du caniveau !
La « baston verbale », est une marque de la politique « made in France » à laquelle il serait dommage de renoncer au nom d’une quelconque modernité. Les petites phrases inamicales et les tweets vengeurs de cette campagne ne sont d’ailleurs qu’aimables chicaillas de cours de récré en comparaison à la violence (et au talent) des invectives d’un Clemenceau, aussi bien à l’égard du nationaliste Déroulède, convoqué épée à la main sur le pré, que du socialiste Jaurès traité de « couard ». Ces charges oratoires lui valurent le glorieux surnom de Tigre. Dans les années 1970, le ministre du Plan Alain Peyrefitte accusait Georges Marchais de préparer l’arrivée des chars soviétiques sur les Champs-Elysées. Le leader communiste répliquait en brandissant une photo du dit Peyrefitte aux côtés de Liliane Bettencourt (déjà) « portant un collier de diamants équivalent à 150 Smic ».
La différence avec la génération 2012, c’est que la méchanceté du propos servait une cause, un programme, un contenu. Clemenceau voulait la république contre Déroulède et la revanche sur l’Allemagne contre Jaurès. Marchais promettait la nationalisation de l’industrie et Peyrefite réclamait la libéralisation du rail et de l’électricité.
Le spectacle des mots, les petites phrases assassines mettent du piment dans une campagne quand elles servent la comparaison sur un fond solide, quand elles valorisent un programme crédible ou au contraire démontent non pas la personnalité d’un adversaire mais les projets et les propositions qu’il porte. Pour le moment, cette campagne n’existe que par cette mousse médiatique, amplifiée par le fameux buzz. L’invective, l’insulte, la parabole deviennent des finalités et non des outils au service d’idées. Il devient urgent de relever le niveau pour sortir du caniveau.
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