui détestent ses solutions étaient sensibles à sa façon de poser les problèmes : sans détour. Le plus éloigné du point moyen dans lequel se reconnaît la classe politique tout entière n’était pas Jean-Luc Mélenchon, c’était Marine Le Pen. Le premier a fait rêver, la seconde a fait réagir. Le premier s’est fait le tribun de la République. La seconde le tribun du peuple. Marine Le Pen est la mesure la plus exacte de l’écart qui sépare la classe politique des classes populaires. » Un écart qui va se creusant. Au vu de l’état dans lequel se trouve aujourd’hui leur pays, les Français sont en colère contre les responsables de ce marasme.
Mélenchon s’est pris pour un orateur de la Révolution française. Mettant quelques frissons de Terreur dans ses phrases incantatoires, il a joué à l’équarrisseur égalitaire, revisitant de façon lyrique toute la Mythologie révolutionnaire, sans s’embarrasser le moins du monde de la réalité présente. Au diable la dette et les déficits et vive l’immigration ! Notamment l’immigration musulmane… Son épopée tribunicienne, somme toute assez dérisoire puisque relevant du jeu de rôle, s’est arrêtée dimanche soir. Marine Le Pen maintient elle, plus que jamais, sa présence dans la compétition électorale. Il suffit de lire les commentaires et d’écouter les déclarations de nos hommes politiques. Tous « réagissent » en effet à l’onde de choc provoqué par la candidate du mouvement national.
L’effet Le Pen a eu pour premier résultat de redonner aux « invisibles », ces Français oubliés parce que trop éloignés des préoccupations de la France d’en haut, une visibilité macrocosmique. Du moins aux yeux de la classe politico-médiatique en général et des deux candidats, Hollande Sarkozy, en particulier. Ces deux derniers, depuis lundi matin, se sont d’ailleurs transformés en arpenteurs des terres du Front national, où Marine Le Pen a récolté dimanche les grains de la jeune moisson qu’elle a su faire lever. Les « invisibles » ont de nouveau une apparence et les « innommables » ont retrouvé un nom : celui du peuple de France…
Ségolène Royal ou comment « vamper » les électeurs de Marine Le Pen
Le numéro 2 du Front national, Louis Aliot, se moque avec ironie de cet intérêt subit que Nicolas Sarkozy porte soudain à l’électorat de Marine Le Pen, reprenant à son compte certains thèmes frontistes : « On va peut-être lui livrer une perruque blonde parce qu’il aura ainsi la panoplie complète pour aborder ce second tour. » Avec, pour qu’il ne se trompe pas dans ses discours, le livre de la présidente du Front national : Pour que vive la France…
Pour vampiriser les électeurs du Front national François Hollande lui compte sur tout autre chose qu’une perruque blonde (et surtout pas sur son programme) mais sur son ex-compagne, Ségolène Royal. La Royal contre la Marine ? De quoi exciter la verve des humoristes. Dès dimanche soir la présidente de la Région Poitou-Charentes évoquait, avant tout ses autres camarades, « la nécessité pour le parti socialiste de s’adresser aux électeurs du Front national ». Mercredi matin, celle qui a toujours fonctionné au culot n’hésitait pas à affirmer au micro d’une station de radio, et contrairement à l’engagement martelé tout au long de sa campagne par François Hollande, « que le droit de vote aux étrangers n’a jamais été une priorité pour le parti socialiste ». Hou ! la menteuse… Mais son mensonge vient un peu tard. Dans cette campagne électorale, le vote des étrangers prôné par François Hollande (et inscrit dans son programme) est devenu une sorte de marqueur idéologique du candidat de gauche. Un marqueur qui marque évidemment d’une façon inopportune et défavorable son auteur pour aller « s’adresser » aux électeurs de Marine Le Pen. Une sorte de « tache indélébile » comme dirait Eva Joly. Et qu’à défaut de pouvoir enlever – ce serait une façon trop criante de se déjuger – Ségolène Royal s’évertue d’atténuer.
S’efforçant de déminer le plus possible le terrain pour le candidat de gauche, la fille du lieutenant colonel Jacques Royal essaye aussi de dédiaboliser les électeurs du Front national. Ceux dont Bernard Tapie, alors Héraut du « peuple de gauche » et paré de toutes les vertus qui vont avec cette fonction, avait dit, en 1997 : « Si Jean-Marie Le Pen est un salaud, alors ses électeurs sont aussi des salauds. » Madame Joly, dans son mépris injurieux à notre égard, avait eu, on s’en souvient, de prestigieux prédécesseurs. Mais au moins, Tapie, lui, nous nommait. Il nous appelait par le nom que lui et ses amis de gauche nous donnaient. Cette tirade avait été à l’époque applaudie par toute la nomenklatura de gauche. Avec, bien sûr, parmi les applaudisseurs, un certain François Hollande.
Aujourd’hui, élection oblige, l’heure électorale n’est toutefois plus (momentanément) aux insultes. Mais plutôt aux œillades coquines. Un exercice dans lequel Ségolène Royal excelle. Guignant les 18 % de suffrages frontistes que les politologues estiment issus de la gauche, ou du moins tentant d’empêcher ces voix transfuges de filer vers Sarkozy, les électeurs et électrices lepénistes ne sont donc plus pour l’ex-candidate socialiste à l’élection présidentielle, ni des salauds ni des salaudes. « Ceux qui s’inquiètent des flux de clandestins ne sont pas des racistes », admet-elle. Surtout lorsque ces flux menacent de les submerger. « De plus, ceux qui avaient voté Sarkozy en 2007 se sont sentis trahis par les promesses non tenues sur la valeur du travail ou sur la sécurité. Ils sont donc revenus au FN. » C’est juste. Mais ceux qui ont été floués par Nicolas Sarkozy « sur la valeur du travail » ou sur la sécurité le serait bien plus encore par François Hollande, apôtre des trente-cinq heures et héritier de ceux qui, à travers des organisations comme SOS racisme, ont assuré une quasi impunité à la délinquance ethnique.
Les espaces ruraux, où la candidate du Front national a réalisé de très bons scores, Ségolène Royal les connaît bien. Du moins le prétend-elle. « On trouve là des paysans paupérisés par la crise de l’élevage qui voient disparaître le travail et la raison de vivre de plusieurs générations. Ou des ouvriers – contraints de quitter les centres-villes, trop chers, pour partir vers les zones rurales ou péri-urbaines où ils sont rattrapés par le coût de l’essence et la solitude des territoires désindustrialisés. »
Tout cela est malheureusement vrai. Mais Ségolène Royal, dans l’analyse des raisons (diverses et variées) qui drainent les électeurs vers le Front national, en oublie une, pourtant essentielle. L’adhésion de ces électeurs français à ce qui représente aujourd’hui le cœur du programme FN : la défense du fait national et de l’identité française face au rouleau compresseur de l’euro mondialisme. L’attachement à la nation : c’est-à-dire le contraire de l’internationalisme idéologique et du cosmopolitisme financier qu’incarne si bien le social libéral François Hollande…
La politique économique « fantaisiste » de François Hollande
Si la presse étrangère, notamment anglaise et allemande, est sans illusion sur François Hollande, « qui n’a jamais réussi à enthousiasmer ses partisans » et demeure sceptique devant « la politique économique fantaisiste » du candidat socialiste qui « affaiblirait les perspectives d’un redressement économique de l’Europe et diminuerait encore son poids diplomatique », elle est aussi très critique à l’égard de Nicolas Sarkozy. Rare exception, le journal suisse Le Temps, plutôt indulgent à l’égard du président français. Lundi il écrivait : « Nicolas Sarkozy réalise un mauvais score pour un candidat sortant, mais somme toute honorable dans une Europe traversée par la crise. » Mais dans leur ensemble les journaux étrangers relèvent surtout que « l’addition des scores des candidats hostiles à la mondialisation ou à l’Union européenne représente près d’un tiers des votants ».

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