TOUT EST DIT

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mercredi 14 juillet 2010

L'EXPANSION : Comment David Pujadas aurait pu argumenter contre Nicolas Sarkozy

Lors de son intervention télévisée sur France 2, le président de la République a multiplié ce lundi les approximations et asséné quelques contre-vérités. LExpansion.com les met en évidence.

Eric Woerth: " mon conseil c'est plutôt qu'il abandonne cette responsabilité de trésorier"

Nicolas Sarkozy a commencé son intervention en assurant qu'Eric Woerth était "honnête" et "compétent". Mais il lui a tout de même "conseillé" d'abandonner ses fonctions de trésorier de l'UMP, pour éviter toute polémique. Ce que s'est empressé de faire Eric Woerth ce mardi. Le potentiel conflit d'intérêt, pourtant, était éclatant quand Woerth était ministre du Budget, pas ministre du Travail : superviser la collecte des impôts tout en sollicitant les dons des plus fortunés, cela avait suscité des interrogations dès la fin de l'année dernière. Mais Eric Woerth, interpellé par un député socialiste, les avait qualifiées de "stupides". Il faut croire qu'elle ne l'étaient pas tant que ça, puisque Nicolas Sarkozy vient d'annoncer la création d'une commission chargée de réfléchir la prévention des conflits d'intérêt.

"Liliane Bettencourt paie plusieurs millions d'euros d'impôts par mois. Par mois !"

Interrogé sur les 30 millions d'euros qui ont été remboursés à la milliardaire au titre du bouclier fiscal, Nicolas Sarkozy s'est défendu en assurant que Liane Bettencourt payait suffisamment d'impôts. "Plusieurs millions par mois". C'est vrai. Elle a elle-même indiqué que, depuis dix ans, elle avait payé au fisc quelques 400 millions d'euros. 40 millions par an. Plus de 3 millions par mois. Cela paraît évidemment énorme pour un contribuable lambda. Mais pour Liliane Bettencourt, c'est une paille. Sa fortune dépasse les dix milliards d'euros, ce qui relativise les sommes payées aux impôts : moins de 0,5% du patrimoine total...Surtout quand on sait qu'elle-même a admis posséder en Suisse des comptes non déclarés pour une valeur de 78 millions d'euros.

"Il existait avant mon élection des contribuables qui payaient 100% d'impôt, c'est-à-dire il gagnait 1000, ils payaient 1000 et ils partaient tous"

C'est très fortement exagéré. D'abord, le bouclier fiscal ne bénéficie pas en priorité aux personnes qui devaient s'acquitter d'un impôt égal à 100% de leurs revenus. Ce mythe de la "retraitée de l'île de Ré", prise à la gorge par un patrimoine dont la valeur a explosé mais sans ressources, a été largement battu en brèche par divers rapports parlementaires. Le bouclier fiscal bénéficie d'abord aux plus riches : quelque 1055 contribuables avec un patrimoine de plus de 16 millions d'euros ont empoché en 2009 une restitution moyenne de 363.872 euros, pour un coût de 383 millions d'euros. Soit plus de la moitié des sommes monopolisées par le dispositif pour les 6% les plus riches. Et le bouclier fiscal n'empêche pas l'exil fiscal : le nombre de personnes fuyant le fisc à l'étranger a même légèrement augmenté : 821 en 2008, contre 719 en 2007.

"Je ne suis pas naïf, je vois bien que derrière tout ça il y a des officines, il y a des gens"

Interrogé sur le site d'information Médiapart, à l'origine de nombreuses révélations sur l'affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy a estimé qu'il y avait derrière certains médias, des "officines", et "des gens". Mais le président de la République n'est pas allé au delà de ces insinuations. Pourquoi, alors, ne pas avoir demandé quelles sont ces officines - "endroits où se trame quelque chose de secret, de nuisible, de mauvais", selon le dictionnaire - et qui sont les gens qui les fréquentent? S'agit-il d'un vaste complot aux ramifications internationales? Ou s'agit-il simplement de stigmatiser les nombreuses personnalités d'opposition qui ont soutenu le lancement de Mediapart? A moins que cette attaque ne vise plus précisément la Société des amis de Médiapart dont un des principaux contributeurs financiers n'est autre que Xavier Niel, le fondateur de Free, qui, associé à Pierre Bergé et Matthieu Pigasse vient de racheter Le Monde malgré l'opposition du président...

"Mme Merkel et moi, nous avons dû apprendre à nous connaître. Nous nous faisons confiance"

Il est certain que la situation s'est améliorée entre ces deux personnalités qui n'ont jamais vraiment réussi à s'entendre. Il y a quelques mois seulement, les sujets de discordes étaient si nombreux qu'ils étaient devenus difficiles à recenser: la compétitivité allemande, le pacte de stabilité, le fonds de garantire bancaire... et encore très récemment l'interdiction des ventes à découvert par l'Allemagne. Mais avec le G20 de Toronto chacun des deux pays a dû mettre de l'eau dans son vin, notamment pour porter ensemble le projet de taxe bancaire et soutenir la nouvelle vision européenne de la rigueur. Est-ce à dire qu'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont vraiment réconciliés ? Le Président français en tous cas l'a garanti. La preuve, il a même fini par admettre qu'"on ne peut pas faire payer à l'Allemagne le nazisme jusqu'à la fin des temps". Pas sûr que cette nouvelle allusion à l'époque hitlériennede l'Allemagne ait les effets escomptés. Par contre, une phrase devrait faire sourire outre-rhin. "Moi, j'admire le modèle économique allemand, a déclaré Nicolas Sarkozy quelques mois après que sa ministre de l'Economie, Christine Lagarde, ait mis en cause le poids de l'Allemagne dans les déficits européens..
"le G20 est une invention française"

Si au moins l'histoire lui donnait raison.... Le G20 a été créé en 1999 à l'initiative du ministre de l'économie canadien Paul Martin, lors d'une réunion des ministres des finances des grandes puissances mondiales. Depuis, il a pris en grade en se substituant l'année dernière au G8. Mais là encore, la France n'y a pas été pour grand chose. Sans une impulsion américaine forte, il n'est pas sûr que cette métamorphose aurait eu lieu. Depuis, les G20 se sont succédé avec une priorité affichée, la réforme de la régulation financière. Mais si la France s'est voulue force d'impulsion lors de ces sommets très médiatiques, elle n'a obtenu que des engagements très relatifs. Et n'aurait probablement rien obtenu du tout, si elle avait dû affronter les autres grandes puissances seule, sans l'aide de l'Allemagne et du reste de l'Europe...

"Il faut que l'actuelle actionnaire principale de l'Oréal, reste propriétaire de l'entreprise, et que l'Oréal ne parte pas dans un autre pays. (...) C'est les employés qui perdraient leur emploi"

Etonnante déclaration, qui ne survit guère à une analyse approfondie. Ainsi, quand bien même Liliane Bettencourt se verrait remplacée par un autre actionnaire, cela n'aurait a priori pas de conséquences directes sur les emplois français de l'entreprise, ni sur son siège social. En fait Nicolas Sarkozy fait sans doute référence aux rumeurs qui entourent depuis des années Nestlé et L'Oréal. Régulièrement le deuxième actionnaire de l'entreprise est donné comme acheteur potentiel des parts de la famille Bettencourt. Mais cela n'a pas grand chose à voir avec l'affaire Woerth, sur laquelle Nicolas Sarkozy a été interrogé. En réalité, il appartiendra à la justice, et à elle seule, de se prononcer sur la santé mentale de Liliane Bettencourt. Si elle considère que celle-ci est altérée elle prononcera normalement la cession des parts de la mère à la fille, Françoise, qui décidera alors de l'avenir des 30% détenus par la famille fondatrice.

"Le bouclier fiscal existe en Allemagne depuis plus de vingt ans"

Là encore, voilà une information incomplète, voire carrément erronée. Car en Allemagne,il n'existe plus de bouclier fiscal à proprement parler. En effet ce dernier a été supprimé en 2006, en même temps que l'impôt sur la fortune auquel il s'appliquait exclusivement. Il a quand même été précisé par la Cour constitutionnelle que le taux de 50% ne pouvait être dépassé dans le cas de l'impôt sur le revenu. La Constitution, quant à elle, se borne à indiquer que le taux marginal supérieur ne doit tout de même pas être " excessif ". Version Nicolas Sarkozy, "les Allemands y sont tellement attachés (au bouclier fiscal) qu'ils l'ont inscrit dans la Constitution." !

"Il n'y a aucune raison que l'Etat s'impose une gestion rigoureuse et que les collectivités territoriales, notamment les régions, continuent une politique d'augmentation du nombre de fonctionnaires: 34.000 chaque année depuis 10 ans à compétence constante"

Oui, le nombre des fonctionnaires locaux continue d'augmenter alors que celui des agents de l'Etat diminue avec l'application de la règle du non remplacement d'un départ à la retraite sur deux. Nicolas Sarkozy et François Fillon ne cessent de le dire et d'inviter les pouvoirs locaux à faire des efforts, notamment les Régions, contrôlées quasi exclusivement par la gauche. Mais les collectivités locales ont des arguments tout aussi récurrents pour expliquer la dérive de leurs effectifs et de leurs finances. Car dans les faits, contrairement à ce que dit le chef de l'Etat, les transferts de compétence se poursuivent. Un récent rapport sénatorial associant un UMP et un socialiste évoque ainsi les « transferts rampants », par exemple dans le domaine de la sécurité, mais aussi les conséquences explosives des transferts sociaux aux départements : RMI puis RSA à partir de 2009, prestation de compensation du handicap... Car l'aggravation de la crise a rendu caduc les prévisions initiales de compensation financière par l'Etat. La question des effectifs de la fonction publique locale est donc complexe. D'après une étude sur la démographie des personnels territoriaux, "près d'un quart des fonctionnaires présents en 2006 sera parti à la retraite d'ici 2013". Mais les collectivités ont du mal à décider quand remplacer ou pas "dans un contexte territorial en forte mutation".

A LA PLACE DE PUJADAS, JE ME SERAIS POINTÉ AVEC UN FLINGUE QUE J'AURAIS APPLIQUÉ SUR LA TEMPE DE SARKO : LA IL AURAIT PEUT-ÊTRE DIT LA VÉRITÉ, LÀ, NON ?


ASSEZ ÉDIFIANT D'UNE MENTALITÉ TRÈS ANTI-SARKO DE LA PRESSE FRANÇAISE.

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