TOUT EST DIT

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samedi 21 septembre 2013

Pourquoi quel que soit le résultat de l'élection, l'Allemagne ne changera pas de modèle


Alors que la France sort d'une cacophonie fiscale désolante pour tout le monde, la semaine qui vient risque bien de la plonger dans une cacophonie de spéculations sur l'impact des élections allemandes.
1er point, L’Allemagne est un pays qui n’a jamais été aussi fort, aussi puissant, aussi performant. Elle va le rester un moment. L’Allemagne a payé très cher, il y a plus de dix ans, pour s’adapter aux normes mondiales de la compétitivité et digérer une bonne fois pour toute, le cout énorme de la réunification (plus de 1000 milliards d’euros de dettes pour intégrer les cousins de l’Est et arrêter les dérives du modèle social dont le cout devenait exorbitant). A ce moment-là, l’Allemagne a failli sombré. Il a fallu tout le courage politique de Gerhard Schröder pour redresser la barre et imposer des reformes extrêmement douloureuses sur la retraite et les salaires, qui lui ont d’ailleurs couté sa carrière. Aujourd'hui, les Allemands en tirent bénéfice et Angela Merkel a su surfer sur cet héritage sans le gaspiller. Les Allemands lui en sont reconnaissants en dépit de toutes les critiques dont elle est l’objet sur « son côté ménagère sans projet à long terme » et finalement ces élections pour un troisième mandat ne passionnent pas les Allemands.
2ème point : Sauf énorme surprise, Angela Merkel sera reconduite pour un troisième mandat. Elle a géré sans provoquer de faille ou de colère et finalement les Allemands l’aiment bien. Mais...
3ème point... elle aura du mal à retrouver la même coalition. Les commentateurs se plaisent à analyser la mutation du SPD, l’apparition des euro-sceptiques, le durcissement des libéraux, etc. Moins de libéraux et plus de SPD, c'est la formule qui tient la corde, et du coup, beaucoup annoncent que la gouvernance de Mme Merkel sera différente... D’autant, ajoutent les mêmes commentateurs que le modèle allemand n’est pas si solide, qu'il a des failles structurelles qui seront difficiles à gérer. C’est tout juste si une partie de l’entourage de François Hollande ne se réjouirait pas d’avance en promettant que la politique allemande organisera une Allemagne beaucoup plus conciliante, plus cool, moins de rigueur et plus de mutualisation. C’est tout juste s’ils ne nous annonçaient pas que l’échec de Mme Merkel amènerait l’Allemagne à payer une partie de nos dettes. Et puis quoi encore !
Quelle bizarre façon de ne pas vouloir prendre en compte ses propres responsabilités. Et bien, tous les spéculateurs politiques qui vont se déchainer sur les plateaux de télévision se trompent lourdement. Eux, c’est eux. Nous, c’est nous. Quels que soient les résultats des élections législatives, les changements se feront à la marge et encore.
Le cœur du modèle allemand, la colonne vertébrale de la politique allemande ne changera pas. Il ne faut ni rêver, ni s’en inquiéter. Le modèle allemand est gravé dans l’ADN de la société allemande. Plus grave, si changement il y a, il est fort probable qu'il provoque une confirmation et un durcissement des éléments les plus rigoureux dans ce modèle. Ceux qui nous paraissaient les plus difficiles à supporter.
1er point : La position allemande ne changera pas, au contraire, dans tout ce qui touche à la compétitivité. Il existe un consensus très fort entre la droite et la gauche, entre le patronat et les syndicats pour ne pas revenir sur les accords de flexibilité salaire. La campagne électorale s’est  emparée des questions de salaires ou de retraites mais le débat n’a jamais remis en cause les fondamentaux qui constituent la force de l’Allemagne. Il ne faut jamais oublier que dans ce pays, les réformes de dérégulation de l’économie ont été initiées par les socialistes. On ne voit pas le SPD défaire demain ce qu'il avait conçu avant-hier.  
Alors le SPD peut grogner sur les impôts, l’inégalité des ressources, demander un impôt sur la propriété, mais sa demande est limitée a une augmentation de la tranche supérieure d’imposition sur le revenu de 45 à 49% (tout compris ). On est loin des 75% (hors CSG) de François Hollande.
La compétitivité allemande est sacrée. On n’y touche pas. Il y a un accord national sur ce point. Il faudra d’ailleurs revenir sur le blocage de la politique nucléaire, les gaz de schistes dès qu'on s’ apercevra que le cout de l’énergie handicape la compétitivité. Mme Merkel y est prête. L'opinion publique aussi.
2ème point : La  position allemande ne changera pas, en matière de  politique européenne. Le fonctionnement de l’Europe, le comportement laxiste et couteux de certains des partenaires a fait l’objet de discussions animées pendant la campagne. Les leaders du SPD et de la CDU prônent un renforcement des institutions et une meilleure coordination, c’est-à-dire une meilleure surveillance des politiques budgétaires et fiscales. Il ne faut pas que les dirigeants français espèrent des politiques allemands plus d’indulgence. Nos propres turpitudes (les déficits publiques, les dépenses sociales incontrôlées et notre endettement) ne passaient pas avant, elle ne passeront pas mieux après.
Au contraire, on risque même d’avoir là de très mauvaises surprises. Les libéraux (le FTP) par exemple, demandent un examen rigoureux des budgets européens, un respect des engagements et surtout ils veulent après les élections au Bundestag, éliminer progressivement le plan de sauvetage pour un pays en faillite. Ça veut dire qu'un pays en difficulté qui ne suit pas les recommandations sera mis en faillite. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal seront évidemment dans le collimateur de Berlin. Les libéraux vont même encore plus loin. Ils considèrent que le MES, le mécanisme européen de soutien aux pays en difficultés (la caserne de pompiers ) ne constitue pas une solution durable. Une fois que l’union sera stabilisée disent-ils, avec des sanctions efficaces contre les dettes publiques excessives, le MES sera supprimé.
Alors les dirigeants politiques de l’Europe du Sud, (dont les Français) expliquent que les libéraux sont peu nombreux, c’est vrai, sauf que dans la conjoncture actuelle ils sont très écoutés des contribuables allemands. Par ailleurs, même si Mme Merkel devait faire une coalition avec justement le SPD, elle serait obligée de tenir compte de l’influence de FDP libéral.
Dans tous les cas de figure, les engagements européens ne seront pas remis en cause, mais les conditions de cet engagement et notamment le respect par les partenaires de la règle du jeu, seront surveillées avec beaucoup de vigilance. Ceux qui espèrent un assouplissement de la politique allemande se trompent.L’Allemagne ne tombera pas dans le laxisme pour faire plaisir à une classe politique française incapable de payer ses charges de copropriété. 
3ème point :  La politique allemande ne changera pas dans son modèle d’intégration des populations. Au contraire. Il existe une idée en Europe qui consiste à penser que l’Allemagne est au-devant d’un grand danger démographique. L’Allemagne ne fait plus d’enfants, l’Allemagne vieillit. Pour les plus critiques, l’Allemagne va se transformer en un pays de petits vieux. Ce qui est évidemment une catastrophe à terme de dix ou quinze ans.
Ceux qui développent, ce type d’analyse se réjouissent de cette perspective en se disant que si la France n’est pas capable de se reformer, elle se consolera à voir son voisin arrogant et performant décliner. Cette attitude est complètement stupide et perverse. Les gouvernants allemands (patrons , syndicats et politiques) sont très conscients du risque démographique qu'ils courent... Ils savent très bien qu'il leur faudra compenser la baisse de la natalité par une politique d’immigration plus active encore. Ils ont commencé. Et il savent aussi qu'ils ont une aptitude à intégrer les populations étrangères qui a fait ses preuves . l’Allemagne aujourd hui est le pays en Europe qui a le pouvoir d’attirer le plus de jeunes étrangers . des bac plus 5 comme des bac moins 3... Ils viennent par milliers des pays d’Asie, des pays de l’Est, du Moyen-Orient et de la zone euro... Ils viennent faire tourner l’industrie allemande ou lancer des start-up dans la nouvelles technologie. Ils viennent, attirés par le travail, les logements qui sont moins chers qu’ailleurs et le dynamisme de la société allemande. Les jeunes viennent travailler, les artistes aussi tout comme les joueurs de foot. Il ne faut être jamais allé a Berlin pour ne pas savoir que la capitale allemande est sans doute aujourd'hui la plus jeune, et la plus dynamique de l’Europe continentale. Il se passe à Berlin ce qui se passait à New York il y a trente ans. Les Allemands ne font plus d’enfants mais ils savent accueillir leurs immigrés. 

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