TOUT EST DIT

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dimanche 25 juillet 2010

"Les stress tests arrivent trop tard"

Parus vendredi après-midi, les résultats des stress tests menés par le Comité européen des contrôleurs bancaires (CEBS) sur 91 banques européennes, représentant 65 % du secteur bancaire de l'UE, n'ont pas contredit les pronostics. Seules sept banques ont échoué, dont cinq espagnoles, une grecque et une allemande. Les quatre banques françaises ont, elles, comme prévu, passé les tests haut la main. Des résultats satisfaisants qui ne sont pas forcément une bonne nouvelle, comme l'explique au Point.fr l'analyste financier Éric Vanpoucke.

Les stress tests auront-ils les effets escomptés sur les marchés ?

Éric Vanpoucke : Les résultats des stess tests n'inverseront sûrement pas la tendance à long terme. D'abord parce que les résultats ont été largement anticipés par les marchés et qu'il n'y a pas de surprise majeure, d'autant plus que beaucoup d'analystes y accordaient déjà peu d'importance puisqu'ils considèrent que les critères requis pour établir les scénarios de crise de ces tests n'ont pas été assez sévères. Ensuite, les tests interviennent trop tard, contrairement à ce qui s'était passé avec les stress tests aux États-Unis en 2009, où ils avaient servi de base de calculs pour les recapitalisations des grandes banques, dont 10 sur 19 avaient été recapitalisées au final. En Europe, les recapitalisations ont déjà eu lieu, la situation économique évolue à toute vitesse et il aurait fallu faire des tests il y a bien longtemps, en pleine crise... Enfin, aujourd'hui encore, même en sortie de crise, les valeurs bancaires sont erratiques et il y a une telle volatilité sur les marchés qu'il ne faudra pas compter sur un effet à long terme.

Quels sont les éléments qui décrédibilisent les stress tests ?

Le premier élément, je le répète, c'est qu'ils arrivent trop tard, et je ne parle même pas de la Grèce, où la crise a déjà éclaté et où ils ne révéleront strictement rien. Ensuite, les critères choisis sont insuffisants, puisqu'ils devaient être appliqués à toute l'Europe, alors que les situations varient considérablement d'un pays à l'autre. L'enjeu politique était trop important, et ce sont donc des critères a minima qui ont été choisis, qui prennent insuffisamment en compte les questions de dette souveraine. Pour les banques françaises, par exemple, beaucoup de questions restent en suspens. D'autre part, les tests de résistance ont été faits dans un cadre particulier qui est celui de Bâle II (accords publiés sous l'égide de la Banque des règlements internationaux, établissant des règles sur les risques bancaires et, en particulier, sur la question des fonds propres). Un cadre complètement dépassé. Enfin, ces tests reposent sur une anticipation trop optimiste de la reprise économique que beaucoup de stratégistes remettent en cause.

Les tests de résistance auront-ils servi à quelque chose ?

Les stress tests serviront au moins à mettre la pression sur certains acteurs récalcitrants. Ils permettront également, d'une certaine façon, de faire patienter les acteurs de la finance avant les accords de Bâle III, envisagés pour 2012. Reste à voir de quelle façon les autorités et les banques vont communiquer.

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