TOUT EST DIT

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samedi 26 avril 2014

Ils démolissent la République

Ils démolissent la République


Elle est loin, très loin, la fameuse République exemplaire déclamée par François Hollande. Elle a été vite balayée par celle des copains et des coquins.
Un an après le scandale provoqué par l’affaire du compte suisse de Jérôme Cahuzac, alors ministre du Budget, voici le quinquennat exemplaire de François Hollande à nouveau entaché par l’affaire de son conseiller politique, Aquilino Morelle. Ce dernier n’a pas seulement reçu de l’argent d’industriels alors qu’il travaillait pour la santé publique, mais il a menti en assurant, pour sa défense, avoir alors obtenu l’autorisation de sa tutelle. Ancien directeur de campagne d’Arnaud Montebourg lors de la primaire socialiste, ancien rédacteur des discours de Lionel Jospin, cet énarque-médecin au profil atypique a oublié qu’il devait tout à la République dont il est un pur produit. Au lieu de mettre son talent à servir la France, il a mis beaucoup de soin à se servir, occupant à l’Élysée l’ancien bureau de Valéry Giscard d’Estaing, se faisant cirer ses chaussures dans un salon privé de l’hôtel de Marigny et utilisant à loisir les véhicules du Palais pour voiturer ses enfants ici ou là.
Mais le plus curieux dans cette affaire est sa ressemblance avec celle qui a entraîné la démission de Jérôme Cahuzac. L’ancien ministre du Budget, qui avait fraudé le fisc pendant des années à travers des montages complexes, de même que son ex-épouse, s’était attelé, à peine arrivé à Bercy, à un grand plan de lutte contre la fraude fiscale. Tel un pyromane qui se veut un pompier exemplaire, il a réussi à tromper son monde, ses plus proches et même son avocat. Aquilino Morelle a agi de la même manière. Après avoir travaillé, en contravention complète avec son statut d’inspecteur général des affaires sociales, pour deux laboratoires pharmaceutiques moyennant de coquets honoraires, il a été chargé par Xavier Bertrand, alors ministre de Nicolas Sarkozy, de s’occuper du scandale du Mediator. Interrogé sur cet épisode pendant la campagne présidentielle de François Hollande, pour savoir si la lutte contre les dysfonctionnements du système sanitaire avait progressé, il a répondu : « Oui, et c’était strictement indispensable, notamment en ce qui concerne la lutte contre les conflits d’intérêts qui font que des personnes sont à la fois juges et parties dans certains dossiers. »Comme si c’était une maladie propre aux socialistes de donner des leçons de morale mais de considérer que cela ne les concerne pas.
Ces deux personnages, par leur attitude inqualifiable, ont profondément abîmé la République. Mais, comme le poisson pourrit toujours par la tête, le responsable de tous ces scandales, c’est naturellement François Hollande. Celui qui avait juré vouloir instaurer « une République exemplaire » est le même qui a adoubé Jérôme Cahuzac à la tête du ministère du Budget, et qui a fait d’Aquilino Morelle son principal conseiller politique, lui confiant même la supervision de sa communication. C’est aussi François Hollande qui, prévenu dès la mi-décembre 2012, par l’un des membres de son cabinet, de la véracité des soupçons pesant sur Jérôme Cahuzac, a fait le dos rond. C’est toujours le président de la République qui a couvert les manoeuvres du cabinet noir de l’Élysée visant à percer les archives du quinquennat précédent en dépit de la protection institutionnelle dont elles sont l’objet. C’est encore lui qui, il y a seulement un mois et demi, recevait dans son bureau deux journalistes du Mondequi avaient révélé l’affaire des écoutes visant Nicolas Sarkozy et son avocat.
Elle est loin, très loin, la fameuse République exemplaire. Elle a été balayée par celle des copains et des coquins. Car cette gauche, qui considère que la morale est dans son camp, ne s’embarrasse d’aucun procédé pour recaser ses proches et leur fournir des prébendes. En témoignent la scandaleuse nomination de Dominique Voynet comme inspectrice générale des affaires sociales ; celle de Pierre-René Lemas, jusqu’ici secrétaire général de l’Élysée, au poste de directeur général de la Caisse des dépôts, alors qu’il n’a aucune compétence financière ; celle d’Harlem Désir, condamné il y a quelques années à dix-huit mois de prison avec sursis, au secrétariat d’État aux Affaires européennes ; en attendant celle annoncée de Laurence Engel, directrice de cabinet d’Aurélie Filippetti et épouse… d’Aquilino Morelle, à la tête du prestigieux musée Picasso.
Dans le Barbier de Séville, Beaumarchais fait dire à Figaro : « Je me presse de rire de tout avant d’être obligé d’en pleurer. » Au rythme où François Hollande, Manuel Valls et leur clique détériorent et entachent la République, tout cela n’est guère risible, et nous n’aurons bientôt plus que nos yeux pour pleurer sur le sort réservé à notre pays. Deux ans de socialisme et voilà la France non seulement affaiblie mais aussi abaissée, et surtout abîmée. En attendant le prochain scandale d’État.

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