lundi 11 novembre 2013
11 Novembre : quelles leçons ?
11 Novembre : quelles leçons ?
En ce pluvieux 11 Novembre, les monuments aux morts des villages de France vont soudainement refleurir, essentiellement grâce aux anciens combattants qui, à l’exception de souvenirs d’enfance d’une minorité désormais, ne connaissent cette Première Guerre mondiale que par les livres ou le récit de leurs aïeux. Cette mobilisation doit aussi beaucoup aux élus, aux écoliers et à leurs parents qui, plus par devoir que par conviction, fournissent le gros des troupes des commémorations. Reste à savoir ce que signifie ce jour qui marque le 95e anniversaire de la signature de l’Armistice.
À défaut de se recueillir devant le monument aux morts communal, chaque Français doit avoir à l’esprit que le conflit 14-18 fut une boucherie (1,4 million de morts côté français sur un total de 9 millions de tués) et qu’en raison de ses causes et conséquences trop vite éludées, avec un esprit de vengeance nourri des deux côtés, l’Histoire s’est répétée deux décennies plus tard. Plus que toute autre région, l’Alsace en a d’ailleurs payé le prix fort.
Si dans chacun des deux camps, des hommes, De Gaulle et Adenauer en tête, n’avaient ensuite pris sur eux pour aboutir à des compromis, l’Europe aurait un visage bien différent. C’est pourquoi il ne faut pas oublier qu’à défaut d’une imparfaite union politique, économique et financière, notre continent n’est plus un terrain de guerre.
Sur les Champs-Élysées parisiens ce matin, à Oyonnax cet après-midi, le président de la République, François Hollande, jouera sur les tableaux de ces deux guerres pour appeler à l’unité nationale au moment même où le pays est engagé dans des batailles aussi nombreuses qu’à l’issue incertaine. Chômage, misère, pauvreté, xénophobie, racisme sont quelques-uns des combats que mènent la France et ses voisins européens en ce début de XXIe siècle. Des guerres différentes de celle de 14-18 mais aux conséquences tout aussi dangereuses. N’oublions jamais que c’est sur le lit de la Première Guerre mondiale que se sont construits les nationalismes aboutissant à la Seconde. Et que ces nationalismes sont les mêmes qui, de manière récurrente, menacent l’équilibre – toujours fragile – des démocraties européennes.
Exception faite de l’Alsace-Moselle, où la plupart des commerces seront fermés aujourd’hui, ce jour anniversaire de l’Armistice sera surtout, pour nombre de Français, l’occasion de parcourir les allées des grandes surfaces. On est loin de l’esprit commémoratif du conflit le plus meurtrier du XXe siècle. Et il n’y a vraiment pas lieu de s’en réjouir.
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