TOUT EST DIT

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mercredi 14 décembre 2011

Le paysage politique change

Normalement, l’annonce, hier, de la candidature de Dominique de Villepin aurait dû être un nonévénement. En quête d’argent, de militants, de signatures et de tranquillité judiciaire, le monsieur 1 % des sondeurs devrait être le compétiteur le plus ignoré. Or, voici que la droite, surprise par sa fougueuse persévérance, ne parle que de lui.

Concurrencé par l’extrême droite et le centre, Nicolas Sarkozy pensait la voie assez dégagée, après le retrait de Jean-Louis Borloo, pour effectuer un premier tour prometteur. L’incertitude FN, que l’on pressent plus puissant que ne le disent les enquêtes, et la multiplication des candidats – sept entre Bayrou et Le Pen – compliquent la tâche du Président.

Certes, tous les compétiteurs n’auront pas les moyens d’aller jusqu’au bout. Mais un pour cent par ci, un pour cent par là, peuvent suffire à provoquer un 21 avril à l’envers ou à cantonner le candidat de l’UMP dans un score médiocre. Dans cette affaire, pourtant, le plus intéressant n’est pas l’arithmétique, mais ce qu’elle dit de l’état d’une droite divisée sur des questions fondamentales.

La crise et le creusement des inégalités, accéléré depuis trois ans, accentuent la fracture entre deux droites autour de l’Europe, du social, de la sécurité, de l’immigration… Entre la « droite populaire », aile radicale de l’UMP, et le Front national, qui affiche un visage républicain et une aspiration à gouverner un jour, la porosité idéologique s’accélère.

En termes de valeurs, voire de propositions, les démocrates chrétiens et les gaullistes de la majorité ont autant à voir avec les centristes, et même la gauche progressiste, qu’avec cette droite conservatrice.

Recomposition en direct

C’est dans ce climat qu’il faut évaluer l’impact de la candidature Villepin, un homme allergique aux extrêmes. Elle est le signe supplémentaire qu’une défaite de Nicolas Sarkozy s’accompagnerait, ce que tous ses dirigeants redoutent, d’un éclatement de l’UMP. C’est avec ces lunettes qu’il faut regarder l’utilisation à la va-vite, hier, du thème du « made in France » pour recoller des pôles divergents de sa majorité.

La gauche n’est pas à l’abri de cet émiettement. Au fur et à mesure que François Hollande et François Bayrou semblent converger, sans bien sûr le dire, vers des solutions combinant rigueur, relance et égalité, montent des voix menaçantes. Dans le même débat qu’à droite – ouverture au monde/protectionnisme – le candidat socialiste se trouve en porte-à-faux avec une partie des écologistes, et surtout avec les amis de Jean-Luc Mélenchon et d’Arnaud Montebourg.

Mais il y a une différence avec la droite : dans les électorats de gauche, l’envie de chasser Nicolas Sarkozy du pouvoir est plus forte que les oppositions entre leurs leaders. C’est pour cela que François Hollande s’encombre peu des rodomontades qui viennent de sa gauche ou des concessions qu’on lui réclame. Il sait qu’une grande partie de cette opinion, par envie de changer d’ère plus que par adhésion à son projet, lui sera acquise.

Derrière la forte désapprobation envers Nicolas Sarkozy et la faible approbation de la gauche dure envers François Hollande, on assiste en réalité à une recomposition en direct du paysage politique.
Reste à savoir combien de temps les appareils résisteront aux forces qui les traversent.

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