samedi 3 septembre 2011
Efficacité des politiques
Au moment où va débuter la campagne pour l'élection présidentielle, alors que la crise économique se poursuit, on entend souvent dire que, de toute façon, les politiques n'y peuvent rien. Cette attitude désabusée est dangereuse pour notre démocratie. En effet, si tel était le cas, à quoi bon débattre et faire campagne, à quoi bon voter ?
En 2007, au début de ce quinquennat, le Premier ministre actuel, M. François Fillon, avait déclaré qu'il se trouvait à la tête d'un pays « en état de faillite ». Il avait été, semble-t-il, vertement rabroué ; d'abord parce qu'on contestait la réalité de ce constat ; ensuite, parce qu'on affirmait qu'un pays ne peut pas se trouver en état de faillite. Cette dernière assertion paraît fausse quand, par exemple, on regarde une nation comme la Grèce (ou bien les États-Unis) dont « quasiment tous les États sont en faillite » si l'on en croit Claude Bébéar (1). L'analyse de M. François Fillon paraît aujourd'hui tout à fait pertinente.
Si l'on avait tiré les conséquences de ce que disait le Premier ministre, nous n'en serions probablement pas là où nous en sommes aujourd'hui, face à des problèmes si graves que certains croient les politiques incapables de les résoudre. Pourtant, dans d'autres pays, les gouvernants avaient perçu le danger, comme le Premier ministre français et même avant lui. Des mesures avaient été prises au Canada, en Suède, par exemple, et aussi en Allemagne par le Chancelier Schröder. Ces pays sont aujourd'hui en meilleure posture que la France pour affronter la crise. C'est bien la preuve que les politiques peuvent agir. De plus, dire que les gouvernants sont impuissants, c'est nier leur responsabilité, c'est-à-dire les effacer davantage, les rapetisser encore. Ce serait attiser le désir, latent chez certains, de trouver l'homme providentiel, l'homme fort qui règlerait les questions...
Aux citoyens de les choisir
On accuse la finance, les marchés d'être à l'origine de nos malheurs, mais qu'est-ce que l'on désigne par ces mots, sinon des décisions, des orientations qui sont prises par des hommes. Ceux-là peuvent avoir leurs défauts, à commencer par celui de l'avidité qui les incite à poursuivre la satisfaction de leurs intérêts personnels plutôt que la réalisation du Bien commun. Cependant, ces hommes agissent dans des pays où des lois, des règlements existent. C'est bel et bien aux politiques de veiller à leur application et de les améliorer au besoin pour « éviter les abus de pouvoir des marchés » (1).
Ainsi, on critique l'euro que l'on accuse de tous nos maux. Pourtant, ce qui est critiquable, c'est de ne pas avoir appliqué avec assez de rigueur les règlements concernant cette monnaie. Ne devait-on pas rester au maximum à 3 % de déficit pour que l'édifice ne soit pas fragilisé ? Or, la plupart des pays de la zone euro ont allègrement dépassé ce chiffre. C'était bien aux gouvernements d'éviter une telle dérive. Et c'est aujourd'hui seulement que ces gouvernements, en Europe, s'avisent de leur erreur et s'efforcent de faire adopter par leurs parlements la règle d'or interdisant de voter des budgets par trop déficitaires.
C'est ainsi reconnaître l'erreur commise et montrer qu'on peut ne pas la prolonger, ce qui manifeste l'efficacité possible du politique. Les politiques ont bien les capacités d'agir. Mais à condition qu'ils échappent à « l'imprévoyance, à la pusillanimité, à la tromperie, à l'incompétence, à la couardise » (1). Aux citoyens, donc, de sélectionner les femmes et les hommes honnêtes, compétents, courageux et... avides, avides de servir le Bien commun hors de toute démagogie.
(1) Les Échos, supplément, septembre 2011
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