TOUT EST DIT

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dimanche 15 septembre 2013

La Bavière, test électoral pour Angela Merkel


Les experts avaient prédit une campagne ennuyeuse et jouée d'avance. A tort. Une semaine avant les élections législatives allemandes du 22 septembre, nul ne sait vraiment qui gouvernera demain le principal pays européen. Angela Merkel a de bonnes chances de rester à la chancellerie, mais nul ne sait si elle sera en mesure de reconduire sa coalition conservatrice avec les libéraux ou si elle devra faire alliance avec les sociaux-démocrates.

L'écart se réduit entre Mme Merkel, qui mène sa campagne – assez convenue – au pas de charge, et son adversaire social-démocrate (SPD), Peer Steinbrück, qui semble enfin avoir "fendu l'armure" et polarise l'attention.
Selon le baromètre de la chaîne ZDF, 49 % des Allemands souhaitentvoir la présidente de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) resterchancelière. Ils étaient plus de 60 % il n'y a pas si longtemps. A l'inverse, 32 % des sondés souhaitent voir Peer Steinbrück accéder à la chancellerie alors qu'il dépassait à peine les 20 % il y a peu encore. Les autres baromètres politiques indiquent la même tendance.
Autre signe inquiétant pour la chancelière : sa majorité n'a plus tout à fait la majorité. Selon le sondage publié jeudi 12 septembre par la chaîne ARD, la CDU (40 %) et le Parti libéral (5 %) obtiennent moins que le Parti social-démocrate (SPD) (28 %), les Verts (10 %) et Die Linke, le parti de la gauche radicale (8 %) réunis. Certes, le SPD et les Verts ont affirmé qu'ils ne gouverneraient pas avec Die Linke, mais il n'en reste pas moins que seuls 38 % des Allemands (- 8 % en un mois) souhaitent une reconduction de la coalition CDU-FDP alors que 47 % (+ 3 %) souhaitent une grande coalition CDU-SPD.
LE SPD NE CROIT PLUS À LA VICTOIRE DE PEER STEINBRÜCK
Pour convaincre les quelque 20 % d'électeurs indécis, les candidats sillonneront le pays jusqu'au dernier moment. Entre lundi et samedi, Peer Steinbrück effectuera 22 meetings essentiellement dans le nord-ouest du pays, bastion de la sociale-démocratie. Plus que jamais, le SPD cherche à mobiliser les 10 millions d'électeurs qui ont voté pour Gerhard Schröder en 1998, mais pas pour Frank-Walter Steinmeier en 2009. Jeudi 19, Peer Steinbrück tiendra un grand meeting à Berlin avec tous les dirigeants du SPD.
Malgré le sursaut dans les sondages de Peer Steinbrück, le SPD ne croit plus à la victoire. Le candidat a ainsi indiqué qu'il entend conduireles négociations avec la CDU d'Angela Merkel pour former une grande coalition (comme Gerhard Schröder en 2005), même s'il n'entend pas yparticiper. Certains estiment que les jours du président du SPD, Sigmar Gabriel, sont comptés. Tout dépendra évidemment du résultat du candidat. Son doigt d'honneur à la "une" du Süddeutsche Zeitung Magazin, vendredi, montre que celui-ci prend désormais tous les risques.
Côté conservateur, un parti joue sa survie : le Parti libéral (FDP). Ses dirigeants ont réorienté leur campagne. Ils demandent aux électeurs conservateurs de leur donner leur seconde voix – celle qui va aux listes établies par les partis et répondent à un mode de scrutin proportionnel – et laissent entendre que pour la première (celle avec laquelle les électeurs élisent leur député au scrutin majoritaire, ce qui favorise les grands partis), ils peuvent voter pour la CDU.
Une stratégie qui ne fait qu'à moitié l'affaire des conservateurs. Craignant une trop grande dispersion des électeurs, la CDU claironne depuis des mois que ses électeurs doivent lui donner leurs deux voix.
"L'ALLEMAGNE VA BIEN. LA BAVIÈRE VA ENCORE UN PEU MIEUX"
En attendant le vote, le centre de gravité de la politique allemande va se déplacer, dimanche 15 septembre, à Munich. Une semaine avant les élections générales, les Bavarois sont appelés à renouveler leur parlement régional. Horst Seehofer, président de l'Union chrétienne-sociale (CSU) – le parti frère de la CDU en Bavière – et ministre-président de "l'Etat libre de Bavière", s'apprête à une réélection triomphale. "L'Allemagne va bien. La Bavière va encore un peu mieux", a-t-il résumé dimanche 8 septembre à Düsseldorf aux côtés d'Angela Merkel. Avec un taux de chômage de 3,8 % – le plus bas du pays –, la Bavière, forte de 12,4 millions d'habitants constitue le dernier grand bastion conservateur dans l'ex-Allemagne de l'Ouest. La CSU y a détenu pendant plus de cinquante ans la majorité absolue, jusqu'en 2009. Un cas sans doute unique en Europe pour une région de cette taille.
En 2009, son score de 43 % fut considéré comme un échec sans précédent. Mais avec son nouveau président, Horst Seehofer, surnommé "le roi de Bavière", la CSU a retrouvé un nouvel élan. Les sondages lui prédisent environ 47 % à 48 % des voix, ce qui lui assure la majorité des sièges. Son principal adversaire, Christian Ude, crédité de 20 % des suffrages, a un double handicap : il est social-démocrate et maire (très apprécié) de Munich, cette ville que les paysans bavarois aiment tant détester.
La CSU va-t-elle triompher ? Et quel sera l'impact sur les élections nationales ? Nul ne le sait. Mais en se rendant à Munich vendredi, nul doute qu'Angela Merkel espère bien profiter de la dynamique bavaroise. Il ne faudrait pas que le dimanche suivant les Bavarois se contentent d'aller à la messe.

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