TOUT EST DIT

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mardi 27 avril 2010

Les tracteurs vont entrer dans Paris

Arborant des tee-shirts imprimés du slogan "fauchés comme les blés ", les producteurs de grandes cultures, céréaliers en tête, devaient mardi 27 avril organiser, à l'appel de quatorze fédérations régionales des syndicats d'exploitants agricoles et avec le soutien de la FNSEA, un grand défilé de tracteurs dans Paris, pour dénoncer la baisse de leur revenu et exprimer leur vive inquiétude sur l'avenir de la politique agricole commune (PAC).
MILLE DEUX CENTS TRACTEURS ATTENDUS

Les organisateurs n'attendaient pas moins de 10 000 manifestants et 1 200 tracteurs. Par cette démonstration de force, les céréaliers, entendent obtenir des "mesures concrètes et immédiates", pour ne pas finir l'année "totalement exsangues". En 2009, la filière a accusé une nouvelle baisse de 50% de ses revenus, lesquels avaient déjà en 2008 enregistré un recul de 30%.

"L'image du céréalier à l'aise est tenace mais elle est fausse ", lâche Michel Masson, président de la FRSEA de la région Centre. Le revenu moyen d'un exploitant céréalier est tombé en 2009 à 15 200 euros annuel, ce qui néanmoins reste supérieur à bien d'autres types de culture.

La récolte 2009, une des plus élevée des dix dernières années, a pourtant été "bonne, voire excellente", ne cache pas Thierry Bontour, président de la FRSEA Nord Bassin parisien. Mais après deux années "euphoriques" en 2006 et 2007, les cours mondiaux des céréales se sont depuis effondrés. " Et aujourd'hui, en dépit des petits soubresauts de ces derniers jours, ils ne présentent aucune perspective de redressement alors que nos charges restent élevées. L'année 2010 s'annonce catastrophique, martèle cet exploitant, d'autant qu'en plus nous faisons cette année à la mise en application du rééquilibrage des aides de la PAC".

En février 2009, Michel Barnier, alors ministre de l'agriculture, plaidant pour une PAC plus équitable, a décidé de rééquilibrer la distribution des aides directes au profit des laissés-pour-compte du système, notamment les éleveurs ovins, les agriculteurs de montagne ou producteurs "bio". Un rééquilibrage qui devait se traduire pour les céréaliers, les plus favorisés jusqu'alors, par une baisse de leurs subventions.

"Cette redistribution a été décidé lorsque les prix étaient hauts. Mais aujourd'hui, relève Dominique Chambrette, vice-président de l'Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), les prix sont retombés très bas et ce rééquilibrage se traduit par un manque à gagner de 80 euros à l'hectare [les subventions étant tombées en moyenne à 260 euros par hectare]. Or, sachant qu'en moyenne les exploitations céréalières ont une superficie de 120 hectares, la perte peut s'élever à près de 10 000 euros", plaide-t-il.

Le 6 avril, lors d'un déplacement dans l'Essonne, Nicolas Sarkozy a refusé de revenir sur ce rééquilibrage, promettant cependant d'accélérer la mise en place d'un comité de suivi des céréales. C'est dans le cadre de ce comité de suivi, réuni pour la première fois le 14 avril, que le ministre de l'agriculture Bruno Lemaire entend aujourd'hui examiner les problèmes de la filière. Reste que cette instance ne remettra pas ses conclusions avant la fin de l'année, un délai jugé évidement trop lointain par les producteurs.

S'il n'ignore pas l'impact de la baisse des cours, ni celui du rééquilibrage des aides PAC sur la situation des céréaliers, le ministre refuse "toute précipitation". "Il faut que nous trouvions les outils permettant aux céréaliers de faire face aux fluctuations conjoncturelles des cours, mais cela doit se faire dans le cadre d'un plan de développement de la filière et pour cela il faut que nous menions un travail de fond sur les écarts de compétitivité avec nos voisins européens", soutient M. Le Maire qui écarte, vu l'état des finances publiques, l'idée d'aides immédiates.
Laetitia Van Eeckhout

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