TOUT EST DIT

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mercredi 14 juillet 2010

Dénominateur commun

La date du vote solennel à l’Assemblée sur l’interdiction du voile intégral avait été choisie pour coller au plus près de la fête nationale. La polémique gauche-droite, que l’on pouvait craindre au départ, a finalement fait place à des débats constructifs, et voter à la quasi-unanimité (335 voix contre une) un 13 juillet était l’occasion de matérialiser l’union républicaine, même si la majeure partie de la gauche n’a finalement pas pris part au scrutin. Las, les remous de l’affaire Woerth ont éclipsé jusqu’au dernier moment l’intéressante élaboration de ce consensus laïque. C’est dommage, car, pour une fois, on a évité les anathèmes.

Le PS craignait, en interdisant totalement la burqa, de stigmatiser les musulmans. Il voulait une réglementation minimale, restreinte aux administrations et aux commerces. Jean-François Copé, le patron des députés UMP, avait, à l’inverse, convaincu son groupe de bannir dans tout l’espace public le port d’un vêtement brandi comme un étendard par les intégristes les plus rétrogrades, et qui choque la grande masse des Français. Les députés ont eu l’intelligence de ne pas s’affronter sur leurs divergences — qui subsistent — mais de s’appuyer sur leur dénominateur commun : à gauche comme à droite, on s’accorde à dire que la burqa est un symbole dégradant pour la femme. Il faut noter que le président de la commission parlementaire qui a tout déclenché est communiste, et que le PS a obtenu le doublement des peines prévues pour les hommes qui obligent leur femme à se voiler, si celle-ci est mineure. Au-delà des inévitables arrière-pensées politiciennes qui ont émaillé le cheminement du texte, il y a incontestablement eu rapprochement national.

Pour autant, l’interdiction de la burqa n’est pas acquise définitivement. Le Sénat devrait voter à son tour le texte, mais celui-ci risque la censure par le Conseil constitutionnel, au nom de la liberté d’expression et de religion. Tout serait alors à recommencer et le PS, qui a mis en garde contre les réticences du Conseil d’État, pourrait retrouver une nouvelle ardeur à combattre le gouvernement sur la burqa. Nicolas Sarkozy – qui, affaire Woerth oblige, n’a pas évoqué le sujet lundi soir dans son intervention télévisée — fait le pari que le consensus qui règne dans le pays sera plus fort que le formalisme des juges suprêmes. Pari risqué.

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