TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 13 avril 2010

Trop tard ?


La réforme des retraites est-elle seulement possible en France ? La question peut paraître iconoclaste au lendemain de la première concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Elle n'en est pas moins posée. Quand le décalage entre cet immense dossier d'avenir et le débat fossilisé qui s'annonce est aussi gigantesque, comment ne pas craindre un nouveau dialogue de sourds ?
Tout se passe comme si aucun des acteurs de cette négociation n'était décidé à faire aboutir un texte de progrès. Les trois leviers qu'on peut actionner pour assurer le financement des retraites sont bloqués : la hausse des cotisations est écartée d'emblée par le patronat et le gouvernement ; la modification de la durée de cotisation est rejetée par les syndicats. Quant à la diminution des pensions, n'en parlons même pas.
Le calendrier des discussions, pourtant, balaie un éventail assez large de situations. Chacun pourrait y trouver du grain à moudre, selon la célèbre formule d'André Bergeron... Mais ces rencontres viennent presque trop tard quand les positions des uns et des autres sont déjà figées par un quinquennat essoufflé, par la crise et par l'affaiblissement politique du président.
C'est au début de son mandat que le chef de l'État aurait dû mettre le problème sur la table, comme l'a fait, d'emblée, Barack Obama après son élection pour accoucher au forceps de sa réforme de la sécurité sociale. Certes, il est toujours plus facile de réécrire le film après coup, mais il y avait peut-être d'autres urgences, à l'été 2007, que le bouclier fiscal... Aujourd'hui, avec un capital de popularité aussi faible comment le président peut-il prétendre peser dans un jeu aussi complexe à deux ans d'un nouveau rendez-vous de la présidentielle ?
Le gouvernement, de son côté, semble déterminé à conclure un texte pour l'été. Cette fois, il faut avancer n'est-ce pas, comme le dit sans ambages Éric Woerth ? Et les données de l'équation sont connues depuis longtemps, effectivement. Certes. Mais en imposant d'emblée un compte à rebours invisible aussi contraignant, le ministre du Travail prête le flanc aux soupçons de ses interlocuteurs : une précipitation préméditée avec une accélération finale pendant la coupe du monde, quand les esprits sont ailleurs.
Dans la confusion d'hier, même la notion d'urgence a été remise en question. Autrement dit, on est reparti en arrière, au-delà, même, de la case départ... Seule la pression de la société toute entière pourrait faire pression sur les partenaires sociaux pour les contraindre à trouver un accord. Mais, elle-même confortée par l'exemple d'en haut, elle semble immobilisée par ses contradictions et ses frilosités : tout le monde est pour la réforme... à condition qu'elle ne change rien. Rien de nouveau sous le soleil..., hélas.

0 commentaires: