TOUT EST DIT

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vendredi 1 juillet 2011

Dans la caverne de Platon

Tel le mirage décrit par le philosophe athénien, les solutions adoptées pour empêcher que la crise de la dette grecque n'emporte l'euro avec elle sont autant de paradoxes que les Européens ne veulent pas voir, estime le directeur adjoint d'El Mundo. 

Ne nous réjouissons pas trop vite de l’approbation du plan d’austérité grec. La situation n’est pas sans rappeler celle du Mythe de la Caverne, la célèbre allégorie de La République de Platon. Nous autres Européens sommes dans le rôle des esclaves enchaînés depuis la naissance qui ne voient que les ombres des objets qui sont derrière eux. Et c’est pour cette raison que nous ne voulons pas voir la réalité de la crise grecque.
Dans le cas grec, la multiplication des raisonnements absurdes dépasse l’entendement.
Pour la première fois, on a réussi par exemple à faire passer pour solvable un pays techniquement en faillite. L’UE insiste pour sauver un pays ruiné, avec un déficit budgétaire qui représente 10% du PIB et une dette de 350 milliards qui dépasse les 150% de toute la richesse produite en un an. Et elle veut nous faire croire que sans privatiser les actifs de l’Etat (en supposant que quelqu’un voudrait les acheter) on pourra éponger la dette.
Cette aberration s’explique par une autre aberration encore plus énorme, qui consiste, selon Merkel et Sarkozy, à nous faire croire que nous prenons nous-même les décisions alors qu’en réalité on nous les impose. Et c’est ce qu’ont pu vérifier les banques allemandes et françaises qui ont été invitées à remettre une partie de la dette grecque. Au final, il n’y  pas d’annulation de la dette au sens strict, mais bien un rééchelonnement généreux de la dette.
Autre paradoxe, ce réajustement qui n’en est pas un. La Grèce a reçu il y a  un an 110 milliards qui n’ont servi à rien. Le gouvernement de George Papandréou, que tout le monde est si prompt à blanchir, devait appliquer un plan strict d’austérité. Mais malgré tout ce qu’on a entendu sur les tourments infligés aux Grecs, ce n’était apparemment qu’un écho déformé de la réalité. L’eurodéputé du PP Antonio López Istúriz a révélé il y a quelques jours de qu’au lieu de privatiser 55 entreprises publiques pour réduire la dette publique, Athènes en avait nationalisé 41 autres. Quatrième paradoxe : ce sauvetage va finir par couler le pays.
Le leader de l’opposition Antonis Samaras n’avait pas tort quand il disait que l’augmentation des impôts allait faire s’effondrer l’économie et  augmenter encore plus la fraude fiscale. Si Papandréou avait été un peu plus audacieux, il aura réduit le nombre des fonctionnaires non de 15% mais de 25% et il ne se serait pas limité à privatiser 50 milliards d’actifs mais bien la totalité des 300 milliards d’actifs disponibles. Car pour corriger les comptes de cette fumisterie grecque, seules des mesures radicales s’imposent.
Dans l’allégorie de Platon, un esclave parvient à sortir de la caverne, il y découvre la réalité extérieure et retourne dans la caverne pour expliquer à ses compagnons que les ombres ne sont pas la vérité, qu’à l’extérieur existent des choses qui sont la cause et le fondement de ces ombres. Les esclaves commencent par se moquer de lui et comme il insiste, ils envisagent même de le tuer.
Samaras est le seul à être sorti de la caverne grecque et c’est pour cela qu’il a si mauvaise presse, Papandréou lui est encore à mi-chemin et la majorité des Grecs et des Européens sont derrière, aveuglés par le soleil.

OPINIONS

Oui à l'austérité pour tous

Oui à l'austérité pour tous
"ναί!", "Oui !" en grec, titre Die Presse, au lendemain du vote par lequel les députés grecs ont adopté la première partie du plan d'austérité de 78 milliards d'euro censé sauver le pays de la faillite. Ce "oui", affirme le quotidien de Vienne, s’applique bien au-delà de la Grèce : selon le quotidien viennois en effet, pour d'autres pays européens potentiellement en faillite – le Portugal, l'Irlande ou l'Espagne, voire l'Italie – "faire des économies radicales représente la seule porte de sortie". "Les protestations sont violentes", admet Die Presse, "mais l'obligation d'économiser est inévitable. Des gouvernements s'effondrent, et les nouveaux, qui jouaient les opposants bruyants auparavant, sont obligés de mettre en œuvre ces mêmes politiques que leurs prédécesseurs ont dû abandonner. Ils sont tous en butte à des structures rouillées, une fonction publique inflexible et inéfficace, des privilèges et des sinécures défendus depuis trop longtemps par leurs titulaires et à des systèmes sociaux qui ne sont plus viables".
La Frankfurter Allgemeine Zeitung rend elle aussi hommage à "l'exemple grec", et en particulier au Premier ministre d’Athènes : "Aucun Premier ministre ne voudra payer le prix que le gouvernement Papandréou est obligé de payer", écrit ainsi le quotidien allemand : "le gouvernement grec à dû abandonner la souveraineté nationale dans une mesure qui dépasse de loin ce qui est habituel et nécessaire pour un Etat membre de l'Union européenne. Depuis des mois, les représentants du peuple grec, pourtant élus, ne peuvent plus prendre de façon indépendante des décisions cruciales."

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