TOUT EST DIT

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mercredi 21 juillet 2010

Consulter, un art subtil


L'art référendaire est bien plus subtil qu'on ne le pense. Et il l'est d'autant plus que la communauté qui prétend s'y... référer exerce rarement ce droit. Nos voisins suisses qui en ont une pratique assidue voire boulimique, avec d'ailleurs une forte abstention endémique, préfèrent parler de « votation ».
Mais ce que les commentateurs ont tendance à oublier, c'est que chacune de ces consultations est accompagnée d'une information minutieuse et contradictoire du public. Le référendum n'est ni un gadget ni une baguette magique, c'est l'expression d'une culture politique supposant une grande maturité du peuple. Binaire par essence, le référendum est-il adapté aux infinies nuances de gris du compromis social ? L'entreprise est-elle le lieu approprié pour cette pratique ? Est-on libre de s'exprimer lorsque son revenu d'existence est en jeu ? On est en droit de s'interroger.
Dans l'étuve d'un long été social, alors que l'ensemble des protagonistes n'ont pas nécessairement dévoilé toutes leurs arrière-pensées, un référendum en entreprise est un objet politique très bizarre. D'apparence si séduisante par l'image de démocratie participative et ouverte qu'il véhicule. Bien moins lumineux dans les faits. Autant le citoyen politique peut se penser et se construire libre face à la question posée, autant le salarié en situation de subordination ne peut se concevoir que très lié. Un référendum d'entreprise, faut-il le rappeler, ne crée ni droit ni obligation.
Ce n'est pas parce que l'arbitrage soumis au vote est simple, voire simpliste, que la réponse est de la même eau et une majorité d'avis ne fait pas une décision. Les plus grands hommes d'État de l'histoire contemporaine française en ont fait l'expérience à leurs dépens. Mais, en l'espèce, les enjeux n'avaient que peu à voir avec la question posée.
Dans le cas de General Motors Strasbourg, dont trois syndicats sur quatre ont voulu se prêter à l'exercice, le résultat connu au mitan de la nuit de lundi ne prête pas, apparemment, à discussion. Près de 70% des suffrages exprimés, en effet, approuvent l'offre de reprise du site par GM Company. Pouvait-il en être autrement ? C'est un succès pour les organisateurs qui avaient pris un grand risque. Mais cela ne les dispense en rien de l'étape suivante : passer sous les fourches d'un accord où chacun assume ses responsabilités. C'est ainsi qu'élus du personnel et délégués syndicaux reforgeront leur légitimité. Et que la direction éprouvera la sienne.


Antoine Latham

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