TOUT EST DIT

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dimanche 21 juillet 2013

Le mystère Sarkozy

Le mystère Sarkozy


Il y a des explications à la ferveur qui l’accompagne, à la fascination qu’il suscite dans l’opinion, malgré sa défaite, son silence ou ses démêlés judiciaires.
Le patron est revenu à la maison, confiait lundi soir Valérie Debord, l’une des responsables de l’UMP, sur la chaîne LCI. C’est peu dire que Nicolas Sarkozy était attendu par les siens. Pourtant, c’est bien lui qui avait été battu à la présidentielle et désigné comme fautif de tous les malheurs de la France ; c’est sa majorité qui avait sombré aux législatives. En partant, il avait laissé toutes les clés du pouvoir à ses adversaires. Il y avait de quoi lui en vouloir ; la défaite aurait pu l’emporter. Au contraire. C’est le “mystère Sarkozy”.
Il avait su partir avec élégance, en disant aux siens qu’il fallait seulement aimer la France. Puis il s’était retiré de la scène. Mais personne n’en doutait, il restait le recours ; on savait ce qu’il confiait à ses visiteurs, ce qu’il avait en tête — il l’avait dit àValeurs actuelles. Le premier convaincu qu’il aurait à l’affronter à nouveau, c’était François Hollande, même si celui-ci en chassait la perspective lorsqu’il répondait à une petite fille, au Salon de l’agriculture : « Tu ne le reverras plus »… Il était l’homme à abattre, et si possible avant le duel final.
C’est une des ministres de Bercy, Fleur Pellerin, qui a vendu la mèche. Le 13 juin dernier, elle dénonçait au micro de RTL « un système organisé de financement occulte, un système organisé par le précédent pouvoir ». Après avoir cité pêle-mêle les enveloppes de Mme Bettencourt et l’arbitrage pour Tapie, l’argent libyen, les primes Guéant, les rétrocommissions de Takieddine, elle ne s’embarrassait pas de la moindre prudence en posant directement la question : qui était donc le chef de « la bande organisée » mise en cause par les juges dans l’instruction du dossier Tapie (“escroquerie en bande organisée”) ? La dénonciation valait aveu : cette succession d’affaires poursuivait un but exclusivement politique — détruire Nicolas Sarkozy.
Or, malgré sa mise en examen (dans l’affaire Bettencourt) et ces multiples instructions donnant lieu à une vague d’insinuations, il résistait toujours. Lorsqu’il avait été accusé par le juge d’avoir tenté d’abuser de la faiblesse d’une vieille dame fortunée, il avait voulu réagir en public contre une telle indignité ; il y avait renoncé. Mais la décision du Conseil constitutionnel de rejeter son compte de campagne et de taxer, en conséquence, son parti d’une sorte d’amende de 11 millions d’euros, l’a fait sortir de sa réserve. Il s’est brusquement cabré : c’était sa campagne, donc sa responsabilité ; son parti, l’UMP, pouvait être asphyxié, il fallait parler.
Lundi dernier, au siège de l’UMP, il a été accueilli comme le “patron”, soutenu par un puissant mouvement de ferveur et d’émotion, lequel se traduisait par un afflux de dons à la souscription tout juste ouverte. Mouvement qui exprimait à la fois une révolte contre un sentiment d’injustice, et l’admiration des militants pour celui qui décidément ne se laissait pas abattre. Il avait bien fait de ne pas céder, le soir du 6 mai 2012, à la tentation de se livrer, comme Lionel Jospin dix ans plus tôt, à des déclarations définitives sur ses adieux à la politique.
Mais il y a d’autres explications à la ferveur qui l’accompagne, à la fascination qu’il suscite, malgré sa défaite, son silence ou ses démêlés judiciaires. Sa famille a traversé une année de secousses, comme toutes les armées au lendemain de batailles perdues. Elle s’est d’abord jetée dans la désastreuse compétition Copé-Fillon, qui a laissé le parti au bord de l’explosion ; puis elle s’est donnée à fond dans les défilés de La Manif pour tous, qui sonnaient comme une reconquête de la rue sans pour autant faire plier le pouvoir ; enfin, elle a voté massivement pour tourner la page : elle a installé Copé, tout en respectant Fillon, Le Maire ou Juppé, du moment que dans l’ombre demeurait le “patron”.
« Après dix années de défaites électorales — à l’exception de 2007 —, il est temps de renouer avec la victoire », dit Copé en pensant aux municipales et aux européennes de 2014, enjeu plus urgent que la présidentielle de 2017. Déjà, les législatives partielles, et même les cantonales partielles (la plus récente étant celle de Mantes-la-Jolie, ce dimanche), donnent un avant-goût de ce désir de victoire.
Ce “mystère Sarkozy”, qui sort renforcé de ses échecs et toujours plus populaire, se résume en définitive à la combinaison de deux forces propres à sa personnalité : l’énergie et la volonté. Quand il dit que la seule bataille qui vaille est celle du renouvellement des idées, sa famille y trouve ce qu’elle cherche depuis longtemps : un motif d’espoir pour rompre avec le sortilège de la défaite.

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