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jeudi 18 avril 2013

Mariage gay : "Temps des cerises", "provocs" et "ordre républicain"

Le projet de loi est revenu mercredi à l'Assemblée. Les tensions sont vives entre le PS et l'UMP, alors que les opposants manifestent toujours.

Le projet de loi sur le mariage gay est revenu mercredi à l'Assemblée, au son du "Temps des cerises" fredonné par la ministre de la Justice, Christian Taubira, mais aussi des cris de l'UMP criant aux "provocs" policières contre les manifestations des opposants au texte. Plusieurs milliers d'entre eux ont défilé dans la soirée à proximité d'un Palais-Bourbon protégé par de nombreuses forces de l'ordre, des échauffourées marquant la fin du rassemblement. Dans l'hémicycle, les députés, nettement moins nombreux qu'en février, lors du premier examen du projet de loi, ont entamé la seconde et très vraisemblablement dernière lecture de la réforme ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe.
Sous l'oeil du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, qui, comme lors de la première lecture, entend présider la plupart des débats, Christiane Taubira a dit qu'il "n'y a pas qu'une seule façon de vivre en couple et en famille", prédisant qu'"avec le temps", beaucoup de ceux qui manifestent "consentiront que ce texte ne les prive de rien". Fredonnant "le temps des cerises" pour décrire des bonheurs futurs, elle s'en est en revanche pris de façon assez vive aux "cracheurs de haine, qui font acte de violence". Lors de la séance des questions au gouvernement, et dans les couloirs, l'UMP avait fustigé les "provocs" des forces de l'ordre face aux opposants au mariage homosexuel. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a répondu qu'elles continueraient d'assurer "l'ordre républicain". Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait appelé le matin sur France Inter l'opposition "républicaine" de droite à prendre sa "part de responsabilité" pour préserver la "cohésion nationale".

"Hollande démission ! Taubira à Cayenne !"

Comme la veille, des députés UMP sont allés saluer les manifestants, en particulier Hervé Mariton, qui a été acclamé aux cris de "Mariton président !" "Hollande démission !", "dictature socialiste !", "Taubira à Cayenne !", criaient aussi ceux des opposants au texte qui, vers 22 heures, heure prévue de la dispersion, refusaient de quitter les lieux. Des manifestants ont lancé des fusées, des bouteilles et des pierres sur les CRS, et ont brisé les vitres d'une voiture, a constaté l'AFP. De leur côté, les forces de l'ordre ont fait usage de quelques gaz lacrymogènes. Des journalistes ont été pris à partie par des militants d'extrême droite, qui ont notamment cassé une caméra et molesté certains d'entre eux. Onze manifestants ont été interpellés.
Interpellé sur ce point, ainsi que sur l'agression d'un bar gay à Lille, par les socialistes, le député UMP Jean-Frédéric Poisson a déclaré condamner les violences, tout en rejetant la responsabilité de la tension sur le gouvernement. "La violence, elle est de votre fait", a lancé l'ancien ministre Laurent Wauquiez. Ce dernier s'était d'ailleurs déclaré "insulté", peu de temps auparavant, par le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, ce qui a entraîné une poussée de fièvre dans l'hémicycle. Au député qui lançait un "honte à vous !" au gouvernement, Alain Vidalies avait lâché "médiocre", a-t-il précisé à l'AFP. Le mouvement La Manif pour tous, avec à sa tête Frigide Barjot, compte organiser des rassemblements de protestation chaque soir, devant l'Assemblée. Une "grande" manifestation est prévue le 21 avril, et peut-être une autre, le 23, jour du vote solennel. Des manifestations, rassemblant quelques centaines de personnes, se sont aussi déroulées à Toulouse, Bordeaux ou Nanterre.

Jacob veut continuer à combattre

Sur le fond du débat, Christian Jacob, chef de file des députés UMP, a lancé à Christiane Taubira : "Vous avez décidé d'instaurer un droit à l'enfant, nous continuerons à combattre sans relâche votre projet", et "votre véritable objectif, c'est d'autoriser la PMA et la marchandisation des corps". "La majorité de demain remettra l'ouvrage sur le métier", a-t-il annoncé. Hervé Mariton a dit qu'il y aurait un référendum si la droite revenait au pouvoir en 2017. À l'inverse, Franck Riester, l'un des rares députés UMP à soutenir le projet de loi, a affirmé mercredi que "la question de revenir sur ce texte n'avait pas été tranchée" par son parti.
Dans l'immédiat, la majorité va tout faire pour que la réforme qu'elle votera mardi prochain soit conforme à la version adoptée vendredi dernier par le Sénat, ce qui signifiera son adoption définitive. Le gouvernement a décidé d'appliquer "le temps programmé" autorisé par le règlement depuis la précédente législature, malgré les protestations de l'UMP qui entend bien saisir le Conseil constitutionnel de ce point, comme du fond du texte. En clair, cela signifie 25 heures de débat, en incluant la discussion générale, qui doit s'achever jeudi matin, puis celle des amendements.

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