TOUT EST DIT

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mercredi 28 décembre 2011

L'euro fête ses dix ans sans tambour ni trompette

Dix ans et pas tout à fait toutes ses dents. Voilà une décennie que l'euro a remplacé dans les porte-monnaies de millions d'Européens le franc, le mark ou la lire, après avoir conquis les marchés financiers dès 1999. Mais même fort aujourd'hui d'une armée de pièces et de billets, présente dans 17 pays européens (332 millions de personnes), la monnaie unique n'est pas parvenue à s'imposer définitivement. Entre les marchés qui remettent en cause jusqu'à son existence et les politiques qui veulent lui faire la peau, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Pierre Chevènement en tête dans l'Hexagone, la devise européenne « fête » son anniversaire sans tambour ni trompette.
« Tout semblait aller pour le mieux jusqu'à la crise financière, qui a mis en lumière les failles institutionnelles de la zone euro », explique Philip Whyte, chercheur au Centre for European Reform de Londres. La crise de la dette, survenue en Grèce en 2010 avant de gagner les autres pays membres, n'a rien arrangé.

La zone euro a "sous-estimé les risques"

Eurosceptiques et europhiles se livrent désormais un duel sans merci. Les premiers reprochant à la monnaie unique d'être surévaluée et de pénaliser les exportations quand ses défenseurs louent « des prix stables pour les consommateurs, plus de sécurité pour les entreprises et les marchés ». Tout le monde a « sous-estimé les risques », juge Philip Whyte, pour qui la forte baisse des taux d'intérêt après l'arrivée de la monnaie unique, notamment en Europe du Sud, a incité gouvernements, entreprises et ménages à s'endetter démesurément.
En dépit de ses avantages indéniables pour voyager, « les consommateurs n'ont jamais été très heureux (avec l'euro), ils ont toujours gardé cette perception initiale qu'il signifiait une augmentation des prix », constate André Sapir, économiste du centre Bruegel de recherche sur les politiques économiques en Europe. Si la BCE a effectivement veillé à la stabilité des prix, avec une inflation limitée à 2% par an en moyenne depuis 1999, la focalisation des consommateurs sur leurs achats quotidiens comme le pain ou l'essence a provoqué un phénomène d'inflation ressentie dans tous les pays où l'euro a été introduit. Et ceux qui font toujours la conversion dans leur monnaie nationale « la font fatalement avec les prix d'il y a 10 ans », d'où le sentiment de forte inflation qu'éprouvent de nombreux Européens encore aujourd'hui, selon André Sapir.
Personne ne songe sérieusement à un retour aux anciennes monnaies nationales même si la nostalgie gagne du terrain, notamment chez les Allemands, qui étaient très attachés au deutschemark synonyme du miracle économique d'après-guerre et qui ont l'impression de devoir toujours passer à la caisse pour leurs voisins. Selon les économistes, une fin de l'euro serait catastrophique pour les banques européennes, à cause de la dépréciation prévisible des monnaies des pays d'Europe du Sud dont elles sont créancières. Et l'Allemagne, dont la monnaie s'apprécierait considérablement, verrait fondre sa compétitivité à l'export, avec des pertes d'emplois massives à la clé.

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