TOUT EST DIT

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samedi 7 avril 2012

À Caen, le one-man-show de Nicolas Sarkozy

Très pugnace, le candidat n'a pas ménagé son adversaire socialiste vendredi soir, avant de lancer un appel aux électeurs de Bayrou. 

C'était un Nicolas Sarkozy tel qu'on le connaissait en 2007 : surchauffé, hargneux et bon orateur. Il y avait, en plus, quelque chose de Fernand Raynaud chez le président-candidat, hier soir, au Zénith de Caen. Il avait délaissé l'habit du chef de l'État qui, depuis le début de la campagne, l'oblige à une certaine retenue, pour enfiler celui du candidat-boxeur. Durant près d'une heure, improvisant l'intégralité de son discours, il a raillé, et même mimé, François Hollande, "seul au milieu du ring, qui lève les bras au ciel" en signe de victoire. "C'est déjà fait, c'est déjà gagné !" a-t-il ironisé, au grand bonheur des 5 000 militants UMP réunis. "Mais voilà, je suis de retour ! Les socialistes se croyaient seuls au monde, entre eux, entre amis. Ça fait donc plaisir de les voir se réveiller aujourd'hui... avec une légère migraine !" Fous rires dans la salle.
La chemise du tribun se mouille de sueur à mesure qu'il agite les bras, les épaules, la tête. "Nous avons 16 jours pour convaincre, 16 jours pour imposer le débat à un monsieur qui n'en veut pas", a-t-il asséné, sous les applaudissements de Bruno Le Maire, Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet, assis au premier rang, mais aussi de Bernadette Chirac - encore une fois présente à un meeting de celui dont le mari, Jacques, dit pis que pendre. Solennisant l'enjeu du vote et balayant les prévisions des sondages qui le donnent tous perdant au second tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a déclaré que "le peuple de France avait rendez-vous avec l'Histoire" et que ce même peuple de France était "libre" de choisir son futur président. Comprendre : les élites ne doivent pas vous voler cette élection, c'est sa marotte du moment.

"N'est pas Mitterrand qui veut"

Encore une fois, sur le registre de l'humour, il a critiqué "la gauche caviar", celle qui "donne des leçons de morale", et a raconté - c'est désormais un classique - l'anecdote du bonus de 16 millions d'euros accordé au patron de Publicis : "L'autre matin, j'écoutais François Hollande à la radio, il n'avait pas l'air content. Je me suis dit que cela devait être encore la faute à un mauvais sondage pour lui. Mais non, il dénonçait la rémunération d'un patron, en disant que c'était de ma faute si on lui avait accordé un bonus de 16 millions d'euros. Bon, ben, j'ai voulu rendre service, j'ai regardé le dossier et je me suis aperçu que la rémunération de ce patron avait été votée par ses amis socialistes ! Notamment par la famille Badinter !" Le public, hilare, en redemandait.
Plus tard, parlant des grands chantiers urbanistiques en Europe, il s'en est pris à Bertrand Delanoë : "C'est bien les Nuits blanches et la plage à Paris, mais c'est peu d'ambition pour une telle ville." Dans la foulée, il a dénoncé "le communautarisme" du PS, citant Martine Aubry qui n'aurait pas respecté le principe de laïcité en aménageant des horaires de piscine pour les musulmanes - en réalité, pour les femmes en surpoids. En outre, il a fait siffler l'accord passé entre les Verts et le PS, prenant pour exemple... François Mitterrand, un homme qu'il a pourtant "combattu", mais qui a su être fidèle à la tradition nucléaire de la France. "Je m'adresse à ceux qui veulent singer Mitterrand. N'est pas Mitterrand qui veut !" a-t-il estimé, avant de se lancer dans une nouvelle démonstration, tout en humour, contre son rival socialiste : "Il veut fermer Fessenheim à cause de ce qui s'est passé à Fukushima. Ah, bon ? (...) J'ai pris une carte de France, j'ai regardé Fessenheim, en Alsace. La plage, c'est loin !"

Appel aux électeurs du FN et du MoDem

Pour le reste, le président-candidat a déroulé une partie de son programme, se concentrant sur les thématiques régaliennes : immigration, insécurité, justice. Entre un éloge des racines chrétiennes de la France et une condamnation ferme de l'assistanat, il a redit son envie de frontières pour l'Europe, sinon pour la France. Devant un auditoire composé de nombreux seniors, il a rappelé sa proposition de verser les pensions de retraite le 1er du mois, et non plus le 8, s'il était réélu. Condamnant la promesse de Hollande de retirer les troupes françaises d'Afghanistan, il a jugé "indigne d'abandonner nos alliés en rase campagne. C'est une question d'honneur."
Enfin, le président-candidat a tenu à s'adresser "aux électeurs du Front national", chose rare, du moins, en meeting : "Je comprends vos souffrances, mais le vote FN les accroîtra. Voter FN, ça profitera à la gauche." Il s'est ensuite adressé "aux électeurs centristes", autrement dit à ceux de François Bayrou, dans l'hypothèse d'une alliance avec le PS, en leur demandant ce qu'ils ont de "commun" avec Jean-Luc Mélenchon.
Et le candidat du peuple d'appeler les militants à se réunir "nombreux" le 15 avril prochain, place de la Concorde, et les Français "à faire abstraction de leurs votes passés. Ce vote n'est pas un vote d'habitude, mais de conviction."

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