TOUT EST DIT

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samedi 28 août 2010

Salut les copines

Ah que c'est beau les professions de foi d'unité ! Les promesses adolescentes. Ségolène et Martine. Martine et Ségolène. Salut les copines. Elles sont des amies, pour la vie. Enfin... pour deux ans, officiellement. Une alliance sacrée contre le loup de l'Élysée qui doit résister à tout. Aux ambitions contrariées, aux rancoeurs, aux rancunes. Les déclarations d'abnégation sont tellement plus intenses quand elles sont faites devant une forêt de caméras et de micros tendus pour immortaliser ces instants d'éternité. Si je mens, je vais en enfer, etc. Les vieux routiers du circuit connaissent la musique...
Il ne manquait vraiment que le feu de bois et les carnets de chants hier à la Rochelle. Des scènes surréalistes pour tous ceux qui avaient assisté aux déchirements du congrès de Reims, il y a vingt mois. Décidément, tout est possible en politique... même l'extinction des haines les plus durables. Quand les intérêts sont communs, on peut tout effacer, tout oublier, tout mettre en pause, le temps qu'il faut.
Entendre Ségolène Royal entonner le refrain du rassemblement, suggérer qu'il n'y a pas une feuille de papier à cigarettes entre elle et la première secrétaire fait un peu sourire, tout de même. L'ancienne candidate ne manque pas une occasion de se démarquer de la direction du parti. Et de faire ouvertement bande à part. Il n'y a pas trois jours, elle faisait encore écouter sa différence sur la sécurité et sur la stratégie à adopter dans la critique de Nicolas Sarkozy. Elle se réservait même le droit de reprendre sa liberté en cas de primaires déloyales. Mais avec le culot d'enfer qui la caractérise, elle parvient aujourd'hui à jouer sur les deux tableaux.
Ségolène et Martine ont mis en scène leur affection nouvelle parce qu'elles savent l'une et l'autre que le moindre discours diviseur serait mortel. Pour le moment, le plus rentable, c'est de jouer collectif. Pour le moment. Mais après ?
Le romantisme de La Rochelle peine à faire oublier que l'unité retrouvée reste artificielle. Les rivalités sont seulement mises en sourdine et le poison des sondages montrant que chacun des prétendants - même François Hollande - peut battre Nicolas Sarkozy, risque de faire peu à peu son œuvre. Autrement dit, personne ne voudra lâcher le morceau.
Conscient du danger, le PS en est encore à scénariser ses bises de réconciliation avant d'avoir réussi à démontrer qu'il avait trouvé une ligne commune. Cette incapacité à définir une vision partagée reste une bombe à retardement.

Olivier Picard

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