mercredi 30 mars 2011
Impuissance
Les cantonales ont été plus qu’un tour de chauffe. En formule 1, on parlerait de séance de qualification, car elles vont influer sur la grille de départ de la présidentielle. Au PS, par exemple, François Hollande se fixait une victoire en Corrèze comme étape obligée d’une marche vers l’Élysée. Il a gagné, il sera donc candidat à la candidature. S’il se décide à entrer dans la danse, Dominique Strauss-Kahn aura au moins un poids lourd sur son chemin, et peut-être deux, car les gains socialistes de dimanche rejaillissent également sur la première secrétaire, Martine Aubry. C’est une constante au PS : les succès régionaux et locaux, en aiguisant les ambitions, compliquent la donne plutôt qu’ils ne la simplifient. La victoire des cantonales n’est pas un gage de sérénité en vue des primaires, loin de là !
Du côté de l’Élysée, on regardait avec gourmandise la gauche aiguiser les couteaux de la discorde. Mais c’était avant les cantonales, et celles-ci ont mis la pagaille au Château, dispersant les soutiens du président de la République comme un coup de tonnerre fait s’envoler une nuée de moineaux. Depuis qu’ils voient les suffrages de droite partir par paquets vers le Front national, les amis de Jean-Louis Borloo, les centristes, les chiraquiens s’en prennent – un peu tard quand même ! — à la droitisation du discours présidentiel. Entre les deux tours, François Fillon a contredit le chef de l’État sur le « ni FN, ni PS ». Hier, le porte-parole du gouvernement, François Baroin, a souhaité l’arrêt du débat sur l’islam, ce qui apparaît comme un blasphème, quand on connaît l’amour de l’UMP — et du président – pour les débats qui fâchent les Français entre eux. Ces insolentes sorties sont en général suivies par des assurances d’indéfectible fidélité au chef de l’État, mais celles-ci ne trompent personne. Au sein du gouvernement, une fracture de plus en plus nette se dessine entre les sarkozystes et les autres.
Une fracture qui mène à la paralysie. Les rappels à l’ordre du président ne sont plus écoutés par personne, mais il est périlleux de changer de cheval. En 1974, l’appel de 43 élus de droite avait promu, à l’initiative de Jacques Chirac, la candidature de Giscard en lieu et place de celle de Chaban-Delmas. Mais celui-ci n’était pas président sortant… Désavouer Nicolas Sarkozy serait infiniment plus risqué. La droite grogne, mais c’est surtout d’impuissance.
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