TOUT EST DIT

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samedi 17 octobre 2009

Le casse-tête du ministre de l'agriculture

Manifestations d'exploitants en colère, crise du lait, épreuve de force avec la Commission européenne, Bruno Le Maire est sur tous les fronts: le ministre de l'agriculture est en première ligne pour tenter d'apaiser une profession fragilisée par la baisse de ses revenus, tout en ménageant ses interlocuteurs européens à l'aube de négociations cruciales pour l'avenir de la politique agricole commune (PAC). Un grand écart délicat pour M.Le Maire, bousculé par les soubresauts d'un secteur qui devrait voir ses revenus reculer de 10% à 20% en 2009, après une baisse de plus de 20% en 2008.
Vendredi 16octobre, le ministre et Nicolas Sarkozy ont été interpellés par plus de 50000manifestants, réunis dans vingt-trois villes de France à l'appel de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Alors que la crise frappe de plein fouet de très nombreuses filières –lait, viande bovine ou porcine, viticulture, fruits et légumes…–, les professionnels demandent à l'Etat de compenser le recul de leurs revenus. Sous la pression, le gouvernement promet un plan d'urgence d'ici la fin du mois. La FNSEA a fait ses comptes: elle réclame un soutien immédiat de 400millions d'euros, puis un plan de relance pour soutenir la trésorerie des exploitations, à hauteur de 1,4milliard d'euros.
Lundi, la partie ne sera pas moins complexe: M.Le Maire retrouvera au Luxembourg ses homologues européens lors d'un conseil agricole où il entend arracher quelques mesures d'urgence au bénéfice des producteurs de lait. Parti en croisade sous l'étendard de la régulation européenne, le ministre est parvenu à forger une alliance avec vingt autres Etats membres, dont l'Allemagne, l'Italie, la Pologne et l'Espagne.
Lundi, le bloc des "régulateurs" devrait obtenir la création d'un fonds laitier, doté d'environ 300millions d'euros en 2010 –soit moins de 1000euros par exploitation européenne– qui viendront compléter les aides existantes.
"Courageux" Au-delà de cette mesure ponctuelle, les Etats libéraux résistent cependant à une réflexion plus large sur les mécanismes réclamés par M.Le Maire afin de compenser la suppression progressive des quotas laitiers, d'ici à 2015. La précédente réunion des ministres de l'agriculture a accouché, le 5octobre, d'un modeste groupe de travail sur la régulation, qui est censé rendre ses conclusions avant la fin juin2010.
Cette succession de crises tombe au plus mal pour le ministre, tandis que les Vingt-Sept soignent leur argumentaire et leurs alliés en vue d'une nouvelle refonte de la PAC d'ici à la fin 2012. Principale bénéficiaire de cet outil, la France sera soumise à forte pression dans le jeu diplomatique qui s'annonce. Depuis qu'il a succédé à Michel Barnier, l'ancien secrétaire d'Etat aux affaires européennes a d'abord surpris les professionnels agricoles dans l'espoir de calmer le jeu avec la Commission. A l'issue de sa première rencontre avec la commissaire chargée du secteur, la Danoise Mariann Fischer Boel, il a souligné en juillet, comme elle, qu'il n'était plus possible de revenir sur la suppression des quotas laitiers. Début août, il a exigé le remboursement d'aides versées de longue date aux producteurs de fruits et de légumes, mais jugées illégales par Bruxelles. Deux prises de position mal perçues par les agriculteurs.
"Au début, il a voulu jouer –ce qui est loin d'être une tare– la carte du “plus Européen que moi, tu meurs”, afin de ménager Bruxelles avant une négociation difficile, observe Jean Glavany, un ancien ministre socialiste de l'agriculture. Avec cette crise très profonde, il est en train de rentrer dans le principe de réalité." Voir le ministre crapahuter dans toute l'Europe pour fédérer un front de 21Etats membres représentant 75% de la production laitière est loin de laisser insensible sur le terrain. "Aujourd'hui, on lui met une très bonne note, estime Pascal Massol, le président de l'Association des producteurs de lait indépendant (APLI), le mouvement qui a mené la grève du lait en France. En arrivant au ministère, ce n'était pas un défenseur de la régulation; qu'un politique revienne ainsi sur sa vision, c'est courageux." L'initiative a agacé MmeFischer Boel, qui avait déjà multiplié les prises de bec avec son prédécesseur, M.Barnier. "M.Le Maire fait preuve de courage, mais vouloir constituer des fronts contre la Commission, ce n'est pas très élégant", dit un connaisseur du milieu.p Clément Lacombe et Philippe Ricard (à Bruxelles)

IL N'EMPÊCHE QUE LE MONDE AGRICOLE N'A PAS CRACHÉ SUR LES SUBVENTIONS EUROPÉENNES QUAND IL EN A EU BESOIN, NON ?

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