TOUT EST DIT

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mardi 16 août 2011

Un dictateur mordu par les « rats »

On se croirait dans Tintin avec une rhétorique digne du général Tapioca quand il insulte copieusement le général Alcazar. S’il n’était pas à la tête d’un État, Mouammar Kadhafi pourrait être un personnage de bande dessinée aussi coloré qu’amusant. Et la lecture de son dernier discours dans lequel il s’en prend aux « rats » — les rebelles — qui « fuient devant les masses qui les chassent » serait distrayante pour nous changer des platitudes mièvrement correctes de la politique française.

Hélas, le « guide » libyen existe bien en vrai, il est à la tête du principal pays pétrolier de la Méditerranée depuis 42 ans, et la dernière fois qu’il est venu à Paris, il y a été reçu en grande pompe, lui l’homme qui avait commandité l’explosion de deux 747, et avait failli — c’était à un délire près — exécuter des infirmières bulgares totalement innocentes…

A quoi bon se demander comment un peuple a pu supporter d’être dirigé par un tel homme depuis si longtemps ? La situation libyenne échappe totalement à la raison, à la logique et même aux rapports de force sur le terrain.

Depuis cinq mois, on annonce régulièrement le départ imminent du dictateur, sans suite… Et une fois encore, l’échéance serait très proche avec jet tri-réacteur et hélicos prêts à décoller pour un pays d’accueil.

Mais comment y croire ? Pressées d’en finir sur un théâtre d’opérations que leurs forces n’ont jamais réussi à maîtriser, les diplomaties occidentales ont tant de fois pris leurs rêves pour des réalités, comme si l’épilogue qu’ont connu la Tunisie puis l’Égypte allait de soi.

Certes les opposants semblent pouvoir se prévaloir d’avancées décisives et l’étau se resserre objectivement sur la capitale libyenne. Mais rien n’est clair, tant les forces fidèles au régime continuent de contrôler une partie des zones « conquises », rendant du même coup leurs positions très fragiles, comme à Brega ou à Zawiyah, verrou qui contrôle l’approvisionnement par la Tunisie.

Cet entremêlement des protagonistes hypothèque une suite en douceur des événements. Contrairement aux scénarios tunisiens et égyptiens, le départ du dictateur ne réglera pas d’un coup la résistance de ses partisans.

Plus que Ben Ali ou Moubarak, Kadhafi dispose encore d’une aura personnelle dans une partie de la population. En face de lui, l’opposition, elle, n’offre toujours pas un front uni capable de ramasser le pouvoir et encore moins de l’exercer immédiatement dans des conditions satisfaisantes. Avec un aussi considérable arsenal d’armes circulant dans un si vaste pays, la guerre est de toute façon loin d’être terminée.

Les « Alliés » occidentaux feraient bien d’intégrer ce paramètre. Cette inconnue. La fébrilité de l’Égypte de l’après-Moubarak montre assez que la démocratie, avec ou sans ONU, ne s’impose pas si facilement sur les décombres laissés derrière elle par la défaite d’un tyran.

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