TOUT EST DIT

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mercredi 24 avril 2013

Un dénouement encore fragile

Un dénouement encore fragile


La France est devenue, ce 23 avril 2013, le quatorzième pays à élargir à tous les couples la possibilité de se marier. Même si le Conseil constitutionnel doit encore éclaircir certaines ombres juridiques, le coeur de la loi Taubira, débattue et votée dans la douleur, s’appliquera.
Avec la peine de mort, l’interruption de grossesse et le Pacs, elle fait partie des projets emblématiques qui remuent les tréfonds de la société et rappellent que la politique ne se réduit pas toujours à un clivage droite-gauche ou à l’application mécanique d’une promesse.
Preuve qu’il s’agit aussi d’une affaire de conscience individuelle, il s’est trouvé quelques parlementaires de droite et de centre droit pour approuver ce texte. Et quelques- uns de gauche pour ne pas le voter, malgré la vieille règle de la discipline de groupe.
Contrairement à ce qu’affirment ses détracteurs, François Hollande n’a jamais dissimulé son intention : le droit au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels figurait (proposition No 31) dans son projet. Mais une approbation implicite, à travers une victoire électorale, voire explicite, dans les sondages, ne suffit pas à transformer une promesse en fait acquis.
La majorité a commis des erreurs qui ont contribué à remplir la rue : elle a tergiversé sur le périmètre du projet, donnant l’impression tantôt d’hésiter, tantôt de cacher des intentions. Alors que l’approbation du seul mariage reste stable dans les sondages, beaucoup de Français ont découvert, au fil des semaines, les questions que pose, par extension, le principe d’égalité en matière d’adoption, de procréation assistée, voire de gestation pour autrui.
Défaite des partis
Rendue trop confiante par le constat partagé d’une inégalité, la majorité a, par ailleurs, sous-estimé la prégnance des valeurs qui façonnent l’opinion bien au-delà de la sphère des croyants. Oubliant que le mariage est l’un des sept sacrements de l’Église catholique, elle a usé et abusé d’un concept religieux pour désigner un droit civil.
Mais, de la même manière qu’il ne suffit pas de se prévaloir d’une victoire électorale pour gouverner, la désapprobation ne permet pas de considérer une majorité, élue un an avant, comme illégitime.
Le mouvement né contre ce projet va durer. Au moins pendant un mois, terme du délai dont dispose le Conseil constitutionnel qui a déjà admis le bien-fondé politique du principal article du texte. Si cependant il en retoquait une partie, il faudrait s’attendre à une relance de la contestation.
Quant au référendum réclamé, il n’est pas vraiment prévu en matière sociétale. Cela aurait pu être le cas si la droite avait eu la bonne idée de voter la disposition référendaire d’initiative populaire, prévue par la réforme Sarkozy de 2008. En tout état de cause, rien ne pourra « démarier » ceux qui auront utilisé ce nouveau droit.
La Manif pour tous ambitionne désormais de présenter des candidats aux municipales. Pour cela, il faudrait agréger des mécontentements sans rapport avec la gestion d’une ville. La droite ne laissera pas faire une initiative qui disperserait son électorat. La vraie leçon politique, c’est que les partis, en panne de représentativité, ne sont plus porteurs des attentes et des contradictions du peuple. L’heure n’est pas à se demander qui a gagné ou perdu hier.

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