TOUT EST DIT

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lundi 9 juin 2014

La République zombie


La France vit une crise de régime sans précédent depuis la fin de la IVe République, dont Manuel Valls et François Hollande ont, chacun à sa manière, avoué l'ampleur. En rappelant que le mandat du président devait aller à son terme, le Premier ministre a souligné la possibilité qu'il soit contraint à renoncer prématurément à la fonction de chef de l'État, qu'il est incapable d'assumer. En se réfugiant derrière la présumée solidité des institutions, François Hollande a avoué qu'il se trouve dans une impasse et qu'il ne dispose plus de la légitimité requise pour diriger le pays. Enfin, en prétendant réorienter une Europe au sein de laquelle il est totalement isolé et impuissant, il a achevé de se déconsidérer auprès des Français comme de nos partenaires.
Le problème, ce n'est pas l'Europe, c'est la France. Et le problème de la France, ce ne sont pas les Français, c'est François Hollande. Par sa faiblesse et sa légèreté, il est une menace pour la République et pour l'Europe.
Deux ans après son élection, le bilan de François Hollande est apocalyptique, à la mesure de son inconséquence. Le président du néant qui ne croit à rien, qui ne dit rien et qui ne fait rien a rétréci la France. La croissance a été euthanasiée par l'envolée d'une fiscalité confiscatoire, de lois et de normes meurtrières pour les entreprises. La paupérisation progresse en même temps que l'activité régresse. Le chômage poursuit sa course folle, alors qu'il diminue partout en Europe. La famille, dernier rempart contre la crise, est la cible d'un travail de démolition systématique.
La France est marginalisée au plan international, déclassée par le leadership allemand sur l'Europe continentale et la zone euro, absente de la gestion de la crise ukrainienne, où se joue une part décisive de l'avenir du continent. L'unique succès que constituait l'intervention au Mali est compromis par la complaisance envers les errements des autorités de Bamako, qui ont provoqué la chute de Kidal, et par les coupes programmées dans les dépenses militaires, qui entraîneront la perte irréversible de nos capacités militaires et industrielles. Avec à la clé la déstabilisation de l'un des derniers pôles d'excellence et facteurs de puissance de notre pays.
Paupérisée et surendettée, divisée, abaissée et humiliée, la France se trouve désormais dans une situation prérévolutionnaire où tout devient possible. Plus la crise s'aggrave et devient existentielle, plus se creuse le vide politique sous l'effet de quatre chocs.
Le premier découle du vide d'autorité à la tête de l'État. Nicolas Sarkozy avait démontré que la Ve République ne pouvait fonctionner sans Premier ministre ; François Hollande prouve qu'elle est menacée dans son existence même par l'absence de président de la République. Par son impopularité et son incapacité, il constitue le premier obstacle à la mise en oeuvre des réformes vitales pour notre pays.
Le deuxième est lié à la décomposition de la majorité et du Parti socialiste, que sa déroute municipale prive de ses forces vives. François Mitterrand, sous couvert d'Union de la gauche, avait éliminé le Parti communiste ; François Hollande, en guise de réenchantement du rêve français, poursuit la liquidation méthodique du Parti socialiste, qui, privé de ses élus et de ses électeurs, est de plus en plus tenté de se rebeller pour éviter d'être emporté dans la chute mortelle du président.
Le troisième provient de l'effondrement de l'opposition sous le poids des scandales en chaîne qui accablent l'UMP. D'un côté, ses dirigeants fraudeurs et faussaires n'ont pas hésité à vider les caisses et à spolier leurs propres militants. De l'autre, les stratégies personnelles des candidats à la présidentielle, Nicolas Sarkozy en tête, interdisent l'émergence d'une opposition responsable et organisée. Nicolas Sarkozy dissout l'UMP comme François Hollande le PS, privant l'opposition de leader, de stratégie, de projet, et laissant le champ libre à l'extrême droite.
Le quatrième choc est créé par la percée du Front national, premier parti de France aux élections européennes, qui change de dimension en s'imposant non plus comme un mouvement protestataire mais comme une alternative politique. Le 25 mai 2014, contrairement au 21 avril 2002, ne relève pas d'une diabolique surprise liée aux circonstances, mais d'un vote conscient et assumé, gros du désespoir des citoyens et produit de la dérive démagogique de la classe politique.
La France de François Hollande est une République zombie, sans valeurs, sans cap, sans puissance, sans stratégie autre que la survie de ses dirigeants. Pour le monde extérieur, c'est Cuba, sans le soleil mais avec l'extrême droite. Pour l'Europe, c'est l'homme malade qui peut relancer la crise de l'euro. Pour les Français, c'est un bateau ivre privé de capitaine.
Voilà pourquoi la France ne peut attendre 2017 pour se réformer. Du côté de la majorité, l'homme clé est désormais Manuel Valls : il lui revient de réaliser son programme de réformes, au lieu de multiplier des contre-mesures prises sous l'effet de la panique, et de démontrer qu'il peut réunir une majorité stable pour les conduire à bien. À défaut, la seule issue est la dissolution. Du côté de l'opposition, il ne suffit pas de préparer un Congrès ; il faut faire la vérité et jeter une lumière crue sur les dérives passées ; il faut engager un travail collectif de reconstruction intellectuelle et programmatique. À défaut d'une remise en ordre de marche rapide de l'UMP, le champ est libre pour le Front national. À droite comme à gauche, il est grand temps que la politique des partis qui ont pris en otage la Ve République cède le pas devant la politique de la France

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