jeudi 14 novembre 2013
Les échecs de François Hollande de A à Z
Le Premier ministre ne maîtrise pas le Parti socialiste ; il ne dirige plus vraiment le gouvernement ; il ne protège plus du tout le président. L'impuissance n'empêche pas la lucidité : Jean-Marc Ayrault voit bien ses ministres étaler leurs états d'âme, mais ne veut pas en rajouter publiquement. Il sent aussi cette mauvaise humeur de l'opinion où l'essentiel passe inaperçu.
Dispose-t-il encore de temps ? Il constate qu'il a fallu un an pour trouver un accord de reprise des sites Rio Tinto Alcan (RTA) de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) et Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) par un producteur d'aluminium allemand - et encore un mois de plus pour que la Commission européenne donne son autorisation.
Jean-Marc Ayrault subit aussi les attaques contre le fonctionnement de la machine gouvernementale. L'un de ses visiteurs lui a récemment lancé : "Sais-tu pourquoi tu es un moins bon Premier ministre que François Fillon ? Parce que Christophe Chantepy [son directeur de cabinet] est bien moins bon que Jean-Paul Faugère [celui de son prédécesseur]!" Lui-même s'agace d'un président qui a du mal à trancher, qui prend son temps, qui le court-circuite.
"Hollande, démission !" Le désamour entre les Bretons- qui ont voté à 56% pourFrançois Hollande au second tour de l'élection présidentielle - et le chef de l'Etat se hurle dans les rues et sur les routes à quatre voies de Bretagne. On pensait la relation solide, puisque incarnée par trois ministres bretons - Jean-Yves Le Drian, Stéphane Le Foll, Marylise Lebranchu - et un conseiller élyséen, Bernard Poignant, par ailleurs maire de Quimper.
S'y ajoutent les 22 députés de gauche bretons (sur 27 sièges), dont la marque slogan "Breizh Power" devait servir de paravent à la centralisation. Tout a volé en éclats. "J'espère que Poignant sera viré de la mairie de Quimper aux prochaines municipales", s'agace l'ancien député UMP du Finistère Jacques Le Guen, qui assure que le conseiller bénévole de François Hollande est vu dans son département comme "le monsieur je-sais-tout qui fait le fanfaron sur le perron de l'Elysée".
"Pour moi, Poignant est plus français que breton", déclare Ronan Le Flécher, directeur de l'agence de communication Breizh We Can. Dans sa bouche, la sentence ne relève pas du compliment. Un témoin raconte avoir été choqué par le fait que, le 3 août dernier, lors de la messe d'obsèques de l'ancien président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, Jean-Yves Le Drian et Stéphane Le Foll ne sont ostensiblement pas allés communier.
Reproche choquant vu de Paris, mais révélateur d'une manière de penser que les Bretons du président semblent avoir oubliée. En juin, à Rennes, lors d'une petite réunion de grands entrepreneurs,Jean-Jacques Hénaff, maître du pâté du même nom, alerte ses camarades à propos du "climat insurrectionnel" en train de s'installer dans le Finistère. Seuls les politiques sont restés sourds à ces alertes. Soutien indéfectible de François Hollande, le député socialiste du Morbihan Gwendal Rouillard reconnaît que "la période n'est pas simple".
François Hollande, qui a promis d'inverser la courbe du chômaged'ici à la fin de l'année, se raccroche à cette petite lueur d'espoir : entre avril et août, le nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans a nettement baissé.
Pour l'instant, le mouvement n'est pas suffisant pour être perceptible par les Français - d'autant qu'en septembre la courbe des moins de 25 ans est repartie à la hausse.
Et même si la décrue reprend en octobre, elle sera due, pour l'essentiel, aux emplois aidés. Seule une activité vigoureuse assurerait des créations d'emplois durables et permettrait à François Hollande de gagner le pari de son quinquennat.
Le cerveau de la ministre du Logement a deux hémisphères. L'un se situe rue de Varenne, au siège de son ministère, où les prises de parole publiques sont fidèles à François Hollande. L'autre occupe une tribune au Sénat, où son complice Jean-Vincent Placé assume avec une belle régularité son rôle de cogneur, exhortant, par exemple, les lycéens à manifester pour le retour de Leonarda en France.
"La ligne Duflot ? s'interrogeait récemment José Bové, je ne sais pas ce que c'est. Les ministres Verts ont l'air d'avoir envie de rester, en tout cas." Cette loyauté alimentaire sert peu le président de la République. Cécile Duflot devait juguler la parole du secrétaire national, Pascal Durand? Ce dernier a posé un ultimatum à François Hollande en septembre, et Duflot a dû le pousser à ne pas postuler à sa propre succession.
La ministre devait tenir le groupe écologiste à l'Assemblée nationale? Une partie de ses députés vote contre les projets du gouvernement. Elle devait étouffer la contestation au sein d'Europe Ecologie-les Verts ? Le parti s'avance vers son congrès, le 30 novembre, avec une multitude de motions qui remettent en question la participation au gouvernement ou la politique de ce dernier.
C'est l'histoire - longue et tourmentée - d'un impôt que tout le monde a voté (en octobre 2008, à l'issue du Grenelle de l'environnement, voulu par Nicolas Sarkozy), mais dont plus personne ne veut. François Hollande n'en est donc pas l'inventeur, mais l'applicateur. En sera-t-il le liquidateur ?
Face à la révolte des Bretons, qui essaime dans d'autres régions, il a décidé, le 29 octobre, de "suspendre" la mesure pour une durée... non précisée, signant ainsi un échec politique, écologique et financier : en cas d'abandon pur et simple, il faudra dédommager Ecomouv', le consortium privé qui assure la collecte, très complexe, de la taxe. A moins que l'enquête judiciaire en cours ne révèle des vices cachés.
Après trois reculs spectaculaires (renoncement à la création d'un nouvel impôt pour les entreprises et à la hausse de la taxation de certains produits d'épargne, suspension de l'écotaxe), le terrain fiscal est totalement miné. C'est un communiqué de la Confédération générale des PME qui le souligne et s'en fait gloire : il y a " fort à parier, et c'est heureux, que toute nouvelle taxe connaîtra le même sort ", dit-elle après le recul sur la taxe verte.
Désormais, les abandons se font de manière préventive : la modification de la fiscalité sur les terrains constructibles risquait de pénaliser des propriétaires exploitants ? Elle est reportée d'un an et son périmètre sera modifié. Globalement, le gouvernement s'est engagé à ne plus augmenter les prélèvements obligatoires. Mais pas à s'interdire d'y toucher.
Or la sensibilité de l'opinion est telle que toute modification dans ce domaine semble très difficile : la réforme promise du financement de la protection sociale passe par un allégement des prélèvements pesant sur les entreprises. Qui paiera à leur place ? Et la granderéforme des impôts directs des particuliers - le candidat Hollande voulait aller vers une fusion de l'impôt sur le revenu avec la CSG - est définitivement enterrée.
Le contrat de génération, mesure emblématique du quinquennat de François Hollande, devait réconcilier les jeunes avec la gauche et permettre une baisse du chômage. Le candidat socialiste en est si sûr, pendant la campagne de 2012, qu'il avance des chiffres impressionnants : jusqu'à 500 000 contrats de génération en rythme de croisière.
Les premiers bilans montrent que l'on est loin, très loin du compte. A la fin d'octobre, le ministère du Travail délivre une première évaluation, mais elle mélange des choux et des carottes. A sa décharge, le dispositif est complexe. Il y a non pas un, mais trois contrats de génération, en fonction de la taille de l'entreprise. La formule initiale - un jeune embauché, un senior gardé - n'a pu s'appliquer que dans les sociétés de moins de 50 salariés. A l'automne, seuls 13 000 contrats étaient conclus pour un objectif de 100 000 en année pleine dans cette catégorie.
Plus grave, les entreprises de 50 à 300 salariés - qui doivent négocier un accord sur le sujet avec les syndicats - traînent les pieds. Il ne reste plus au ministère, pour faire bonne figure, qu'à aligner les exemples de grands groupes (Thales, GDF Suez...) qui embauchent des jeunes, mais l'auraient vraisemblablement fait sans ce dispositif, comme chaque année. Et à mettre le paquet sur les emplois d'avenir et autres contrats aidés pour inverser la courbe du chômage.
C'est le grand mot de la majorité pour qualifier son action. La réduction des déficits, celle des dépenses, la baisse du coût du travail, tout est "historique". Mais ce qui représente un grand pas pour les socialistes, idéologiquement enclins à augmenter les dépenses et peu soucieux de diminuer les charges des entreprises, n'est souvent qu'un petit pas pour un pays dont la situation appelle un traitement de choc. Si Hollande va dans la bonne direction, il le fait trop lentement et trop peu.
Longtemps, François Bayrou a souligné que François Hollande était autrement plus "intelligent" que son prédécesseur. Le centriste penchait alors à gauche, mais son point de vue reste partagé : le président dispose d'une armature intellectuelle incontestable... et pourtant invisible aux yeux du plus grand nombre. Pour un peu, c'est devenu le secret le mieux gardé de la République !
Pas de révolution, mais une série de révoltes. Les bonnets se déclinent dans toutes les couleurs. Les rouges, forts de leur succès- la suspension de l'écotaxe-, veulent en obtenir la suppression pure et simple. Ils manifestent de nouveau le 30 novembre. Les noirs se battent contre le loup de Gap. Les verts refusent la hausse de la TVA dans les transports publics.
Le 13 novembre, artisans et commerçants- les Sacrifiés- sortent dans la rue pour clamer leur mécontentement. La FNSEA demande dorénavant une exonération d'écotaxe pour tout le secteur agricole. Jean-Luc Mélenchon appelle à une marche pour une révolution fiscale.
A ces révoltes anti-impôts s'ajoutent des revendications plus classiques : grève des vétérinaires contre les restrictions à leur liberté de prescrire les antibiotiques, des sagesfemmes pour la reconnaissance de leur statut médical; diverses manifestations, du 12 au 14 novembre, dans le monde de l'éducation, contre la réforme des rythmes scolaires.
Le président de la banque mondiale, Jim Yong Kim, est reçu le 8 novembre à l'Elysée, avec d'autres dirigeants d'organisations internationales. Avant lui, le chef de l'Etat a accueilli Rafael Correa, président de la République de l'Equateur (7novembre), José Antonio Meade, ministre mexicain des Relations extérieures (6 novembre), Heinz Fischer, président de la République d'Autriche, et Moncef Marzouki, président de la République tunisienne (5 novembre, tous les deux), Laura Chinchilla, présidente de la République du Costa Rica, Geun-hye Park, présidente de la République de la Corée du Sud (4 novembre, toutes les deux). Ajoutons quelques remises de décorations et voilà l'agenda d'un président, pour la première semaine de novembre, enfermé en son palais.
De quoi Leonarda est-elle désormais le nom ? Plus personne ne parle de la collégienne expulsée de France avec sa famille. Elle fut pourtant au coeur d'une déclaration solennelle du chef de l'Etat, retransmise en direct à la télévision. "Son intervention a joué le même rôle que le "Casse-toi pauv'con" de Nicolas Sarkozy : elle a cristallisé les doutes que les Français avaient sur François Hollande, en l'occurrence sa capacité à trancher", explique Céline Bracq, directrice adjointe de BVA Opinion.
Celui qui détient le portefeuille de l'Economie sait que ses jours sont comptés à Bercy. Depuis l'affaire Cahuzac, quelque chose s'est cassé avec le président, que Pierre Moscovici n'a pas su réparer. Il a beau lui écrire régulièrement, mettre en avant sa loyauté, son dévouement, la lourdeur de sa tâche, le poids des servitudes, etc., aujourd'hui, ces missives agacent leur destinataire plus qu'elles ne le touchent : non seulement "Mosco" n'apporte plus de solution, mais il est devenu un problème. Personne ne le défend : quand ce n'est pas sa nonchalance qui est mise en cause, ou sa légèreté dans les dossiers, c'est cette habitude qu'il a prise de constamment pianoter sur son iPhone, levant à peine les yeux lors des réunions, qui exaspère ses interlocuteurs.
Pourtant, Pierre Moscovici juge qu'il n'a pas démérité, à la tête d'un ministère particulièrement exposé : des débats budgétairesréussis au Parlement, de bonnes relations avec les entreprises, un dialogue de qualité avec ses homologues européens... Il considère aussi qu'il a pesé sur des décisions importantes, concernant les retraites ou encore l'impôt sur le revenu - bref, qu'il a joué son rôle, et respecté la part du contrat passé avec le chef de l'Etat.
Mais ses deux dernières bourdes à propos de la faiblesse de la croissance (Corse-Matin, 10 août) ou du ras-le-bol fiscal (France Inter, 20 août) ont exaspéré l'Elysée. Au point que le chef de l'Etat ne prend même plus la peine de lui dire son mécontentement.
Ce ministre réputé placide a les nerfs à vif : "Je me souviens des Unes des journaux: ?Il est mou, il est con, il est crétin''; le principe, c'est le jeu de massacre généralisé. " Cette irritation face à l'avalanche des critiques atteint aussi le président, dont les colères commencent à rythmer la vie à l'Elysée. Une forme d'usure du pouvoir, déjà.
Si, au moins, il existait une alternative à la politique de François Hollande... Non, l'opposition se déchire et propose des recettes -abolition des 35 heures, maîtrise des dépenses - qu'elle n'a pas été capable d'appliquer en dix ans de pouvoir. Elle ne joue aucunement son rôle d'aiguillon du pouvoir en place.
Alcatel, Gad, la Redoute, Tilly-Sabco... les annonces derestructurations se sont multipliées depuis la rentrée de septembre. Même si les licenciements économiquesreprésentent moins de 3% des inscriptions à Pôle emploi, loin derrière les fins de CDD ou de missions d'intérim, cette rafale renforce le doute sur la capacité de François Hollande à réduire le chômage.
Plus grave encore, ces restructurations interviennent sur des terrains déjà sensibles. Ainsi en Bretagne, où, autant que l'écotaxe, elles expliquent la fronde. Ainsi dans un Nord désindustrialisé, où l'annonce de la cession de la Redoute par le groupe Kering a attisé les craintes de suppressions d'emploi. Le dossier menaçait de devenir le nouveau symbole de l'impuissance gouvernementale face aux grandes entreprises.
Martine Aubry l'a bien compris. Très tôt, dans une interview auJournal du dimanche du 3 novembre, la maire de Lille a demandé à Kering des garanties sur le repreneur. Un appel repris par le gouvernement... une semaine plus tard.
François Hollande déteste les conflits. Il les laisse prospérer plutôt que de les trancher. Ainsi, sa position dans l'affaire Leonarda ménage la chèvre et le chou. Au début du quinquennat, alors qu'un proche lui fait remarquer que sa compagne,Valérie Trierweiler, pose un problème, il rétorque : "Tu as raison. Tu t'en occupes ?" Plus tard, il laisse trop longtemps le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, exprimer une opinion différente de la sienne sur le dossier Florange. Pour ne pas aller au clash...
Leur réforme faisait consensus aussi bien chez les politiques qu'au sein de la communauté éducative. Elle est devenue l'un des symboles de l'impéritie du gouvernement dont elle fut l'un des tout premiers renoncements.
En novembre 2012, devant le congrès de l'Association des maires de France, le président autorise le report de la réforme pour les communes qui le désirent, un camouflet pour Vincent Peillon, qui s'était prononcé dans le sens contraire quelques jours avant.
En septembre 2013, à peine 20 % des villes appliquent le nouveau dispositif. Selon une enquête du ministère de l'Education nationale, les choses se déroulent sans difficulté pour 93,5 % des communes l'ayant mis en place. Pourtant, enseignants, politiques et parents ne cessent de mitrailler, soulignant les couacs et les aberrations de la mise en oeuvre de la réforme.
Au final, le cactus des rythmes scolaires a écrasé la loi de refondation de Peillon et obéré la marge de manoeuvre du ministre sur tous les autres sujets. Une véritable grenade dégoupillée pour les municipales.
François Hollande a-t-il raté l'occasion d'avoir une nouvelle majorité, soutenant sa ligne politique sociale-démocrate ? Il aurait fallu passer par l'introduction d'une dose de proportionnelle pour les législatives. Cette réforme du scrutin figure dans les engagements du candidat socialiste. Il l'avait chiffrée : entre 10 % et 20 % des sièges.
Le président dispose encore de cette cartouche, mais ne l'a pas utilisée à temps pour retenir François Bayrou. Une fenêtre de tir s'ouvrira-t-elle d'ici à 2017? Interrogé sur le sujet, Jean-Marc Ayrault élude et se refuse à donner un échéancier. Lors d'une réunion avec les responsables des partis de la majorité consacrée aux prochaines élections, le chef du gouvernement s'est étonné que les Verts ne remettent pas la proportionnelle sur la table.
Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée, a son explication : "Ils ont compris qu'ils pouvaient obtenir plus de sièges par un bon accord d'investitures avec le PS que grâce à un correctif proportionnel. Et puis, ils sont ravis d'être ainsi les seuls, issus d'un petit parti, à exister au Palais-Bourbon, alors que la proportionnelle favoriserait aussi le FN, les radicaux de gauche et d'autres formations..."
Enfin, dernier argument, massif : un redécoupage sans augmentation du nombre de députés impliquerait des "sacrifices" insupportables pour les socialistes, et plus encore pour les écologistes qui devront forcément abandonner des circonscriptions.
Le 17 octobre, dans un reportage diffusé sur France 2, une candidate du FN compare Christiane Taubira à un singe ; le 28 à Angers, elle est traitée de "guenon" par une adolescente, lors d'une manifestation contre le mariage homosexuel. Le chef de l'Etat a attendu le 6 novembre pour appeler à "la plus grande fermeté et la plus grande vigilance". L'épisode est doublement inquiétant : il révèle la banalisation de l'expression du racisme et l'absence de réaction d'une gauche qui a fait de l'antiracisme l'une de ses valeurs phares.
Il est des petits désordres qui en trahissent de grands. Tous les lundis soir, les principaux chefs de file socialistes (Assemblée, Sénat, parti, ministres) sont conviés à une réunion de cadrage à Matignon. Elle n'en a que le nom : il n'y a pas d'ordre du jour, on ne sait jamais qui vient.
La "cellule riposte" qui, une fois par semaine, réunit les communicants (Elysée, ministères, Assemblée, etc.) afin decoordonner les interventions médiatiques, connaît la même désaffection : le nombre de ses participants est passé de 20 à 6 en moyenne. Enfin, l'obligation faite aux ministres de demander la permission à Matignon avant d'accorder des interviews a provoqué les ricanements de nombreux ministres, dont ceux, publics, de Manuel Valls.
Depuis son tweet ravageur de début de quinquennat contre Ségolène Royal, Valérie Trierweiler ne s'était guère aventurée sur le terrain de la politique intérieure. Elle a rompu cette trêve avec une prise de position dans l'affaire Leonarda, déclarant, lors de la visite d'une école à Angers, que l'"on ne franchit pas certaines frontières" et que "la porte de l'école en est une".
Ces quelques mots n'ont pas été du goût de nombreux socialistes et, plus gênant pour François Hollande, de Manuel Valls. Jusque-là, le ministre de l'Intérieur était considéré comme un allié de la première dame. Sur ce sujet, il aurait préféré son silence.
Faut-il libéraliser le travail du dimanche? Encore l'un de ces sujets où le politique, le social et le sociétal s'emmêlent pour produire un beau psychodrame à la française. Réflexe très français aussi du président de la République, qui confie un rapport sur ce thème àJean-Paul Bailly, ancien PDG de La Poste.
Le chef de l'Etat en a déjà tiré les leçons pour lui-même : il travaille le week-end. Deux renoncements fiscaux se sont joués dans des fins de semaine : le nouvel impôt sur l'excédent brut d'exploitation des entreprises et l'harmonisation de la taxation de certains produits d'épargne.
C'est l'inconnue du président : jusqu'où peut descendre dans lessondages de popularité celui qui avait recueilli, au premier tour de l'élection présidentielle, 28,6 % des suffrages? A ce stade, BVA le crédite de 26%, CSA et l'Ifop de 25%, Ipsos et TNS Sofres de 21%. Les instituts se sont arrêtés là et ont tous décliné la demande sortant de l'ordinaire - et dépourvue de légitimité institutionnelle, selon eux - de Valeurs actuelles, qui voulait lancer une enquête pour demander aux Français s'ils souhaitaient la démission de François Hollande.
A l'Elysée, Hollande a importé ses méthodes d'hier. Ne lui ont-elles pas si bien réussi ? S'en tenir à son intuition, ne jamais s'enfermer dans des organigrammes trop précis, ne jamais dire clairement ce qu'il va faire. Mais, pour la première fois, le système ne fonctionne pas, et le voilà lui-même en première ligne : lui et ses ministres, lui et la presse, lui et ses conseillers.
A propos de Nicolas Sarkozy, Claude Allègre avait évoqué le "complexe de Zorro" : "J'arrive, je fais, je décide, surtout seul." Sans forcément l'assumer, François Hollande se comporte plus qu'il n'y paraît comme son prédécesseur, s'accommodant de lacentralisation et de la solitude du pouvoir. Mais les masques finissent toujours par tomber.
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