Le 10 janvier, le président français abordera ses priorités à Washington avec son homologue américain Barack Obama.
Les grands axes de son action sont connus, comme la lutte contre la volatilité des prix des matières premières ou l'amélioration de la gouvernance mondiale. Le chantier le plus emblématique mais aussi le plus complexe est la réforme du système monétaire international (SMI).
"Il faut un nouveau système monétaire international", martèle Nicolas Sarkozy depuis quelques mois, dénonçant le "non système" issu de la fin, en 1971, de la convertibilité en or du dollar.
C'est en fait un vieux cheval de bataille de Paris. Déjà en 1996, la France prenait les rênes du G7 des pays les plus industrialisés en promettant de stabiliser le SMI, mais n'obtenait in fine qu'une énième déclaration d'intentions.
Quinze ans et une crise financière mondiale plus tard, le sujet revient sur la table.
Mais la "guerre des monnaies" entre les puissances et son lot d'accusations mutuelles d'interventions égoïstes sur le marché des changes a cette fois convaincu plus d'un acteur de la nécessité d'agir.
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a ainsi fait de la promotion d'un SMI "plus stable" une "priorité" pour 2011, évoquant "l'aggravation des déséquilibres mondiaux, la volatilité des flux de capitaux et des taux de change, et l'accumulation des réserves en grande masse".
Le système "ne fonctionne pas aussi bien qu'il le devrait", a aussi admis le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke, pourtant accusé d'avoir unilatéralement injecté 600 milliards de dollars dans son économie. En cause selon les Américains: la sous-évaluation artificielle du yuan chinois.
La Chine elle-même semble disposée à participer au débat, qui devrait prendre la forme d'un séminaire international au printemps.
Reste à définir les contours d'une réforme. Là, les positions divergent et la France se veut prudente. "On est dans une phase de consultation", assure-t-on de source gouvernementale. "Nous allons en début d'année lancer des axes de réflexion, tâter le terrain, affiner le calendrier et les priorités".
Pas question pour l'instant de formuler des propositions précises. Pourtant, le temps presse déjà avant la première réunion des ministres des Finances du G20, les 18 et 19 février à Paris.
Quelques pistes ont tout de même été esquissées. La ministre de l'Economie Christine Lagarde a plaidé pour une "diversification" des devises de réserve internationales, une prérogative de facto dévolue au seul dollar.
Les experts restent toutefois sceptiques. "Un solution collective semble être hors de portée" tant "les intérêts des pays à court terme" sont "divergents", relevait Eswar Prasad, économiste à la Brookings Institution.
Du coup, Paris semble hésiter sur le ton à adopter, oscillant entre un volontarisme ambitieux - "On ne peut plus rester dans cette pagaille monétaire", lançait Nicolas Sarkozy en novembre - et un réalisme prudent - ces dossiers, "colossaux", "ne pourront être achevés au terme d'une seule année", relativisait-il.
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