TOUT EST DIT

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samedi 28 mai 2011

La personne : une imprenable citadelle


Prisonniers oubliés dans des geôles qui sont soit d'un autre temps, soit ultramodernes et qui, trop souvent, dans les deux cas, ne respectent pas la dignité de la personne. Disparus, faussement recherchés, parfois par ceux-là même qui les ont éliminés.

Individus arrêtés qui ne savent même pas ce qui leur est reproché et qui croupissent dans des culs-de-basse-fosse en attendant des mois, des années que leur procès ait lieu et qu'ils puissent enfin se défendre.

Torturés, massacrés, parce qu'ils sont d'une autre ethnie, d'un autre parti.

On pourrait ainsi poursuivre la litanie des malheurs infligés à l'homme par l'homme et cela malgré la déclaration des droits de l'homme ratifiée par presque tous les gouvernants du monde. Comme il est vaste, l'écart entre les droits proclamés et les faits, les tristes faits vécus...

« Les prisonniers oubliés », c'était le titre de l'article qu'un avocat britannique, Peter Benenson, publiait, le 28 mai 1961, dans le journal The Observer. L'auteur y demandait l'amnistie (suppression d'une peine pénale) pour deux étudiants portugais emprisonnés sous la dictature de Salazar, pour avoir porté un toast à la liberté. Ce jour-là, la célèbre organisation Amnesty International était née. C'était il y a cinquante ans. C'est cet anniversaire qui est fêté aujourd'hui par les quelque trois millions de sympathisants et d'adhérents, qui militent dans plus de 150 pays.

Amnesty International, qui s'est vu décerner le Prix Nobel de la Paix en 1977, a rendu quelque 20 000 rapports et mené plus de 3 000 missions. Protestations, campagnes publiques de soutien, manifestations, lettres aux autorités font partie de l'arsenal de l'association, mais la médiatisation n'est pas toujours la meilleure méthode, car elle peut accroître le péril pour les personnes concernées.

Le champ d'actionreste immense

Aussi, Amnesty International recourt également à la médiation, aux négociations diplomatiques. Le résultat est, globalement, que de nombreux prisonniers d'opinion ont été libérés grâce à ses actions. Rappelons-nous Sakharov, le dissident soviétique, ou Rigoberta Menchu, porte-parole des Indiens du Guatemala. Aujourd'hui, ce sont les 172 prisonniers restant à Guantanamo, ce sont les prisonniers politiques en Syrie, en Libye ou les massacrés de Côte d'Ivoire sur lesquels se porte l'attention.

Le champ d'action reste immense : l'abolition de la peine de mort dans le monde entier, la défense de la liberté d'expression, l'exigence de réparations pour les victimes, l'obligation de rendre des comptes pour les gouvernants qui commettent des exactions, etc.

Aujourd'hui, Amnesty International rassemble, en France, plus de 400 groupes et antennes qui militent aux quatre coins du pays pour faire avancer les campagnes menées au national ou à l'international.

La mondialisation, qui crée tant de problèmes, appelle aussi cette mondialisation des intelligences et des coeurs. Amnesty International fut parmi les premières organisations à savoir rassembler ces bonnes volontés, ces lucidités, ces courages qui permettent à l'indignation, non seulement de s'exprimer, mais aussi de rétablir cette dignité qui fait de chaque personne une « imprenable citadelle ».
François Régis Hutin

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