TOUT EST DIT

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vendredi 17 février 2012

« Goulash-libéralisme » 

 Avant la chute du Mur de Berlin, la Hongrie avait la réputation d’être « la baraque la plus agréable du camp socialiste ». Grâce au « goulash-communisme », un mélange d’individualisme politique et économique avec de vrais champs de respiration… en restant officiellement dans la ligne du parti totalitaire. C’est vrai, dans les années 1980, la Hongrie n’avait vraiment rien de commun avec l’URSS de Brejnev, la RDA de Honecker ou la Roumanie de Ceausescu ! Le pays se libéralisait à petits pas tout en jurant une « indéfectible obéissance » à Moscou et en assurant respecter les remontrances du Kremlin.

 Et aujourd’hui ? L’actuel gouvernement de Viktor Orban pratique la même recette : faire pleuvoir les « igen » (« oui » en langue magyare) face aux observations européennes pour mieux asseoir son « goulash-libéralisme », un régime à vocation hégémonique, populiste à outrance, pourtant déjà débordé sur sa droite par des groupes fascisants. Ceux-ci, selon les sondages, accapareraient 23 % des intentions de votes… à ajouter idéologiquement au FIDESZ d’Orban. Tout cela dans des relents nationalistes autour de la « Grande Hongrie » d’avant le traité du Trianon, de l’« hymne de la Transylvanie » (une région de Roumanie où vivent de nombreux Hongrois) et de la « chasse aux fainéants » dont l’assistance passe pour responsable de la crise économique. C’est-à-dire les 600 000 à un million de Roms, une minorité discriminée depuis l’empire des Habsbourg.

Évidemment, sous la pression de la Commission de Bruxelles et du Parlement de Strasbourg, le gouvernement hongrois pliera comme il le faisait face aux maîtres moscovites. Il fera de la sémantique, se prêtera, la main sur le cœur, à tout ce qui est exigé. En même temps, le FIDESZ d’Orban placera ses obligé(e)s partout où il le faut : à la Banque centrale, à la Cour constitutionnelle, dans la presse… 

L’Europe institutionnelle – dans la mesure où elle existe encore – fait ce qu’elle peut face aux dérives de la Hongrie, Etat-membre depuis 2004. Le vrai défi concerne les Etats. Si nombreux à condamner l’Autriche en 2000 à cause de la participation de l’extrême droite de Jörg Haider au pouvoir, inaudibles à l’arrivée des néo-fascistes dans le gouvernement Berlusconi de 2001, étrangement silencieux face à Budapest. Comme si dans une Europe aujourd’hui majoritairement à droite, le populisme avait désormais sa respectable place. Quitte à - un peu, juste pour la forme – corriger son langage…

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