TOUT EST DIT

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vendredi 20 juin 2014

François Hollande, le président-ornement

Après avoir assisté à un concours d'improvisation théâtrale au mois de mai, hier soir François Hollande a participé à la remise d'un prix journalistique dans les locaux du "Monde". Lui-même ne semblait pas trop savoir ce qu'il faisait là. Sans que nous le sachions, la Ve République aurait-elle disparu et la IIIe République réapparu ? Serions-nous revenus au temps du chef de l'Etat purement décoratif ?

Intriguée, une dame s’approche : « Que se passe-t-il ? Dans la rue, la police a fait enlever les voitures. Qui vient ? Ce n’est quand même pas le président de la République ! », plaisante-t-elle sans trop y croire. Mais si, Madame, c’est bien le président de la République, François Hollande — précisons-le — qui provoque toute cette agitation, sur les trottoirs du boulevard Auguste Blanqui, à Paris, devant le siège du Monde. Une interview exclusive ? L’annonce d’une grande réforme ? Non, le chef de l’Etat vient… remettre un prix. Un prix
L'inutile de service
journalistique, le premier prix Erik Izraelewicz de la meilleure enquête économique. En une heure de temps, un chef de l'Etat peut parler Irak, SNCF, intermittents, ou bien choisir de récompenser des journalistes. En mai dernier, notre homme avait déjà décidé d'assister à la finale d'un concours — ça ne s'invente pas — d'improvisation théâtrale. Avec Hollande, c'est retour donc à la Troisième République, au temps du président-ornement. Il ne lui reste plus qu'à inaugurer les chrysanthèmes et l'on connaîtra enfin la douceur d'une Toussaint au mois de juin... 

En attendant, tout le beau monde était là, dans les locaux du journal « de référence » pour assister à ce grand moment : élites économiques, politiques et donc journalistiques. Pour alimenter les fantasmes, rien de tel ! L’ancien PDG d’Essilor, Xavier Fontanet, le producteur d’émissions de télévision, Emmanuel Chain, la direction des écoles partenaires du prix, HEC et le CFJ, et tout le service de sécurité de l’Elysée. Dans leur plus beau costume, les étudiants d’HEC échangent quelques mots en franglais — « C’est trop nice, non ? » — pendant que les invités s’installent tranquillement dans leur siège. Plus on est au centre de l’amphithéâtre et plus on a le sentiment que l’événement est important. 
  
Pourtant, quand ils ont appris la nouvelle, les invités n’en revenaient pas. Le président, vraiment ? Personne ne savait pourquoi il était là. Qu’ils se rassurent, lui non plus ! « Je me suis demandé pourquoi on m’invitait, a-t-il commencé. Sans doute pour ma politique économique ! » On ne change pas une tactique qui gagne : quand on ne sait pas quoi répondre, en politique comme dans le grand monde, une pirouette, c’est toujours chouette ! Alors autant en abuser. « J’ai été journaliste, a rappelé le président pour tenter de se justifier, je sais donc qu’il n’est pas facile d’être un journaliste de gauche quand la gauche est au pouvoir. Et encore moins d’être au pouvoir quand la presse de gauche ne vous soutient pas ! » Eclats de rire. On recommence : « Après tout,Le Monde parle de moi, je viens donc parler au Monde ! » Au journal, précise-t-il. Le monde, le vrai, lui, est resté à l'extérieur. « Et puis Erik Izraelewicz était mon ami ». C’est déjà mieux. Une dernière ? « On peut vouloir le changement sans être pour autant libéral. » 
  
Cette boutade-là, a bien fait rire Alain Frachon. Après avoir vanté les mérites de« l’esprit critique », le directeur des rédactions du Monde par intérim, s’est mué en chantre du libéralisme. Et, c’est la mode, en présentateur météo« La mondialisation économique, c’est comme la météo : c’est un fait qui s’impose à nous (…), un horizon indépassable, a-t-il professé. Ce qu’on appelle libéral en France n’est en fait que l’adaptation nécessaire à la mondialisation. » L' « esprit critique » en prend pour son grade, mais tant pis : le public, lui, est conquis. François Hollande aussi. « Ce qui compte c'est de laisser sa trace et sa pensée dans le temps », a répondu le président. Raté ! Dans son compte-rendu de l’événement, Lemonde.fr n’a pas jugé bon de mentionner sa présence. Ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? Tout ça pour rien donc, le résident de l’Elysée n’ayant même pas pu toucher au buffet. Décidément, c’est la crise.

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